Témoignage d’un habitant de Lesbos : « La vie des insulaires a dramatiquement changé ces quatre dernières années ! »

© Makis Pavlellis
© Makis Pavlellis

Depuis quelques jours, des milliers de migrants se ruent vers la frontière grecque, suite à la décision d'Erdoğan d'ouvrir les vannes. Un phénomène qui n'est pas nouveau pour Dimitrios Gialamas, un habitant de l'île de Lesbos interrogé par Boulevard Voltaire.

 

Quelle est la situation migratoire à Lesbos ?

À l'heure actuelle, Mytilène, la capitale de l'île, compte environ 25.000 étrangers (sur environ 86.000 habitants en 2011, source Wikipédia, NDLR), alors qu'à Mória et dans d'autres plus petites installations, on en trouve environ 27.000.

 

Cette crise était-elle prévisible ?

Oui, je pense que c'était prévisible puisque ces déplacements de populations précis ne sont pas un phénomène datant d'à peine quelques jours. Les grands déplacements de populations ont commencé en 2015, avec quelques fluctuations.

 

Qui est responsable de cette situation ? La Turquie ? L'Union européenne ? La mondialisation ?

Les responsabilités, en ce qui concerne les frontières grecques, doivent être recherchées du côté des gouvernements grecs depuis 2015 jusqu'à aujourd'hui. Il y a eu une grande tolérance, côté grec. Cette tolérance a été soutenue par les centres de décisions de l'Union européenne. Alors que, par exemple, des initiatives de l'Union européenne pour la surveillance des frontières comme Frontex n'ont eu que peu d'efficacité. L'Europe (l'Union européenne, NDLR) est un centre important de décision à un niveau mondial, il y a, en son sein, des centres (de décisions, NDLR) qui promeuvent la mondialisation sur notre continent. La Turquie, à son tour, y trouve sur un plan géopolitique une occasion d'expansion, d'augmenter les populations musulmanes en Europe, et principalement en Grèce.

 

Quel impact sur les habitants ?

La vie des insulaires a dramatiquement changé ces quatre dernières années. Le phénomène des vols/cambriolages est désormais quotidien. Les femmes ne circulent plus aussi facilement à la tombée du jour. La population des étrangers, surtout ces derniers mois, n'est plus gérable. Des services cruciaux comme celui de la santé sont saturés à un degré terrible. L'hôpital local doit gérer une énorme masse de patients, ce qui menace la santé publique.

 

On est saturé d'images de journalistes et d'humanitaires molestés par les locaux : est-ce la réalité ?

Oui, ces derniers jours, il y a eu des attaques contre des membres d'organisations non gouvernementales. Une grande partie de la population locale pense que les ONG facilitent l'immigration clandestine, et ça n'est pas une vue de l'esprit, il y a des preuves. Par exemple, des membres d'ONG se trouvaient à un moment précis à un endroit précis de la côte, sachant exactement quand les barques allaient arriver. Après près de cinq ans, il y a de la colère et de l'indignation sur le rôle de tous ceux-là et pas besoin de motivation idéologique pour l'expliquer.

 

Entretien réalisé par Marc Eynaud et Nikola Mirkovic

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