Une proposition de loi pour interdire les grèves durant les vacances

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Une fois encore, les Français qui s’apprêtaient à prendre le chemin de vacances souvent bien méritées se retrouvent pris en otages par les gréviculteurs de la SNCF. La fois de trop ? On est en droit de se le demander. Surtout qu’il ne s’agit pas là d’une grande première.

Ainsi, en 2019, en pleines fêtes de Noël, les employés du chemin de fer faisaient grève pour défendre leur propre régime de retraite, pas le plus désavantageux qui soit. Idem à la fin de l’année 2022, quand il s’agissait de revaloriser leur statut particulier ; pas le plus défavorable non plus.

Aujourd’hui, ce sont les contrôleurs des TGV qui protestent. Pourtant, jouer au poinçonneur des Lilas dans des trains climatisés n’a plus rien de la locomotive à charbon, façon La Bête humaine, le film de Jean Renoir (1938), avec un Jean Gabin à gapette, le visage noir de suie. Là, progrès sociétal oblige, cette énième grève a été lancée sur les réseaux sociaux, obligeant ainsi les syndicats SUD Rail et CGT à prendre le train en marche. Si même ces centrales deviennent incapables de diriger leurs troupes, nous voilà beaux. Résultat ? Un TGV sur deux ce week-end. En attendant mieux, ou pire, dans les jours à venir.

Les salariés de la SNCF ne sont pourtant pas les plus mal lotis…

On notera que ceux qui prennent des vacances en empêchant les autres de faire de même n’ont pas tout à fait la vie duraille : « 3.500 euros nets en fin de carrière, c’est plus qu’un professeur certifié, titulaire d’un bac+5 finissant la sienne à un peu plus de 2.800 euros », nous rappelle Le Figaro de ce jour.

Pourtant, une proposition de loi a été enregistrée à l’Assemblée nationale, le 14 février 2023, qui pourrait remédier à ces désordres paralysant régulièrement la vie quotidienne de nos compatriotes. Signée par Véronique Besse, députée de la Vendée (non inscrite), elle a été co-présentée par de deux ses collègues, Emmanuelle Ménard (NI) et Pierrick Berteloot (RN).

Parmi ses motivations : « Les voyages en famille durant les congés scolaires sont souvent prévus et organisés de longue date. Pour nombre d’entre elles, annuler leurs vacances au dernier moment pour cause de grève des transports n’est pas si simple que cela. Tout d’abord, les demandes de congés ayant été acceptées par les employeurs – et les plannings de travail adaptés et ajustés en conséquence –, il est parfois difficile de rétropédale, vis-à-vis de ses employeurs. »

Pis : « Les frais de séjours, notamment dans les hôtels, ne sont pas toujours remboursés. Autre exemple, enfin, si les parents reprennent finalement le chemin du travail, les gardes d’enfants ne sont pas toujours prévues durant ces périodes de congés. » Pour les clients de la SNCF – pardon, les usagers –, il s’agit donc indubitablement d’une sorte de double peine.

Les paysans sont autrement plus à plaindre…

Jointe au téléphone, Emmanuelle Ménard confirme : « Cette grève consiste avant tout à se moquer du monde. C’est d’autant plus scandaleux que les employés de la SNCF tentent visiblement de marcher dans les pas des récentes manifestations paysannes. Mais eux ont de véritables raisons de se révolter, que ce soit en matière de temps de travail et de salaire. Un tel mouvement est donc doublement stupide. » Il est un fait que lorsqu’on évoque les nouveaux damnés de la Terre, on ne pense pas en premier aux contrôleurs des TGV…

Alors, cette loi a-t-elle une chance d’être votée un jour ? Véronique Besse n’est guère optimiste : « Je ne désespère pas. Mais quand j’ai déposé cette proposition, le groupe LR a mis sur la table un texte avoisinant, et il n’a pas été non plus mis au vote, malgré les moyens que donne un groupe parlementaire. Je pense que cela ne correspond pas à l’état d’esprit du gouvernement, qui n’a que faire de la vie quotidienne des Français. » Il est un fait que les vacances de ces gens consistent plus en un saut de puce en avion vers des contrées exotiques, Maroc ou île Maurice, qu’à aller se mettre au vert chez le tonton de province.

