Une tuerie si discrète : l’assassin du Wisconsin, anti-Trump et pro-Black Lives Matter, n’intéresse personne

WISCONSIN

Dimanche 21 novembre, Darrell Brooks, un Afro-Américain de trente-neuf ans, multirécidiviste, était à l’origine d’une énième tuerie aux États-Unis. Au volant de sa Ford Escape, il fonçait volontairement sur une foule rassemblée à Waukesha, ville de 70.000 habitants de l’État du Wisconsin, pour la traditionnelle parade de Noël. La tragédie fit six morts, dont un enfant de huit ans, et une soixantaine de blessés, dont certains très graves.

Sans surprise, le casier judiciaire du criminel est déjà très chargé. Depuis ses dix-sept ans, il fut arrêté pas moins de seize fois et remis en liberté sous caution à plusieurs reprises. Il compte ainsi des condamnations dans trois États, notamment pour abus sexuels. La dernière affaire remonte à quelques semaines seulement. Brooks avait, entre autres, été inculpé pour avoir violemment heurté la mère de son enfant, avec son véhicule, dans une station-service. Il a été libéré de garde à vue ce 11 novembre contre une caution de 1.000 dollars.

Après avoir examiné son dossier (documents judiciaires, entretiens publics…), le New York Post explique que « Darrell Brooks n’a été retenu par aucun filet de sécurité. Jusqu’à ce qu’il soit trop tard. » On apprend d’ailleurs plusieurs éléments sur le criminel : diagnostiqué bipolaire à l’âge de onze ans, admis en hôpital psychiatrique à douze, père alcoolique et violent, élevé uniquement par sa mère, problèmes de dépendance aux méthamphétamines, plusieurs tentatives de suicide, ayant lui-même abandonné son nourrisson et la mère de celui-ci…

À cet égard, la juge conservatrice Jeanine Pirro, et tête d’affiche sur Fox News, reproche à la Justice du Wisconsin de n’avoir pas poursuivi cet homme dont la dangerosité ne faisait aucun doute. Le cas Brooks n’étant, pour elle, qu’un exemple de plus du délitement de la Justice dans le pays : « Vous n’êtes désormais plus en sécurité aux États-Unis. Votre gouvernement ne vous protège plus et la police n’a plus les moyens de le faire. En résumé, vous êtes tout seul. »

Également abasourdi par le traitement de l’affaire, le républicain Chris Kapenga, président du Sénat du Wisconsin, a, avec d’autres élus, fait une demande écrite auprès du gouverneur pour démettre John Chisholm, procureur démocrate du comté de Milwaukee, de ses fonctions. C’est ce dernier, en effet, qui fit preuve d’un grand laxisme en ne requérant que 1.000 dollars de caution pour la libération du futur tueur. Pour beaucoup, Chisholm est la figure de proue des progressistes en matière de réforme pénale.

En 2015, le magazine The New Yorker publiait une enquête très intéressante intitulée « L'expérience de Milwaukee : que peut faire un procureur contre l'incarcération de masse des Afro-Américains ? » L’auteur y explique que « Chisholm a décidé que son bureau entreprendrait des initiatives pour essayer d'envoyer moins de personnes en prison tout en maintenant la sécurité publique ». Il a, par ailleurs, initié une campagne pour que les procureurs soient « jugés sur leur succès dans la réduction des incarcérations de masse et la réalisation de l'égalité raciale ».

Aussi, à Waukesha, la population locale se sent abandonnée. Sur le coup, l’affaire avait fait grand bruit et intervenait, deux jours seulement après l’acquittement de Kyle Rittenhouse. Pourtant, force est de constater qu’un mois après, les médias américains sont passés à autre chose. Pour les témoins et victimes du drame, ils veulent simplement étouffer le scandale de l’idéologie gauchiste.

En effet, le profil de Darrell Brooks n’est sans doute pas suffisamment vendeur pour la gauche, à l’inverse de celui du jeune Kyle. Les réseaux sociaux de Brooks révèlent qu’il était amateur de rap, tenait des propos violents à l’encontre des Blancs, s’affichait comme anti-Trump et était un fervent défenseur du mouvement Black Lives Matter. À ce jour, Darrell Brooks est inculpé pour six homicides volontaires et détenu dans la prison du comté de Waukesha. La caution – cette fois - a été fixée à cinq millions de dollars.

Gaëlle Baudry
Gaëlle Baudry
Chroniqueuse à BV, spécialiste des Etats-Unis, consultante indépendante

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois