« Woke est le nom d’un fantasme réactionnaire » : heureusement que France Culture est là !

Woke,Justice,And,Socially,Conscious,Or,Conscious,Awareness,Of,Society

On dit beaucoup de mal du service public, mais honnêtement, heureusement que les radios d'État sont là pour nous informer. Sans France Culture, tenez, on croirait encore que le wokisme existe. On serait tenté de penser que la promotion des minorités aux dépens d'une majorité qui ne lui a rien fait prend des allures agressives. On se dirait presque (mais on aurait bien tort) que l'invasion du champ médiatique par des activistes énervés, qui font taire à grands cris toute forme de débat raisonnable ou d'opposition à la destruction (pardon, la déconstruction) est généralisée. Non seulement on aurait tort, mais on serait dans un discours de haine.

Heureusement pour nous, la radio la plus cultivée de France a décidé de « débunker », comme on dit, ce mythe réactionnaire. Elle offre pour cela une tribune à François Cusset, historien des idées et professeur de civilisation américaine (deux mots qui ne vont pas très bien ensemble) à l'université de Nanterre. François Cusset, qui vient de publier La Haine de l'émancipation. Debout la jeunesse du monde, chez Gallimard, a un avis très clair sur la question du wokisme, ou de ce que l'on appelle l'islamo-gauchisme. Il y voit une forme de haine contre tous les combats d'émancipation, comme une manière de faire taire les revendications légitimes des minorités. Pour le dire avec ses propres mots, « il est la marque d'un chantage moral à visée politique ». Peut-on aller plus loin ? Bien sûr ! Citons France Culture : « La violence, l'intolérance, le "cancel", observe François Cusset, s'expriment là où on fait la guerre aux minorités, où l'on hurle au racisme anti-blanc, à l'hystérie féministe et où l'on moque les actions des militants écologistes. » Pour le dire simplement : l'oppression est décidément du côté de ceux qui n'approuvent pas les activistes woke.

Il est surprenant que François Cusset ne dise pas un mot sur la réécriture de l'Histoire, sur la culpabilisation systématique de l'Occident, sur la chasse aux mâles blancs hétéros de plus de 50 ans, sur les interdictions de conférences, sur le financement public de reportages ou d'expositions très orientés. Il semble ne pas voir que l'idéologie dominante, dans les médias, la politique, l'Éducation nationale, le monde associatif, le monde de la culture... est la sienne. Il se pense encore comme défenseur des minorités sans voir que la gauche détient toujours, bien qu'elle se soit trompée sur absolument tout, un magistère moral qui tétanise la droite classique. Il est également surprenant qu'il voie, dans cette lutte des minorités, une forme renouvelée de lutte contre le capitalisme. N'est-ce pas un peu tout mélanger ? L'identité de l'Occident doit-elle être foulée aux pieds tous les matins pour mettre un terme aux dérives de l'économie de marché ?

Si l'on essaie de théoriser ce qui est en train de se passer dans la tête des gauchistes de la vieille école, qu'ils s'appellent François Cusset ou Libération (à l'occasion de la sortie de Vaincre ou mourir), on voit d'abord qu'ils ont perdu pied. Ce qui est à l'œuvre en Occident (le retour de boomerang de la French Theory exportée aux États-Unis dans les années 70-80) n'a rien à voir avec les vieilles grilles de lecture du marxisme historique. Les historiens de Libé qui en appellent au « sens de l'Histoire » ou François Cusset qui s'accroche à la lutte contre le capital sont à la dérive, ils ont des décennies de retard. Ils seront dévorés par ce monstre qu'ils soutiennent aveuglément - car, oui, il y a bien ce que Cusset appelle, pour rire, un « monstre woke », un monstre protéiforme, qui agglomère tout et son contraire avec un seul ciment : la haine de ce qui est sacré (c'est-à-dire de ce qui légitime le sacrifice et interdit le sacrilège). Haine de la religion, haine de la civilisation, haine de la loi naturelle, haine de la patrie, haine de la famille, haine de l'Histoire, haine de la filiation, haine de la beauté, haine de l'harmonie : comme beaucoup de gens qui, à travers les âges, ont travaillé pour le même patron, l'objectif des militants woke n'est pas appuyé sur un contre-projet mais uniquement sur la division du monde.

