Il y a des départs qui sont des courages, des éloignements qui constituent des audaces. Londres n'était pas la désertion de Paris mais sa sauvegarde.

Carles Puigdemont, ces dernières semaines, avait chauffé à blanc ses partisans, exalté l'indépendance de la Catalogne, défié le pouvoir espagnol, fait fi de la multitude qui, le 29 octobre, avait encore démontré sa force et son irrésistible entêtement en faveur d'une Espagne unie.

Le leader, paraît-il, charismatique de l'indépendance catalane était trop intelligent pour pouvoir ignorer les conséquences de ses menaces et de ses actions et, en particulier, que la justice espagnole, s'il allait jusqu'au bout de ses provocations même approuvées par des Catalans purs et durs, n'hésiterait pas à engager contre lui et ses soutiens proches et engagés une procédure, notamment pour rébellion.

Mais il a décampé en Belgique.

Naïf, je m'imaginais que l'honneur élémentaire, pour lui, était de rester, d'assumer, de manifester qu'il n'avait pas mis le feu pour seulement éteindre l'incendie pour son propre compte.

J'avoue que j'ai été édifié sur le caractère de ce professeur depuis longtemps épris de la cause catalane, héroïsé par ses troupes mais qui espérait que tout se passerait sans qu'il ait à payer la rançon de sa volonté de rupture.

Mais il a fui en Belgique.

Je sais bien que tous les partis, et le sien en particulier, participeront aux élections régionales annoncées par Mariano Rajoy.

Puigdemont veut le beurre mais aussi l'argent du beurre. La provocation catalane absolue mais aussi la tranquillité. Il veut bien troubler la mer mais refuse les vagues.

Il a rejoint la Belgique. D'aucuns disent que c'était organisé de longue date. Si c'est vrai, ce serait encore plus triste. Avoir préparé ses arrières alors qu'il flamboyait un temps tout devant !

Puigdemont verra son aura s'étioler. L'épopée quitte la Catalogne et va se protéger en Belgique. Le sauve-qui-peut succède à l'incandescence qui, aussi minoritaire qu'elle soit, était porteuse d'une flamme.

Sa fuite en Belgique l'a éteinte.

Ce sont des choix qui me fascinent. J'ai défendu mon père qui a voulu à toute force rester afin de "composer pour décomposer". Mais dans mon for intérieur, j'aurais rêvé de pouvoir formuler un "non" résistant, clair et net.

Il y a des abandons qui sont des héroïsmes.

Mais des présences, aussi, qui légitiment une cause.

Carles Puigdemont était prêt à se battre jusqu'au dernier Catalan.

Sauf lui.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:09.

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31 octobre 2017 à 14:00

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