Venezuela : Maduro se lance dans la cryptomonnaie

FT-Maduro-revocatorio

La situation financière et économique du Venezuela est désastreuse : chute de la notation des agences financières (Fitch et Standard and Poor’s ont respectivement abaissé, fin novembre 2017, la note du Venezuela à C et CC), des réserves de change au plus bas (moins de dix milliards de dollars), des exportations divisées par trois en cinq ans, une inflation qui pourrait atteindre le chiffre astronomique de 2.000 % à la fin de 2018, le non-remboursement, fin 2017, d’une dette obligataire d’un montant de 3,5 milliards de dollars.

Le spectre du défaut de paiement se profile dangereusement avec, en perspective, le remboursement de 9,5 milliards de dettes (dont 1,5 milliard d’intérêts) en 2018.

Un défaut de paiement total plongerait, alors, le pays dans un chaos indescriptible avec l’impossibilité d’emprunter sur les marchés financiers et la saisie de ses avoirs à l’étranger.

Il va sans dire que les sanctions américaines - interdiction, à l’État vénézuélien, d'emprunter ou de vendre des obligations au sein du système financier américain ; impossibilité, également, de rapatrier tout flux financier en provenance des USA - ne font qu’aggraver la situation économique, avec surtout des conséquences pour les plus démunis…

Conséquence de ce tableau économico-financier déjà bien sombre : une vente aux enchères de devises organisée par la Banque centrale du Venezuela le 5 février 2018 a mis en évidence une baisse de 86,6 % du bolivar par rapport à l’euro !

Pour tenter de contourner le système financier accusé d’être à la botte des États-Unis, Nicolás Maduro avait annoncé, dès novembre 2017, la création d’une nouvelle monnaie : le petro. Ce qu’on appelle une cryptomonnaie : une monnaie alternative, virtuelle, qui n’a aucun cours légal, basée en l’occurrence sur le pétrole, le gaz, les stocks d'or et de diamants, a indiqué le président. Une décision qui ressemblait à une fuite en avant plutôt qu’à une réelle chance de sortie de crise financière…

Mais mardi 20 février, Maduro persistait et lançait officiellement cette nouvelle monnaie en initialisant la levée de fonds où les potentiels investisseurs se positionnent. Le lendemain (info ou intox ?), le président vénézuélien indiquait qu’il y avait déjà eu 735 millions de dollars en intentions d’achat ! Le prix de référence du petro a été fixé à 60 dollars américains - le prix d’un baril de pétrole. C’est 100 millions de petros qui seront vendus, soit six milliards de dollars… Une monnaie totalement contrôlée par l’État vénézuélien et soumise à toutes les spéculations… C’est une politique financière qui ressemble à un quitte ou double de la part de Maduro, dont le seul espoir est non plus sa réélection, qui sera contestée compte tenu des conditions électorales offertes à l’opposition, mais la remontée des cours du pétrole.

Mais, avant tout, son atout principal réside dans ses deux grands soutiens financiers, la Chine et la Russie, et l’espoir de voir sa dette extérieure de l’ordre de 150 milliards de dollars enfin restructurée.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:57.
Jean-Marie Beuzelin
Jean-Marie Beuzelin
Écrivain et journaliste

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