Pour opérer une telle inversion accusatoire, il faut en tout cas un certain aplomb. Saluons au moins cela chez France Culture... en attendant, on l'espère, la privatisation bienheureuse de cette officine de propagande.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

12 commentaires

  1. Je suis tout a fait d’accord avec Philippe Olivier . Le Wokisme est un venin . Il suffit de regarder les pub à la télé , il est a se demander si nous ne sommes pas en Afrique . Il y en a plus que marre !

  2. Le Wokisme d’Occident contre le Kéminisme en Afrique soutenu par l’Orthodoxie, voila la véritable guerre cachée d’implantation sans tirer un coup de canon…

  3. Qui écoute encore France culture . Le wokisme , Macron et la gauche , tous unis pour détruire nos valeurs , nos coutumes au profit de l’idéologie de l’UE . A éjecter au plus vite .

  4. Dans son dernier livre , Mémona Hinterman parle de la radio, les médias, comme n’étant pas dissocié du pourvoir, et dit qu’il faut revenir sur ce grave problème .. que Macron en a conscience mais n’a pas le temps de s’atteler à la tâche ! alors peut être ai je mal compris, dans l’interview qu’elle a donné pour la promotion de son livre, mais visiblement elle n’a rien compris ou se fiche de nous !

  5. Professeur de « civilisation  » américaine ? « Les USA pays directement passé de la Barbarie à la Décadence sans avoir jamais connu la Civilisation » Mark Twain

  6. Bravo pour cet article.
    Seulement j’ai deux corrections à apporter :
    Vous dites : « Haine de la religion, haine de la civilisation »
    D’après moi il serait plus juste de dire « Haine de la religion sauf musulmane, haine de la civilisation occidentale »

  7. Vous avez bien du courage monsieur Florac pour écouter encore ces radios de service-public. Il y a longtemps qu’à l’image de la presse écrite subventionnée, je les boude. Vu que ces gens pratiquent l’entre-soi, laissons les discuter ensemble et se détacher tous les jours un peu plus de la réalité vécue par les Français. Comme l’arbre fruitier, ils finiront par mourir quand aucune abeille ne viendra les polliniser.

  8. Merci pour cet article. Vous dites : « (…) la gauche détient toujours (…) un magistère moral qui tétanise la droite classique. »
    Je suis entièrement d’accord mais qu’est-ce qui explique cela ? Pourquoi les idées de gauche sont-elles perçues comme appartenant au du bien, même à droite (raison pour laquelle la droite se sent coupable quand elle veut s’y opposer) ? Je n’ai pas de réponse à ce stade mais je ne pense pas que ce soit qu’un problème de courage. Je me demande si ça n’est pas parce que la droite comme la gauche adhèrent en fait à une idéologie semblable, qui exalte la volonté, nie la loi naturelle et fait du relativisme un idéal de vie. De fait, les militants de gauche sont convaincus d’être dans le camp du bien, et ceux de droite ont l’air de s’excuser de vous défendre certaines valeurs. Pourquoi sinon parce qu’ils ne comprennent pas vraiment pourquoi ils adhèrent à ces valeurs ?
    A mon avis, la droite sera vraiment décomplexée et sûre d’elle lorsqu’elle aura rejeté purement et simplement ce qui est à la racine de l’idéologie de l’Occident moderne – qu’on soit de gauche ou de droite – à savoir ce culte de l’homme et de la liberté, au mépris de la vérité.

  9. Ah France-Culture, son beau slogan qui nous rappelle toutes les dix minutes « France-Culture, l’esprit d’ouverture »! L’esprit d’ouverture, c’est comme le charme, plus on s’efforce de convaincre les autres qu’on en a, plus il est probable qu’on en soit totalement dénué.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois