Sur Facebook, ce 25 juillet, Édouard Philippe et Mme Buzyn ont répondu aux questions des Français concernant la PMA. La voix d’Édouard Philippe avait ce charme hésitant qu’on lui connaît et la voix de Mme Buzyn était celle, posée, des grandes occasions, comme lors de la fronde hospitalière. Édouard Philippe reconnut avoir changé d’opinion sur la PMA, à laquelle il était opposé, il y a cinq ans. Mme Buzyn, elle, n’avait pas d’idée préconçue : c’est son expérience qui lui avait montré l’importance, et même « l’obsession » pour certaines, de la parentalité que cette loi harmonisera, encadrera et sécurisera. Or, ce projet de loi, dense et complet, de trente articles, fruit d’un travail considérable, ne contrevient en rien à nos grands principes de bioéthique. Mieux : les experts en tout genre ont prouvé que rien n’y nuisait à l’intérêt de l’enfant. Là, ne serait-ce pas, Madame le ministre, pousser un peu loin le bouchon ?

Écoutons l’antienne. La société a changé : la monoparentalité fait partie des mœurs. Ce n’est pas d’un père qu’on a besoin, mais de « repères et de figures ». L’important est d’être entouré d’amour. Bien entendu, la GPA n’est pas au programme car PMA et GPA sont deux démarches différentes. On est « assez d’accord » que l’enfant n’est pas une marchandise.

Concernant l’accès aux origines, « le donneur, qui a participé quelque part » à la fabrication de l’enfant, devra accepter la levée de l’anonymat du don. S’il refuse, pas de don : c’est clair. Les renseignements, eux, seront collectés dans une commission au sein de la banque des données. D’où la nécessité d’accompagner une grande campagne pour avoir plus de donneurs. Mais, enfin, on a déjà un stock de gamètes.

Le coût. Seuls 4 % des couples hétéros sont concernés. Aux 15.000 tentatives de fécondation annuelles, 2.000 couples (12.000 tentatives supplémentaires) seraient à ajouter. Quand on sait qu’une insémination avec donneur coûte 950 euros et que six sont autorisées ; qu’une FIV coûte 2.500 euros et que quatre sont autorisées ; que 25.000 enfants naissent ainsi, on comprend qu’il n’y aura qu’« un impact à la marge » pour la Sécurité sociale. Tout cela est rassurant.

Un (ou une) internaute posa cette question : la femme devra-t-elle « se présenter avec son donneur » ? Sourire de notre ministre. Bien sûr que non ! Personne ne posa la question de savoir en quoi cette PMA concernait la Sécurité sociale ni quel était « le progrès », pour une femme, de recevoir « le don » gracieux d’un homme dont elle ne connaissait pas le visage. Et, pour un enfant, de ne pas être élevé par son père, comme il en a le droit, ou d’en connaître quelques données non identifiantes, à l’âge de 20 ans.

La présentation cavalière de cette loi était sidérante. Était-ce un ballon d’essai ? Dans ce cas, que le gouvernement se rassure : s’il est un point du débat non négociable, c’est qu’un « père » n’est pas un « repère ». Et que naître sans père ne doit pas être « la faute à pas de chance ». Un seul remède existe : ne pas rembourser l’insémination hétérosexuelle avec tiers donneur.

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28 juillet 2019 à 15:23

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