[Tribune] Agression d’un vigile à Paris : face à la France « Orange mécanique », la solution sécurité privée

Policenationale

Le 23 mars dernier, vers 21 heures, un agent de sécurité privée âgé de 62 ans était sauvagement agressé au centre commercial des 4 Temps à La Défense. Son agresseur qui, à ce jour, n’a semble-t-il toujours pas été formellement identifié, même si un suspect a été interpellé, venait en effet de se voir refouler des lieux pour une raison encore inconnue. Cet acte barbare, largement repris par certains médias, n’a pas manqué de faire le tour des réseaux sociaux, illustrant ainsi, une fois de plus et sans conteste possible, l’état d’insécurité chronique dont souffre aujourd’hui notre pays.

Au delà des chiffres annoncés par le ministère de l’Intérieur, qui font état d’une progression significative des infractions concernant les violences aux personnes (+12 % en 2021 et même +33 % concernant les violences sexuelles), la société française est bien plongée, désormais, dans l’univers « Orange mécanique » révélé par Laurent Obertone dans son livre éponyme. Ainsi n’est-il pas de jour sans que ne soient rapportés par la presse nationale ou régionale, même s'ils sont souvent minimisés ou relativités, les faits divers les plus sordides et les plus brutaux. Ce n’est donc pas sans raison qu’à la veille d’élections majeures pour le pays (présidentielle et législatives), les Français placent la lutte contre l’insécurité parmi leurs principales préoccupations. Et c’est à juste titre qu’ils dénoncent le mauvais bilan du quinquennat passé, qui vit le Président sortant attendre les toutes dernières semaines de son mandat pour sembler s’intéresser à la sécurité de ses concitoyens.

C’est, en conséquence, un chantier monumental qui attend le prochain chef de l’État. Il lui faudra à la fois réhabiliter l’action des forces de l’ordre dans la lutte contre le crime, notamment en leur en donnant des moyens juridiques et matériels. Et redonner aux Français cette confiance en la puissance publique, qui a disparu depuis longtemps. Pour y parvenir, seule une détermination sans failles et des efforts financiers importants pourront avoir des résultats tangibles.

Ce que nous apprend également cette agression sauvage, c’est l’existence, au sein de notre système sécuritaire, d’une corporation souvent méconnue et parfois sous-estimée. Actuellement, le marché de la sécurité privée représente près de 6.000 entreprises pour huit milliards d’euros de chiffre d’affaires. Il emploie (en 2019) 180.000 personnes, soit plus que la police nationale, qui compte environ 150.000 policiers, ou que la gendarmerie nationale, forte de 100.000 militaires. Et ce chiffre est en constante progression. Le secteur de la sécurité privée est cependant extrêmement composite. En effet, avec de multiples spécialités qui vont de l’agent de sécurité incendie à l’agent de sécurité privée en passant par les agents de sûreté aéroportuaire, ces professionnels dont on peut observer les missions au quotidien sont peu reconnus, souvent mal rémunérés et bénéficient de statuts peu protecteurs.

Pourtant, ils sont, dans le contexte d’insécurité que l’on connaît, des acteurs incontournables de la tranquillité et de la paix publiques dans notre société. Aux côtés des forces de l’ordre, ils participent à des missions qui peuvent parfois apparaître comme secondaires, mais qui sont autant de tâches importantes et incontournables.

Dans le cadre de la réorganisation globale de notre politique de sécurité intérieure, laquelle devra nécessairement intervenir rapidement afin de faire face aux nouveaux enjeux sécuritaires, la sécurité privée devra prendre et trouver toute sa place. Pour cela, c’est toute une filière qu’il faudra homogénéiser, former et préparer à de nouvelles formes de coopération avec les autres services de sécurité, qu’ils soient nationaux ou municipaux. Actuellement, la disparité des structures existantes, leur manque « d’interopérabilité » et, malheureusement, souvent leur concurrence privent notre pays d’un outil qui pourrait être redoutablement efficace et qui permettrait d’offrir aux Français une sécurité plus aboutie et plus efficace.

La sécurité est l’affaire de tous. Certes. Mais elle est surtout l’affaire des professionnels. Il appartiendra, en conséquence, au prochain ministre de l’Intérieur de se pencher sur ce dossier épineux mais indispensable pour qui veut, pour demain, une France apaisée et pacifiée.

Olivier Damien
Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Je touche une retraite de la police nationale et considère que les passages au champ de tir sont trop raréfiés, pas assez de pratique. Depuis le temps, les lois ont changées donnant plus de pouvoirs aux délinquants et criminels, dans ces conditions, c’est très problématique d’assurer le sécurité des citoyens. Je me souviens de mai 68, ce n’est plus du tout comme ça, à ce moment, c’était les casseurs cassés. Il faudrait que ça change en mieux.

  2. Macron le médiocre n’a rien résolu en 5 ans et ne pourra rien faire de mieux que de déconstruire plus encore notre PAYS si par malheur il est réélu. C’est le nouveau Chef d’Etat qui traitera en priorité l’INSECURITE et l’INJUSTICE encore faut-il que tous les Gaulois aient compris le péril qui nous menace pour enfin choisir le meilleur candidat le 10 Avril afin que la France retrouve en priorité cette vie paisible que 2 générations n’ont pas eu le bonheur de connaître.

  3. La Sécurité, c’est bien, mais doit être relayée par un soutien judiciaire ferme et constant, ce qui est loin d’être le cas. A quoi bon mettre la main sur un contrevenant délinquant, si c’est pour le retrouver en liberté de récidive quelques heures après?
    Un réforme de la Justice s’impose, et vite…!

  4. La nature ayant horreur du vide, fatalement, les fonctions de protection de la police seront assurées par les citoyens, avec plus ou moins de bonheur et d’efficacité. Policier, c’est un métier! Mais il faut aussi que la justice suive, qu’on ne voie plus de délinquants relâchés faute d’encre dans une imprimante, ou dispensés de peine faute de place en prison. Et de la place, on pourrait en faire en expulsant les délinquants étrangers à l’issue de leur peine!

  5. Contrairement à la doxa ambiante, il faut soigner le mal par le mal pour les individus qui s’y adonnent, ou pour le moins les rendre plus hésitants face aux conséquences physiques que cela entraînerait chez eux. Tout le reste n’est que du vent. Et, au-delà, on psychiatrise.

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