Vandalisme des Vélib’ : la Complainte de l’heure de pointe, saison 2

En 1972, dans sa Complainte de l’heure de pointe, Joe Dassin chantait : « Dans Paris, à vélo, on dépasse les autos/À vélo, dans Paris, on dépasse les taxis. » Cinquante ans ont passé et l’on n’aura bientôt plus l’occasion de dépasser quoi que ce soit, Mme Hidalgo ayant fait de la capitale un « tout à vélo ». C’est bon pour la santé, clament ses aficionados. Encore faut-il trouver un vélo pour grimper dessus, et si possible un vélo en état de marche ; ce qui n’est pas gagné.
Une mobilité très partagée
C’est la une des journaux de ces derniers jours : Agemob, « l'interlocuteur public des collectivités du territoire de la Métropole du Grand Paris en matière de mobilités partagées », et qui gère à ce titre les Vélib’ en région parisienne, relève que 640 vélos disparaissent, chaque semaine, dans la capitale. On atteint « un niveau de vandalisme trois fois supérieur à la normale », écrit l’Agemob. On en déduit donc que la normale en question se situe autour de 210 disparitions. Ce serait même 230, dit le président Sylvain Raifaud, soit l’évaporation de 11.960 vélos par an.
C’est d’autant plus alarmant que David Belliard, l’adjoint bien aimé d’Anne Hidalgo au Conseil de Paris, vient d’annoncer l’arrivée d’un troisième opérateur de Vélib’ dans la capitale pour le 1er octobre 2025. Avec Dott, Lime et maintenant Voi, la flotte des vélos en libre service devrait monter à 18.000 engins, dans Paris. Et l’Agemob de se glorifier, sur son site, de gérer dans Paris « le plus important système de location de vélos partagés en station du monde ». Tellement partagés, en effet, que les deux tiers semblent mystérieusement voués à la disparition !
Alors que l’agence se vante des utilisateurs « en forte hausse pour 2024 » – l’effet JO ? –, le président Sylvain Raifaud déplore que le vandalisme suive lui aussi une courbe ascensionnelle. « Le phénomène de vandalisme a toujours existé, mais il était relativement contenu » jusqu'à présent, dit-il. Or, « là, on est sur une alerte, puisque le nombre de vélos abandonnés est trois fois supérieur à l'ordinaire […] depuis un mois. » Pourquoi ? Comment ? Où ça ? Quoi ça ? demande Nicolas.
Pas perdus pour tout le monde ?
Il ne sait pas vraiment, monsieur Raifaud. Il avance des hypothèses : « Des personnes secouent les vélos jusqu'à ce qu'ils se décrochent et puis ils partent avec. » Au bout de 24 heures, le mécanisme se bloque, et là, plus moyen de rouler, alors les gens les abandonnent dans la nature. D’où la déconfiture du gestionnaire : « On ne sait pas où sont les vélos, ils n'ont pas de puce GPS. » À l’heure du flicage intégral et de la reconnaissance faciale, c’est ballot.
Concernant la destination, les internautes, eux, ont bien quelques idées. Dans le classement arrivent en tête « le bled » et quelques pays des Balkans. Plus localement, on suggère le fond de la Seine ou celui du canal Saint-Martin, histoire sans doute d’arriver plus vite à Paris Plages…
L’entreprise (Smovengo) qui s’occupe de l’entretien des vélos a bien embauché du monde – 16 personnes – mais on ne peut ni identifier les fraudeurs ni, par voie de conséquence, les retrouver. À ce jour, il manque 3.000 engins à l’appel, ce qui entraîne une plus grande usure des vélos restants et mécontente les usagers. D’autant plus que la prestation n’est pas si bon marché que cela : 1 euro le déblocage puis 0,28 centime la minute, soit 2,68 euros l’heure de vélo. Mais quand on aime…
La « mobilité partagée » aurait-elle la scoumoune ?
La mairie de Paris a beau se targuer d’être la capitale mondiale de « la mobilité partagée » - ce qui reste à démontrer -, on se demande si elle n’aurait pas plutôt la scoumoune.
Récapitulons : nées en 2010 et portées sur les fonts baptismaux par Bertrand Delanoë, nos gentilles Autolib’ sont mortes le 3 juillet 2018 à 23h59. Direction la casse, tout comme leurs jolies petites stations en demi-lune, vite devenues chambres d’hôte pour clochards. Les moins dégradées ont fini leur vie sur le parking des ex-usines Matra, à Romorantin-Lanthenay. Avec un déficit cumulé de 300 millions d’euros, dont 233 revenaient aux communes au terme du contrat (en 2023), on nous dit pudiquement que l’Autolib’ n’avait « pas trouvé son modèle économique dans la capitale ».
Avant les Autolib’, ce sont les premiers Vélib’ qui avaient rendu l’âme, remplacés en 2017 par Vélib' Métropole, ancêtre de l’Agemob. Beaucoup de ces lourds vélos gris avaient fini dans la Seine. On disait même alors que c’était, avant les trottinettes, le deux-roues le plus courant dans les rues de Bamako… Les Maliens sont ingénieux, ils ont dû les faire durer, eux.