« Pourtant, poursuit-elle, l’Italie a depuis longtemps résolu le problème. Là-bas, un préavis de grève doit être déposé un an à l’avance et ne doit jamais concerner les périodes de vacances scolaires, histoire de préserver la vie des familles. » Si on nous avait dit, un jour, que nos amis transalpins nous donneraient des leçons d’ordre public et de bonne gouvernance…

En attendant, bonnes vacances à tous nos lecteurs ; enfin, à ceux à qui la CGT et SUD Rail donneront l’autorisation d’en prendre.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

48 commentaires

  1. Peut-être une manière de faire: diffuser en direct les tractations lors des rencontres direction syndicats de la SNCF et pour d’autres rencontres. Nous comprendrions peut être mieux les exigences démesurées des syndicats. Mais je suis sûr qu’ils ne seront pas d’accord pour secouvrir de ridicule..

  2. « Je pense que cela ne correspond pas à l’état d’esprit du gouvernement, qui n’a que faire de la vie quotidienne des Français. » On pourrait difficilement dire de contraire : La sécurité, il s’en fout, La santé, il s’en fout, l’éducation, il s’en fout, l’agriculture, il s’en fout, l’industrie PME PMI, il s’en fout, les élus locaux, il s’en fout… Mais à quoi Macron consacre t-il son temps ? A oui, à faire de la boxe….

  3. Ces syndicats grévistes sont des terroristes en quelque sorte . Ces contrôleurs qui gagnent plus qu’un prof bac +5 se foutent de notre g….. ! L’un d’eux , sur Europe 1 , affirmait palper 38 000 € par an , soit plus de 3000 € net / mois ! Ils n’ont aucune pénibilité particulière dans leur boulot . Je veux bien croire qu’il y a de temps à autres des agressions , mais les profs en savent aussi qqc . Combien de décapités parmi les contrôleurs ? Et ils ont le train gratuit … Les profs paient les études de leurs enfants , n’ont pas droit au CROUS , ni aux bourses . J’en sais qqc … Alors , ne venez pas pleurer sur mon épaule les con-contrôleurs …

  4. Je constate avec regret que sur Boulevard Voltaire aussi, comme souvent ailleurs, on ne sait pas respecter la règle d’écriture des grands nombres: JAMAIS de point entre les classes de nombres (3.500 euros), mais un intervalle (3 500 euros). Ce n’est pourtant pas compliqué.

  5. Interdiction de faire grève pour tous les services publics, pourquoi pas ! Ensuite interdiction de bloquer les routes et autoroutes, ensuite interdire et encore interdire. Voilà la France que veulent les français interdire tout ce qui pourrai les gêner, vous faites le lit de macron dans ce cas. Alors ne vous étonnez pas de vivre dans une dictature, même si je reconnais le côté un peu « osé » de cette grève des « poinçonneurs nantis de la SNCF ». Mais cette grève est le fait de l’extrême gauche (CGT&SUD), pas de tous les syndicats, il y a encore des gens responsables dans ce pays.
    !

  6. En France il y à une gréviculture de certains syndicats, qui font grève avant les négociations ce qui devrait être interdit, à leur décharge, il faut reconnaitre, que les employeurs qu’ils soient publics ou privés, attendent le rapport de forces pour négocier à minima, quitte à ce que ces mouvements coutent plus cher « in fine » que les augmentations réclamées et en plus tous les désagréments pour les clients, qui ne sont plus des usagers et les font fuir vers la concurrence, ça aussi les cheminots devraient en tenir compte, ils scient la branche sur laquelle ils sont assis, car les français risquent de se lasser de renflouer la SNCF avec leurs impôts.

  7. Chaque métier a ses contraintes mais la pénibilité n’est pas qu’à la SNCF. Les personnes qui ne voyagent pas paient en tant contribuables pour un service public et ceux qui voyagent pour des congés ont alors cette double peine. Ces grèves ne sont pas justifiées c’est une prise d’otages

  8. Nous comblons les déficits annuels de la SNCF, 20 milliards d’euros et sans cette manne publique, ceux qui revendiquent aujourd’hui seraient dans une entreprise privée ; ils nous doivent les garanties de leur monopole, il faut leur interdire le droit de grève.

  9. C’ est sympa d’illustrer la grève des contrôleurs des TGV français par un train régional suisse en gare de Montreux. Sauf erreur, notre dernière grève des employés de chemin-de-fer date de 1918.
    Mon père, qui était employé d’une petite compagnie privée, ayant été mobilisé comme soldat sanitaire (la grippe…) s’était bien gardé de faire état de sa profession lors de son trajet vers son lieu de mobilisation ; les chemins-de-fer ayant été réquisitionnés sous la garde de l’armée.

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