Un collaborateur de Boulevard Voltaire affirme qu’il ne faut pas critiquer Éric Zemmour et son sionisme au moment où le journaliste talentueux fait l’objet d’une campagne de haine de la part de la caste politico-médiatique.

Ayant écrit moi-même un article ("Éric Zemmour est-il sioniste ?") qui déroge à cette figure imposée, je récidive après avoir lu les lignes suivantes dans son dernier livre Destin français : "Israël a été pendant des siècles le modèle de la France. La France devient à son tour le modèle d’Israël. Mais leurs temporalités se désaccordent. Israël est aujourd’hui la nation que la France s’interdit d’être. La nation farouche, sûre d’elle-même et dominatrice, pour qui la guerre est la continuation naturelle de la politique, pour qui la gloire des armes est une forme suprême d’art. Tsahal renoue avec l’enthousiasme des soldats de l’an II."

Et Zemmour d’ajouter : "Les deux nations sont condamnées sous peine de mort à retrouver leur intimité ancestrale. Sans l’universalisme chrétien, Israël s’enferme dans un nationalisme ethnique et ségrégationniste qui trouve sa légitimité rationnelle dans le déséquilibre démographique. Sans le nationalisme juif, la France s’abîme dans la sortie de l’Histoire d’une nation millénaire dépossédée de son État, de son passé, de ses racines, de son territoire même, au nom de la religion abstraite et aveugle des droits de l’homme." Il conclut avec un sens certain de l’amalgame et du parti pris : "Ce n’est pas un hasard si Israël est haï depuis des décennies par une gauche française postchrétienne et postnationale qui, après avoir vénéré l’Union soviétique de Staline et la Chine de Mao (certains de leurs aînés n’avaient pas hésité à collaborer avec l’Allemagne de Hitler), s’est soumise à l’islam comme ultime bannière impériale pour abattre les nations. C’est la France qu’ils vomissent en Israël. La France d’antan et la France éternelle. La France, son État-nation, son histoire millénaire et sa terre sacrée. Israël est le miroir d’une France qu’ils haïssent tant qu’ils veulent en effacer jusqu’à son reflet."

Étant de droite et patriote français, je ne peux pas être d’accord avec Éric Zemmour. Son nationalisme mystique est d’essence totalitaire. Il ne sert à rien de brocarder les totalitarismes si c’est pour se faire le chantre des soldats de l’an II. En effet, le totalitarisme trouve sa matrice dans le jacobinisme révolutionnaire. Quant à Tsahal, il s’agit d’une armée de terreur qui a recours à une violence asymétrique.

Zemmour oublie dans son parallélisme (rapport entre la France et l’État d’Israël) que la tradition française - depuis le général de Gaulle, si ce n’est avant – s’inscrit dans une défense des pays arabes non alignés en général, et du peuple palestinien en particulier. L’impérialisme israélien n’a jamais été très bien vu par le Quai d’Orsay.

Je récuse donc le sionisme de Zemmour. Cela ne m’empêche pas de signer la pétition en faveur de sa liberté d’expression. Je souhaite qu’il s’exprime normalement, y compris sur le conflit israélo-palestinien. Toutes les spoliations sont inacceptables : celle de la terre d’un peuple comme celle de la parole d’un individu. Éric Zemmour est aujourd’hui un « juif palestinien » en France occupée. Le reconnaître fait partie du devoir de résistance.

Entre ceux qui veulent faire taire Zemmour et ceux qui veulent empêcher qu’on en parle, la voie est étroite, mais salutaire.

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03 octobre 2018 à 9:39

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