Vaccinations : du grand n’importe quoi à l’insu de leur plein gré !

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Si elle est encore en vie, Mauricette défilera sans doute le 14 juillet prochain sur les Champs-Élysées, médaillée comme un maréchal de l’ancienne Union soviétique en sa qualité d’héroïne, première vaccinée de la France en guerre contre le SARS-CoV-2.

Le Président Macron nous l’a dit, au soir des vœux : avec son joli serre-tête dans ses cheveux blancs et son pull en peau de zèbre, Mauricette est devenue la figure de la lutte « contre l’obscurantisme et le complotisme ». Applaudissements.

Tous à la piquouze, et que ça saute ! Le Président l’a affirmé en nous regardant droit dans les yeux : « Je ne laisserai pas, pour de mauvaises raisons, une lenteur injustifiée s’installer. » Il faut donc croire que les raisons sont bonnes car, une fois de plus, force est de constater en cette matière une exception française qui force l’admiration : les débuts de la vaccination en France s’acheminent lentement mais sûrement vers le « scandale d’État », comme dit Jean Rottner, le président de la région Grand Est.

Pensez, quand nos voisins affichent des scores à cinq ou six chiffres, nous peinons à franchir la barre des 500 vaccinés. C’est parce qu’on fait mieux, forcément ; on est plus attentif, plus respectueux, tout ça tout ça. « Ça prend un peu plus de temps au démarrage. (...) Je ne confonds pas vitesse et précipitation », a dit le ministre Véran. Alain Fischer, le Monsieur Vaccin, a abondé dans son sens : on devrait pouvoir vacciner plus de 700.000 personnes au sein des EHPAD et un certain nombre de professionnels de santé d’ici début février. « Cela va venir, dit-il, c’est une affaire de logistique. Il faut apporter progressivement le vaccin dans les différents sites, il y en a 14.000. » C’est beaucoup, on en convient.

Et puis, c’est un peu à l’insu de son plein gré, il faut le comprendre, ce brave homme. Déjà qu’il n’avait pas l’air très convaincu par le vaccin lui-même, alors s’il faut, en plus, qu’il gère l’intendance… D’ailleurs, il le confesse : « Je ne suis pas du tout un spécialiste. » (Que fait-il là, alors ?) C’est compliqué, tout ça : « Ça prend plus de temps parce que le vaccin doit aller aux personnes, et non pas les personnes au vaccin. » Comme Lagardère, en somme.

Alors, ça gueule, forcément. Axel Kahn, grand vaccinologue devant l’Éternel, décrit, dans une tribune, l’« autopsie d’un désastre » quand l’ancien directeur général de la Santé, le Pr William Dab, dénonce, dans Le Parisien : « C’est simple, soit nos autorités croient en ce vaccin et il faut y aller, soit elles n’y croient pas, et il faut le dire ! »

Du coup, le Président s’est fâché tout rouge, alors on a décidé de vacciner aussi les soignants de plus de 50 ans à partir de ce lundi. Interrogée dans RTL Matin, la responsable du syndicat des médecins généralistes (MG) dénonçait pourtant l’absurdité de la situation : alors qu’ils administrent toute la journée les vaccins de leurs jeunes patients (onze sont désormais obligatoires), les médecins ne sont pas autorisés à se vacciner entre eux mais sont contraints de se déplacer jusqu’à l’hôpital pour se faire piquer. Elle le redit : les autorités de santé ne veulent pas travailler avec les libéraux. C’est un choix.

Sur la même station, l’ineffable Michel Cymès milite, quant à lui, pour « le devoir d’exemplarité ». « Faites vous  vacciner et faites le savoir », dit-il au personnel soignant ; les médecins ont « le devoir de convaincre leurs patients et tous les moyens sont bons (sic) ».

« L’hésitation du gouvernement ne peut qu’alimenter celle de la population », dit le Pr Dab, et « une fois de plus, des décisions sont prises sans qu’on en comprenne la logique ». « On ne va pas continuer à vacciner 300 Français par semaine. Ou alors, nous y serons encore dans 5.000 ans ! »

Certes, les salles de spectacle sont fermées. Il n’empêche : c’est Guignol toute la semaine !

 

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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