Emmanuel Macron revisite la souveraineté : suivez le guide !

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Emmanuel Macron a inauguré, mardi, la 25e Semaine des ambassadeurs. Cette réunion annuelle est l’occasion, pour le chef de l’État, de donner sa feuille de route à nos représentants à l’étranger. Un événement qui revêt évidemment une importance particulière en ce début de mandat présidentiel. Cette année, le thème retenu est "Renouveler notre action dans un monde de ruptures". Derrière ce verbiage passe-partout qui conviendrait à n’importe quel séminaire de rentrée d’entreprise, d’association ou d’administration, il y a l’idée que Macron se fait de la France, idée qui transparaît clairement à travers le discours qu’il a tenu. Idée bien loin de cette "certaine idée de la France", pour reprendre l’expression gaullienne…

Théâtral, le Président débute son discours, ménageant ses silences : "Ne nous y trompons pas. Le monde a les yeux rivés sur la France." Traduire peut-être : "sur Emmanuel Macron" ! Cela est beau, cela est grand. Cela peut même satisfaire tous les nostalgiques, notamment à droite, de la grandeur passée de la France. La magie des mots comme celle des images marche (presque) à tous les coups. Mais une marche noctambule sous les façades du Louvre capétien, une remontée des Champs-Élysées en command-car ou encore une réception royale du cousin d’Amérique suffisent-elles à faire de vous l’héritier de ces fameux quarante rois qui ont fait la France, c’est-à-dire ces défenseurs inconditionnels de la souveraineté ?

Car c’est bien de souveraineté qu'il a été question dans le discours d’Emmanuel Macron.

Certes, aujourd’hui, les grands journaux retiennent de cet exposé de bon élève de Science Po que notre ennemi, c’est Daech, le terrorisme islamiste. Au passage, disons que c’est pratique d’avoir un ennemi extérieur. À la différence de l’ennemi de l’intérieur, plus compliqué. Le psychiatre de Beauvau en sait quelque chose…

Sur la souveraineté, en tout cas, Emmanuel Macron a les idées très claires. "Pour refonder cet ordre du monde, la diplomatie de la France doit s’articuler autour de trois axes forts. Notre sécurité qui se conjugue avec la stabilité du monde. Notre indépendance qui impose de revisiter les termes de la souveraineté y compris européenne. Enfin, notre influence qui va de pair avec la défense des biens communs universels." "Revisiter les termes de la souveraineté." "Revisiter" : un mot bien de notre temps pour dire reconsidérer, dénaturer, abandonner, bazarder.

Alors Emmanuel Macron revisite. "Le multilatéralisme est, à mes yeux, un des outils de notre indépendance. Cette indépendance, c’est une souveraineté ouverte sur le monde. Et cette souveraineté, cependant, exige d’être portée collectivement quand les enjeux excèdent le cadre national. Pour la France, le lieu où construire les outils de notre puissance et apporter la juste réponse aux défis qui se présentent. Le lieu de notre souveraineté aujourd’hui, c’est l’Europe." Hollande n’avait pas dit mieux au Parlement européen, en octobre 2015, devant une Merkel aux anges ! Et dire que certains pensent encore que la souveraineté réside dans le peuple...

Toujours très satisfait de lui-même, Emmanuel Macron rappelle dans son discours qu’il a "porté l’ambition européenne pendant la campagne présidentielle. Avec beaucoup de conviction. Et malgré tous les Cassandre qui pensaient que défendre l’Europe était une idée révolue..." Semblant ignorer que le score des souverainistes, de droite comme de gauche, durant cette élection n’avait jamais été aussi élevé et qu’il dépassait, de loin, son propre score du premier tour.

C’est vrai, en tout cas, qu’Emmanuel Macron n’a pas pris les Français en traître durant cette campagne. Tout était dans le programme, accessible à toutes et tous. Ainsi, dans une interview accordée à un média britannique et publiée sur son site de campagne, Emmanuel Macron déclarait, péremptoire : "La souveraineté est désormais, de fait, au niveau européen, dans les domaines de l’énergie, du numérique, de la défense et de la sécurité. La souveraineté, ce n’est pas au niveau national…"

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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