Visite de Netanyahou en Hongrie : un nouveau coup contre l’ordre mondial

Aujourd'hui, ce sont les gouvernements que la gauche voue aux gémonies qui tolèrent le moins l’antisémitisme.
Capture écran Orbán Viktor
Capture écran Orbán Viktor

Il est de bon ton de dire que l’ordre mondial ancien - grosso modo, celui qui a été mis en place en 1945 - est en train de s’effondrer. Le relativisme des normes est en train de rebattre les cartes d’un monde multipolaire. Il y a, évidemment, la vieille opposition entre les pays occidentaux et un « Sud global », mais il y a aussi, au sein même du monde occidental, une scission de plus en plus nette entre les pays « vertueux » autoproclamés et ceux qui ont décidé de vivre libres. À ce titre, la visite d’État de Benyamin Netanyahou en Hongrie est un nouveau revers pour la hiérarchie des normes que le camp du Bien considérait jusque récemment comme universelle.

Benyamin Netanyahou, inoxydable Premier ministre israélien, fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour les frappes incessantes qu’il a ordonnées sur la bande de Gaza, en réaction aux massacres commis par le Hamas le 7 octobre 2023. Soit. Il est vrai que le comportement du gouvernement israélien ne s’est pas vraiment embarrassé d’humanitarisme, mais il est tout aussi vrai que le Hamas, mouvement terroriste, a pris en otage sa propre population, dans une ville dont il détient les souterrains, et qu’il ne s’est pas embarrassé de bons sentiments non plus vis-à-vis des Palestiniens dont il prétend pourtant défendre la survie. Surtout, le plus important : la CPI n’a pas d’autre légitimité juridique que celles que les États signataires lui reconnaissent. C’est une sorte de jeu, avec ses propres règles, une sorte de convention, un échange de bons procédés.

Accueil avec les honneurs

Quand il est descendu de l’avion, ce 3 avril 2025, Netanyahou a été accueilli par un piquet d’honneur… et par le ministre des Affaires étrangères hongrois, Kristóf Szalay-Bobrovniczky, qui l’a salué d’un chaleureux « Bienvenue à Budapest ! » Le même jour, la Hongrie a annoncé qu’elle se retirait de la juridiction de la CPI. Elle ne joue plus, en quelque sorte. Netanyahou peut être tranquille à Budapest, que Viktor Orbán, sur X, qualifie d’« endroit le plus sûr d’Europe ». On ne sait pas sur quels chiffres il s’appuie : cela risquerait-il de signifier qu’il y a un lien entre immigration et insécurité ? On n’ose le croire.

En revanche, ce que l’on sait, c’est que l’agence de l’Union européenne pour les droits fondamentaux (FRA) a conduit une enquête sur l’antisémitisme en Europe, et ce, avant même les massacres du 7 octobre. Et cette étude révèle que la Hongrie, à défaut de pouvoir prouver qu’elle est le pays le plus sûr d’Europe, peut se targuer d’être le pays le plus sûr pour la communauté juive. Y aurait-il un lien entre immigration et antisémitisme ? On irait décidément de surprise en surprise.

Il va falloir ajouter une nouvelle ligne de fracture à la recomposition du monde : aujourd’hui, de Washington à Budapest, ce sont les gouvernements que la gauche voue aux gémonies qui tolèrent le moins l’antisémitisme. Les électeurs de la gauche traditionnelle n’auraient jamais cru ça : un monde dans lequel Orbán le facho défend les Juifs, un monde dans lequel Trump le facho déplace son ambassade à Jérusalem. Les repères du camp du Bien se brouillent. Tout ça est un peu compliqué pour des esprits qui voient le monde en noir et blanc.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

17 commentaires

  1. La CPI ne va pas apprécier, Netanyahou aurait du être menotte et emprisonne a Gaza ou au Yemen. Orban est un homme libre, mais cautionner les horreurs de son invite pose question, le passe est une chose qui n’ efface pas le présent. Netanyahou cherche la route pour Nuremberg et ses potences en gambadant en UE.

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