Une fille a-t-elle le droit de chanter dans une chorale de garçons ?

chorale

Le féminisme va parfois se nicher là où on ne l'attendait pas. Une jeune Allemande de neuf ans a, pour la troisième fois, vu sa candidature rejetée par la Maîtrise d'État de la cathédrale de Berlin, exclusivement masculine depuis sa fondation, en 1465. Il n'en fallait pas plus pour que sa mère attaque la chorale berlinoise en justice pour discrimination de genre. La cour administrative a débouté cette demande, estimant que la chorale avait le droit de choisir ses chanteurs, mais la fillette et sa mère pourraient faire appel de la décision.

On pensait naïvement qu'il existait des chorales de garçons, des chorales de filles et des chorales mixtes, et que cela n'empêchait pas le monde de tourner. Eh bien, on se trompait ! L'égalité de genre est devenue un tel totem que vous n'avez plus le droit de séparer les garçons et les filles sans être aussitôt accusés de discrimination. En septembre dernier, la presse bien-pensante avait donné en exemple une cour de récréation réaménagée pour favoriser la mixité. Elle ne précisait pas que c'était dans une ville multiculturelle où le sexe féminin est souvent considéré comme inférieur.

Les esprits sont tellement habitués à l'autocensure que les représentants de l’université des arts de Berlin, autorité de tutelle du chœur, n'ont même pas opposé qu'il s'agissait d'un groupe de garçons, ce qui aurait dû suffire à clore la discussion. Ils ont expliqué que le rejet du dossier n'était pas dû au sexe de la candidate, mais aux « différences anatomiques entre les voix des filles et des garçons, ce qui conduit à des sons différents ». Une musicologue a confirmé cette différence, tout en considérant qu'elle est « plus petite que ce que beaucoup prétendent ». Avec de tels arguments, les chorales non mixtes seront bientôt interdites.

Quitte à passer pour d'affreux réactionnaires, certains esprits estiment que, lorsque le féminisme devient extrême ou, pire, se confond avec l'indifférenciation des sexes, on en arrive à une négation de l'humanité.

Certes, il est anormal qu'une femme n'ait pas la même rémunération qu'un homme, quand tous deux effectuent le même travail. Certes, il est scandaleux qu'on refuse à une femme un poste à responsabilités sous prétexte qu'elle est une mère de famille. Certes, il est naturel que, dans un couple, l'homme et la femme se répartissent, d'un commun accord, les tâches ménagères. Mais quand on nie les différences entre l'homme et la femme, quand on les met sur le même plan, on fait passer l'idéologie avant la nature et l'on se comporte en apprenti sorcier.

Cette égalité extrême, loin de rehausser la condition féminine, la rabaisse en lui ôtant son apport spécifique. Malgré toutes les aberrations prétendument scientifiques, un homme n'aura jamais l'instinct maternel d'une femme qui a porté son enfant. Toutes les lois sur la parité aux élections ou au gouvernement n'empêcheront pas que la richesse de cette mixité ne provient pas de l'égalité en nombre entre les hommes et les femmes, mais des qualités propres à chacun des sexes. Rien ne peut pallier, dans une famille, l'absence d'un père ou d'une mère : ceux qui le favorisent vont à l'encontre du progrès qu'ils prétendent défendre.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 18:48.
Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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