On vit ensuite rouler, dans les rues de Paris, une voiturette éphémère, verte et blanche : c’était la Zity, de Renault Mobilize. Le 15 janvier 2024, on signait pourtant l’acte de décès de la start-up Zity, censée véhiculer Parisiens et touristes durant les Jeux olympiques. Alors que les véhicules roulent sans problèmes à Barcelone ou Madrid, on relevait « 72 % de dégradations en plus » à Paris.
Aujourd’hui, ce sont les nouveaux Vélib’ qui disparaissent sans que l’on sache ni comment ni pourquoi. C’est, du moins, ce qu’on prétend.

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33 commentaires
Sûrement encore un coup de « Kevin et Mattéo »…
Rien que de très logique. Il y a une contradiction fondamentale entre l’individualisme croissant, son « chacun pour soi », son refus du « vivrensemble », et le fantasme du respect des objets (vélos, voitures) et moyens (métros, trains, etc.) mis en commun…
Complètement, l’antagonisme est pourtant évident.
A l’instar de F. Hollande en 2014 , madame Hidalgo doit penser que c’est l’Etat qui paye . Comme pour tous les socialistes , le mot Etat rend invisibles tous les Nicolas payeurs .
Tout ça pour que les bobo.e.s se fantasment en estafettes de la Résistance pendant la Libération de Paris, le temps d’aller chercher une baguette à la boulangerie du coin.
Vélos qu’on retrouve de l’autre côté de la Méditerranée bien souvent, ou pour plaisir de détruire
Tout ça coute cher bien sur et bien sur nous payons pour les réparations ou le remplacement, rien de nouveau quoi
Finalement, n’est-ce pas à ça que vont servir tous les fonds investis pour rendre la Seine praticable ? Les nageurs vont pouvoir faire de la plongée pour repérer les vélos sous-marins ?? ;-)
Agmob… Tiens, encore une agence !
1 euro le déblocage puis 0,28 centime la minute, soit 2,68 euros l’heure…. cherchez l’erreur ! 17, 80 de l’heure… ça fait plus cher qu’une location de voiture…
Ne le prenez pas mal, mais vous confondez 0,28 centimes avec 0,28 euros ; j’ai fait la même erreur dans un premier temps. Pour les riches bobos, de toutes façons, l’un comme l’autre c’est de la menue monnaie.
Tant que les parisiens seront assez benêts pour continuer à voter pour des inutiles.
S’il n’y avait que les parisiens…..
A Paris il y a des bouches de métro partout et des bus. Les vélos sont totalement inutiles mais foutent la merde partout. Je suis pour l’interdiction des vélos et des trottinettes dans Paris!
Hidalgo a interdit les trottinettes électrique en flot libre , résultat les opérateurs les ont changer par des vélos et le résultat est le même , des vélo abandonné n’importe ou , ne parlons pas de ceux avec station d’accueil , des petits malin arrive a les décrochés et les laisses ensuite n’importe ou.
Pour mettre les stations d’accueil et les arceaux sur trottoirs , elle a fait disparaitre des places de stationnements et de livraisons , résultat les places de livraisons sont squatter par des voitures quand ce ne sont pas par des chantiers de ravalements et autres travaux , les livreurs sont donc obligé de bloqué la circulation pour pouvoir bosser , de ce faite provoque des embouteillages avec pollution et énervement des automobilistes et du reste de la population a cause des concerts d’avertisseur sonore (l’utilisation d’un avertisseur sonore en ville est uniquement autorisé en cas de danger immédiat , sinon c’est 35 €uro d’amende pouvant aller a 150€; Article R416-1 du code de la route). Sur les pistes des grands axes on peux du fait de leur largeur faire rouler des semi a pleine vitesse sans aucuns problème et a coté les autres usager , transports en communs compris piétinent , Ne parlons pas des exceptions qui ont été mis en place au niveau du sens de circulation a contre sens qui est une hérésie total et une mise en danger d’autrui ; certains cyclistes pensent qu’ils elles ont tout les droits , cela m’est arrivé un jour en camion dans une rue a sens unique , une file de stationnement de part et d’autres de la rue et une piste vélo a contre sens, bien sur une cycliste arrive et me fait signe de me pousser, visiblement elle n’a pas voulu « prendre » en compte que mon camion de 15T prenait toute la place et ne pouvais pas bouger d’un poil , je me suis fait pourrir car je l’avais oblige de mettre pieds a terre et de ce mettre entre deux voitures.
Les vélo, trottinettes n’ont pas leur place en ville.
Aux états-unis des campus ont interdit vélo et trottinettes ; quand au respect du code de la route c’est a celui celles qui grillera les feux quand il y en a , les passages piétons, les trottoirs .
THEVAND G.
MARIE est excellente en français , mais pas en calcul il faut lire 2,8 centimes la minute ..Je continuerai à vous lire avec tjs autant de plaisir!