Un village saoudien sur le site des Invalides ?

Patricia Mirallès

Déguster des dattes fraîches, accompagnées d’un verre de thé à la menthe, dans le cadre prestigieux des Invalides… Vous en rêviez ? Eh bien, ce sera peut-être bientôt possible. À partir du 10 mai prochain, si tout va bien, ce magnifique Hôtel national, construit à l'origine par Louis XIV, hébergerait un « village saoudien ». Les curieux n’auront pas à se presser puisque l’événement devrait durer quatre mois.

Le gouvernement aux abonnés absents

Cet étonnant projet n’a pas manqué de faire réagir, à l’Assemblée. « J’aimerais obtenir des éclaircissements à ce sujet, questionna ainsi la députée LR du Rhône Nathalie Serre, mercredi 28 février. Pourriez-vous m’indiquer si le cabinet du président de la République et votre ministère ont donné leur accord ? Si tel est le cas, pourriez-vous nous communiquer les détails de cette installation ? » Visiblement pris de court, le ministre interpellé préféra botter en touche. « Je vais tenter de répondre sur ce que je sais, débuta maladroitement Patricia Mirallès, secrétaire d’État chargée des Anciens Combattants et de la Mémoire. Effectivement, ce sont des informations que nous avons pu aussi avoir. Aujourd'hui, rien n'est concret, rien n'est fait. Je comprends vos interrogations, mais je ne répondrai pas sur des choses qui ne sont pas faites ni signées avec aucun accord… Je pense être claire dans ma réponse ! »

 

La réponse de la secrétaire d’État était tellement « claire » que la présidente de la Chambre basse, Yaël Braun-Pivet, fut contrainte de rappeler à l’ordre son propre camp. « Madame le ministre en charge des Relations avec le Parlement, je vous remercie d’indiquer à chaque ministre qu’il faudrait vraiment qu’il réponde aux questions que lui pose le Parlement. Je rappelle que le gouvernement est responsable devant le Parlement… » C’est ce qu’on appelle un recadrage en règle.

Un pays vendu au plus offrant

Si les Jeux olympiques de Paris 2024 seront l’occasion pour tous les pays de briller et faire vibrer leur fibre nationaliste, il n’en reste pas moins que l’Arabie saoudite nourrit des ambitions toutes particulières. Notamment en France, où le pays mène une diplomatie « douce » sous l'égide du prince héritier Mohammed ben Salmane. Ces dernières années, plusieurs fonds d'investissement saoudiens ont investi massivement dans le bâti hexagonal. Une manne financière qui tombe à pic pour notre État en faillite. Un fonds de soutien au patrimoine français, abondé par l’Arabie saoudite, pourrait d’ailleurs voir le jour en 2024. Une demi-douzaine de lieux, tels que le château de Compiègne, devraient en bénéficier.

Cet appétit saoudien pour nos vieilles pierres n’est pas sans rappeler la politique d’investissement du Qatar en France. Outre le rachat du PSG, le petit émirat s’est offert, au cours de la dernière décennie, le palace Peninsula, le Royal Monceau à Paris, les hôtels Carlton et Martinez à Cannes ainsi que nombre de luxueuses résidences dans les beaux quartiers de la capitale. Cette semaine, encore, l'émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, en visite d'État en France, s'est engagé à investir dix milliards d’euros dans des secteurs clés de l'économie tricolore à l’horizon 2030…

Quel étrange et paradoxal destin que celui de notre pays. Lui qui a l’arrogance de prétendre accueillir toute la misère du monde n’est pas en mesure d’entretenir son propre patrimoine. Il vend ses bijoux aux enchères, il part à la découpe et - comble de l’horreur - ce sont des théocraties islamiques qui se partagent les morceaux.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

41 commentaires

  1. Quand on pense au scandale qu’on a fait a Sarkozy parce que Kadhafi a planté sa guitoune dans les jardins de l’Elysée au lieu d’aller au Hilton à nos frais comme les autres.

  2. Avec toutes les valises de fric qu’ils doivent recevoir entre le Qatar et l’Arabie Saoudite ils sont prêts a vendre la Château de Versailles. C’est pour cela qu’un jour le peuple français a force de le titiller va finir a péter les plombs ,et il faudra qu’ils courent vite s’ils ne veulent pas finir pendu sur la place publique ,je crois qu’ils nous en font trop voir , jusqu’ou vont ils nous faire descendre ?

  3. « Je ne répondrai pas sur des choses qui ne sont pas faites » en d’autres termes -circulez il n’y a rien à voir – on vous tiendra au courant lorsque vous serez devant un fait accompli comme d’habitude avec ce gouvernement. Il n’y a pas que le poussière qu’il glisse sous le tapis !

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