Yascha Mounk, « expert » en populisme, et le « monde d’après » : de quoi rigoler durant le confinement !

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Après la crise coronavirienne, « plus rien ne sera comme avant », nous assène-t-on. Il est permis d’en douter. En revanche, que les actuels experts puissent continuer de raisonner « comme avant », voilà qui ne laisse guère de place à l’interrogation.

Ainsi, un certain Yascha Mounk, citoyen allemand récemment naturalisé américain, « expert » en populisme et auteur d’un essai au titre des plus parlants – Le peuple contre la démocratie –, rend-il l’oracle aux Échos du 22 avril dernier.

On commence par y apprendre ce que personne ne savait à propos de ce fichu virus : « Il faut reconnaître que c’est un événement d’une dimension que le monde n’a jamais connue au cours du dernier siècle. » Mais où va-t-il donc chercher tout cela ? Dans un semblable registre, on apprend encore que « la Chine a commis de graves erreurs ». Sans blague ? Et le même de distribuer, après les mauvais, les bons points : « Il faut reconnaître que plusieurs pays d’Asie ont mieux géré cette crise que les pays européens, qu’il s’agisse d’une dictature comme la Chine, d’un système semi-autoritaire comme Singapour ou d’une démocratie comme la Corée du Sud. » La nature des régimes ne serait-elle pour rien en ces demi-succès à mettre sur le compte des spécificités culturelles locales ? On a connu pensée plus universaliste.

D’ailleurs, cet adversaire résolu des populistes assure que ces régimes, populistes de gauche et populistes de droite confondus, « ont complètement échoué dans leurs réponses. […] C’est particulièrement marquant dans le cas des populistes de droite. » Un début d’arguments chiffrés ? Pas la queue d’un, mais, en ligne de mire, évidemment, Donald Trump, actuel président de sa nouvelle patrie d’adoption. Et le même de poursuivre : « Aux USA, si Hillary Clinton était à la Maison-Blanche en ce moment, je suis certain que la réponse du gouvernement fédéral aurait été meilleure. […] Mais ce serait quand même très difficile. Cela montre à quel point nos démocraties sont en train de devenir incapables de gérer des crises et des conflits. » Ou quand la pythie fait pitié.

En effet, il faudrait savoir. Les démocrates seraient donc aussi inaptes au gouvernement que les populistes ? C’est inepte et c’est bien la peine de rédiger un savant ouvrage pour dire tout et son contraire tout en ne disant rien. On ne sait pas combien est payé ce professeur à l’université d’Harvard. Trop, assurément.

Pour finir, cette prophétie relative à ce fameux monde « de demain », qui vaut bien celles qu’Élizabeth Teissier annonçait jadis : « Dans le meilleur des cas, nous allons réaliser à quel point les divisions politiques et les attaques populistes contre nos institutions sont dangereuses. » « Dangereuses » en quoi ? Il ne le dit pas. Puis : « Dans le pire des cas, la pandémie va encore faire croître les nationalismes, la colère contre les institutions et faire progresser les populistes. » Nous voilà bien avancés.

À tenter de décrypter plus en détail la pensée du grand homme, on avancera qu’à ses yeux, le « virus populiste » serait plus redoutable encore que celui du Covid-19. Ce sont les proches des victimes qui seront heureux d’apprendre la bonne nouvelle.

En attendant, Donald Trump, l’ignoble « populiste de droite » que l’on sait, en rajoute dans l’ignominie antidémocratique en suspendant l’immigration durant « soixante jours ». Explications du principal intéressé ? « Cette pause sur l’immigration placera les Américains sans emploi en première ligne pour les emplois au fur et à mesure de la réouverture de l’Amérique. Il serait injuste que les Américains soient remplacés par une main-d’œuvre étrangère. »

Scandale… Qu’un président américain élu par le peuple américain puisse se préoccuper en priorité des intérêts des Américains, c’est effectivement plus qu’un humaniste de progrès ne saurait supporter.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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