Un hommage national… sans l’Éducation nationale : j’ai honte

drapeau en berne

Durant ce chemin de croix des familles, depuis une semaine, nous, les amis, de loin, nous avons un pied et toute notre âme avec elles, et l'autre pied dans la vie du monde qui suit son cours. Au travail, ce sont les élèves les plus émus, les plus curieux de savoir, de comprendre. Qui était-il, ce jeune capitaine ? Vraiment, vous le connaissiez ? On se disait que, pour le jour de l'hommage national décidé par le président de la République, nous recevrions des consignes pour un temps d'explication, de recueillement, une minute de silence. Comme cela s'est souvent fait.

Et puis, vendredi soir, nous avons guetté notre boîte mail professionnelle : le ministre Blanquer, le recteur allaient bien envoyer le message attendu... En vain. Lundi matin, rien non plus.

Quand on sait la quantité de journées de ceci ou de cela que nous sommes tenus d'organiser, plus nombreuses que les saints du calendrier, on se dit que quelque chose ne tourne pas rond.

Certes, l'hommage des Invalides associait des classes des villes des régiments touchés. Certes de nombreux enseignants, des établissements privés se sont associés à l'hommage. Certes, dans les villes concernées, il y a eu d'heureuses initiatives des chefs d'établissement, comme dans les deux lycées de Villeneuve-sur-Lot.

Mais le pays, la nation, l'Éducation nationale ? Une réforme mal ficelée à gérer ? Une grève à préparer ? Pas le temps ? Pas d'idée ?

La diffusion en direct, en début d'après-midi, du discours du président de la République, avec l'évocation de ces treize héros, suivie d'un temps d'explication et d'une minute de silence, aurait été un moment fort dans nos classes.

Mais non, cette grande machine qui déborde quotidiennement d'idées et d'initiatives, de circulaires, n'a pas su, pas voulu. Que chacun se fasse son explication.

Alors, j'ai repris mon cours : l'autobiographie, La Promesse de l'aube, Romain Gary, chapitre 1 :

« Ma mère avait fait cinq heures de taxi pour venir me dire adieu à la mobilisation, à Salon-de-Provence, où j'étais alors sergent instructeur à l'École de l'Air. »

Et, devant l'émotion et la coïncidence, ce sont les élèves qui m'ont arrêté : « Monsieur, on fait une minute de silence. »

En rentrant, je tombe, sur Twitter, sur le poème de Clément Frison-Roche, écrit alors qu'il était aspirant :

« Et s'il m'advenait de périr en ton nom,
Ce serait avec foi mais non sans une question
Pour que vive France et la gloire de son nom
Je te lancerais sans haine ce dernier affront :

Tandis que mon chant du cygne, funeste merveille,
Pareil au flot gémissant de mon sang vermeil
Fera couler ces mots aux mille résonances :
“France, ma France, qu'as-tu fait de ta reconnaissance ?
” »

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