Un peu de panache ! Pourquoi Macron doit impérativement débattre avec Zemmour, Le Pen, Pécresse et Mélenchon

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Le président de la République ne se confrontera pas directement avec ses opposants, du moins pas avant le premier tour. Résultat : le ton monte sur les réseaux sociaux. C’était le risque. Exemple sur Twitter : toute la journée d’hier, un mot clé, le hashtag MacronNousPrendPourdesCons, a accompagné de nombreux messages critiques. Les internautes rient de cette première réunion électorale à Poissy, apparemment si préparée que les questions étaient écrites d’avance. Une forme de réunion Potemkine. Dans la foulée, les réseaux sociaux fustigent le refus du président de la République de descendre dans l’arène. Le quotidien L’Opinion constate que le chef de l’État utilise ses comptes officiels pour diffuser sa propre propagande électorale, de manière illégale. La France insoumise relève cinq gros mensonges, on moque ses photos très posées à l’Élysée, bref, les coups pleuvent sur la vraie-fausse campagne du candidat Macron. Et le feu n’est pas près de s’éteindre. Pourtant, Emmanuel Macron dit vrai lorsqu’il souligne qu’aucun Président sous la Ve République n’a jamais débattu avec ses opposants avant le premier tour. Il est vrai aussi que le chef de l’État est très occupé par la crise en Ukraine alors qu’il assume la présidence de l’Union européenne. C’est vrai, enfin, que Poutine n’est pas un client facile, on l’a vu : les longues négociations du président de la République avec le maître du Kremlin n’ont jusqu’ici rien donné.

Mais voilà, tous ces arguments doivent être balayés. Pourquoi ? D’abord, parce que le Président est la clé de voûte des institutions de la Ve République, celle sur laquelle tout repose. Ce sacre, on ne peut pas l’arracher en catimini sans débat. Or, Emmanuel Macron termine un mandat très particulier dans lequel, justement, les débats ont été évacués comme jamais auparavant. Durant ces cinq ans, Macron a incarné à trois reprises la nation face au péril, étouffant au passage toute possibilité de vraie contestation. La première fois, c’était face à une révolte de grande ampleur, celle des gilets jaunes. Il a incarné la nation face au danger devant une opposition réduite au silence. Second épisode inédit, celui du Covid. Là encore, le débat a été très largement étouffé. Troisième épisode, celui de la guerre en Ukraine, elle écrase encore une fois tous les débats pourtant si nécessaires à l’avenir de la France. Macron n'a pas choisi d’affronter ces événements, bien sûr, mais il a installé une chape de plomb. Ces trois épisodes inédits ont servi son statut de Dieu le père au-dessus des partis, ils ont gonflé mécaniquement son potentiel électoral : on le voit clairement avec l’envolée du candidat Macron dans les sondages d’intentions de vote depuis le début de la crise en Ukraine.

Macron doit en tenir compte. À situation exceptionnelle, campagne exceptionnelle. Le Président devrait rompre la règle établie et accepter de débattre avant le premier tour. C’est une question de fierté, de respect pour les institutions, pour les Français et pour la démocratie. Il devrait proposer quelque chose aux quatre grands candidats, ceux qui dépassent les 10 %, Le Pen, Zemmour, Pécresse et Mélenchon : à chacun un débat d’une heure sur quatre chaînes différentes. L’occasion de rompre avec cette image de début de campagne, celle d’un Président gestionnaire de ses intentions de vote, planqué, sans hauteur, sans grand dessein et sans vision, un Président qui regarde ailleurs. Le geste aurait une certaine gueule, celle du risque assumé crânement. Ce serait pour lui l’occasion de terminer ce quinquennat sur quelque chose d'un peu élégant et de très français, quelque chose qui lui manque cruellement : le panache.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

43 commentaires

  1. Il ne lui manque pas que le panache !
    Il lui manque aussi la sincérité, la franchise et le courage. Macron est un menteur qui se défile, refuse le débat et la contradiction.
    Il aurait pû renoncer à la présidence de l’Union européenne pour se consacrer à la campagne électorale, mais l’occasion était trop belle, lui offrant ainsi tous les prétextes pour échapper à son bilan, et ne pas se fatiguer à faire campagne face aux Gaulois qu’il méprise.

  2. Quand on se prend pour L.XIV, on ne débat pas avec des gueux dont le niveau est supérieur, c’est la raclée assurée sachant que son bilan est NUL donc, PRUDENCE, le Roi n’ira pas au casse-pipe. De toutes façons, sa mauvaise gestion quinquennale l’a épuisé mais une aubaine est tombée du ciel, il est soudain devenu Chef de Guerre entre Russie et Ukraine aux côtés de POUTINE ainsi notre Roi peut s’entraîner et si « en même temps » ça pouvait le grandir le petit….

  3. Je pense qu’il faut l’obliger a débattre avec les, autres prétendants , » après le premier » c’est facile il n’aura qu’une personne en face de lui!!! plus facile de se défendre ,il pleurera certainement sur la covid, et l’Ukraine, pour justifier son bilan catastrophique sur tous les points.

  4. Pourquoi Macron s’abaisserait-il à débattre de la situation d’un pays dont il n’a que faire. Comme il l’a prouvé à mainte reprise, les français qu’il ne respecte pas, et qu’il préfère emmerder ne représentent rien pour lui. Ils ne sont que le paillasson sur lequel il essuie ses pieds avant de monter toujours plus haut. J’espère seulement que la roche tarpéienne est toujours près du Capitole

  5. Faut-il rappeler que le Senior vice-président de Kantar, propriétaire de la SOFRES, l’un des plus anciens et importants sondeurs français, n’est autre que Sébastien Auzière depuis janvier 2016 ?
    Celui-ci est le fils âiné de Brigitte Trogneux, divorcée Auzière et remariée Macron.
    Quand on connaît le fonctionnement et les méthodes des sondeurs, on peut en conclure que le hasard fait bien les choses.

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