Il faudrait sans doute être clément en raison de son jeune âge et de sa gueule d’angelot, et mettre cela sur le compte joint de l’ignorance et de l’irrépressible désir de regrimper dans les sondages.

Il faudrait surtout implorer : « Pardonnez-lui, Seigneur, il ne sait pas ce qu’il fait ! »

Car ce qu’il fait, notre jeune président de la République déliquescente, c’est aller fouiller dans les tréfonds d’une Histoire que le manichéisme d’aujourd’hui ne peut certes pas comprendre – la "guerre" d’Algérie – pour en extraire des fantômes qu’il vaudrait mieux laisser en repos.

Alors qu’aucun de ses prédécesseurs ne s’y était risqué, Emmanuel Macron a en effet décidé, ce jeudi 13 septembre, de reconnaître la responsabilité de l’État français dans la mort de Maurice Audin, jeune communiste militant actif de l’indépendance, disparu après son arrestation en pleine bataille d’Alger un jour de 1957. Une affaire qui, depuis 61 ans, cherche son épilogue et dont le Président Emmanuel Macron prétend décréter quelle en est la vérité historique.

Le communiqué de l’Élysée est on ne peut plus limpide : « Le président de la République a […] décidé qu’il était temps que la Nation accomplisse un travail de vérité sur ce sujet. Il reconnaît, au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile. […] Il est mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France. »

Cette décision au sommet de l’État est un épisode de plus dans l’entreprise de dénigrement qui ronge la nation française ; il n’y a pas de paix chez nous, pas de pardon, pas de "réconciliation" comme on le pratique partout ailleurs dans le monde. Non, plus le temps passe, plus la France s’ingénie à raviver les plaies.

En l’occurrence, il faut donner des gages à la gauche, s’agréger le reliquat des communistes qui ne pèsent plus rien politiquement mais auxquels les médias nostalgiques déroulent toujours le tapis rouge ; tenter de se mettre dans la poche, sinon dans l’urne, ces Français venus d’une Algérie aujourd’hui moribonde, tenue par un parti unique, gouvernée qu’elle est depuis l’indépendance par des généraux véreux planqués derrière un vieillard cacochyme.

Pourtant, c’est sûr, cette nouvelle manœuvre ne remontera pas plus la cote de popularité d’un monarque mal en point qu’elle n’entraînera le ralliement des troupes de gauche au « Président des riches » ! Elle risque, en revanche, de remettre le feu aux poudres, avivant la rancœur d’une jeunesse (moyenne d’âge dans le pays : 27,3 ans !) à qui l’Algérie n’offre aucun avenir et qui, faute de pouvoir renverser le gouvernement qui la jette dans les bras des islamistes, va une fois de plus accuser la colonisation de tous ses maux.

Comble de la bêtise - car c’en est une de taille -, le chef de l’État dénigre l’armée au moment où nous devons affronter les vagues migratoires et l’islamisme rampant. Déjà, on peut lire, dans Le Monde, cette analyse bien lourde de sens – et sûrement de conséquences – de Raphaëlle Branche (historienne "spécialiste des violences en situation coloniale") : « Pour la première fois, la République assume que, pendant la guerre d'Algérie, des militaires français, qui accomplissaient leur devoir, ont pu se rendre coupables de ce qu'il faut bien appeler des crimes de guerre. »

On me dira sans doute que cela n’a rien à voir… néanmoins, puisqu’on prétend refaire l’Histoire : auréolé de son appartenance et de son action militante, Maurice Audun était un communiste très actif en 1957. C’est trois ans après la mort de Staline, ce grand bienfaiteur de l’humanité, et un an tout juste après la révolution écrasée dans le sang en Hongrie…

Il faut croire que, pour le saint martyr Audin, les Hongrois n’avaient pas le droit de rêver d’indépendance, eux !

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13 septembre 2018 à 17:21

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