Enfants, comprenez bien pourquoi la France est appelée douce…

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Tout au long du mois d'août, Boulevard Voltaire nous emmène, via ses lecteurs, visiter les régions méconnues de notre pays… Pour entamer cette "opération Douce France", la rédaction vous propose de (re)découvrir ce très beau texte de René Bazin. Il est extrait de "La Douce France", ouvrage réédité par Edilys, qui en offrira gracieusement un exemplaire au contributeur dont l'hommage aura été le plus apprécié par la rédaction.

Oui, j’écrirais pour les écoliers de France. Je leur dirais ce qu’est l’âme de ce pays, son caractère, sa vocation, son visage de nation. Le titre allait de soi. Ce serait La Douce France, vocable magnifique, où toute la tendresse de nos pères est enclose, et qui fut vivant dès le XIe siècle dans les poèmes populaires, et dans les cœurs longtemps avant.

Enfants, comprenez bien pourquoi la France est appelée douce. On l’a nommée ainsi à cause de sa courtoisie, de sa finesse, de son cœur joyeux et tout noble. Mais la Douceur n’est pas faible, elle n’est pas timide. La Douceur est forte. La Douceur est armée pour la justice et pour la paix. Elle ne fait pas d’inutiles moulinets avec son épée, mais elle en a une le long de son flanc, et elle en tient la garde dans sa paume solide et calme. Sans elle il n’y a que violence. On la reconnaît tout de suite dans les victoires qu’elle remporte. Elle a pitié de ceux qu’elle a vaincus. Elle se les concilie ; elle sait que le monde ne peut être sage sans une puissance qui règle et qui punit, mais elle sait aussi qu’il ne peut être heureux si les âmes ne sont pas conquises, charmées, libres dans leur amour, reconnues pour de hautes puissances, traitées en immortelles. La France justicière, la France guerrière, la France conquérante est encore la Douce France.

Enfants, dès que l’idée d’écrire ce livre eut pris possession de mon esprit, des centaines de raisons d’aimer notre pays se sont présentées à moi. J’en ai choisi un bon nombre, que je crois vraies et solides. J’ai commencé de les exposer, et je puis dire de les éprouver dans un grand journal de Paris. Et un de mes lecteurs m’a écrit : "C’est le catéchisme de la France que vous faites !" Ah ! que je voudrais l’avoir fait ! Que je voudrais avoir glorifié toute l’âme de la France ! J’ai seulement essayé de vous dire : "Aimez-la bien ; servez-la bien." Mais souvenez-vous que je n’ai pu tout dire, et que nous aurons toujours plus de raisons qu’un livre n’en peut tenir, d’aimer une patrie comme la nôtre.

René Bazin (1853-1932)

Paris, Pâques 1911 (extrait de l'avant-propos de "La Douce France", éditions Edilys)

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