[Livre] Le plaidoyer d’Eugénie Bastié pour la différence des sexes

homme-femme
Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 10/03/2023.

L'été : l'occasion pour beaucoup de se plonger enfin dans ce livre dévoré des yeux toute l'année sans pour autant avoir eu le temps de s'y plonger. À cette occasion, BV vous propose une sélection de ses meilleures recensions. Aujourd'hui, Sauver la différence des sexes, un court essai dans lequel Eugénie Bastié rappelle l'évidence. 

Il en faut, du courage, aujourd’hui, pour défendre la différence des sexes ! C’est insensé et pourtant si vrai… Dans un court essai publié aux Éditions Gallimard, Eugénie Bastié, reprenant son allocution devant l'Académie des sciences morales et politiques, tire sa plume pour défendre « ce prodige visible comme s’il était invisible ».

Rappeler l’évidence

À l’aube du XXe siècle, Chesterton s’inquiétait. Un jour, « on allumera des feux pour attester que deux et deux font quatre. On tirera l’épée pour prouver que les feuilles sont vertes en été », avertissait l’écrivain. Cent ans plus tard, sa prophétie se réalise tragiquement. « Aux États-Unis, en Angleterre et même dans notre pays, des hommes et des femmes sont chassés des universités, voient leurs conférences annulées […] parce qu’ils ont osé affirmer qu’il n’existait que deux sexes. » Alors que la différence des sexes « est la première chose, l’identité la plus immédiate qui saute aux yeux », affirmer qu’il existe deux sexes n’a aujourd’hui plus rien d’évident. Au contraire, l’indifférenciation des sexes, « ce mensonge énorme », prospère dans le débat public.

En une trentaine de pages, Eugénie Bastié tente de rappeler l’irréfutable. D’un côté, il y a la femme, maternelle, attachée au concret et courageuse. De l’autre, se tient l’homme, protecteur, porté par un certain sens de l’honneur et de la virilité. Tous deux forment un « mystère sans cesse en voie d’élucidation ».

Adieu homme et femme

Cette si belle réalité et complémentarité subit les assauts des chantres de la théorie du genre. Après avoir piétiné le mot « mademoiselle », après avoir interdit l’expression « homme-femme » dans les cours de danse à Sciences Po, voilà que le mot « femme » fait à son tour l'objet de tentatives d'invisibilisation. Au nom du gender, « il s’agit d’en finir avec la polarisation universelle du genre humain en deux sexes, jugée arbitraire, au profit, d’une "transidentité" floue ». Adieu homme et femme… Désormais, place au trans, devenu, à l’image de l’ouvrier pour les marxistes du XXe, « la figure tutélaire de la nouvelle révolution du genre ». Et voilà, maintenant, que ces tenants de la déconstruction, adeptes de la cancel culture, réclament la bénédiction de l’État. « Ce qui était autrefois revendiqué comme une forme de marge devient la revendication d’une nouvelle norme. »

Face à cette offensive déconstructiviste, il est temps – et même urgent – de répliquer. « Car si, de fait, le donné brut de la différence des sexes sera toujours là, sa mise en forme en culturelle, et même civilisationnelle, peut disparaître et l’humanité irait au-devant de graves ennuis. » Les femmes en premier, qui ont tant lutté pour leur émancipation, « devenues des homme comme les autres », se retrouvent prises au piège de leur propre combat. Les voilà désormais contraintes de jongler entre le rôle de « mère attentive » et celui de « success-woman ». « S’ensuivent d’inévitables frustrations », selon la journaliste du Figaro.

Les hommes, eux, voient leur rôle disparaître sous les procès : virilité toxique, paternité détricotée, déclassement sur le marché du travail… Si le féminin est menacé, « jamais le masculin n’a été aussi en danger », écrit Eugénie Bastié. Ce déclin des hommes semble inexorable. « Ils appartiennent à un sexe qui n’a plus de raison d’être. » Poison lent qui s’immisce entre l’homme et la femme, cette déconstruction pourrait nous conduire à « une guerre de tranchées » entre les sexes, affirme Eugénie Bastié. Par ce plaidoyer, l'auteur appelle à sauver la différence des sexes, ce chef-d’œuvre de la nature.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:21.
Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

36 commentaires

  1. Eugénie est brillante. Avec Gabrielle Cluzel, Élisabeth Levy et Charlotte D’Ornellas, nous avons affaire à des journalistes dignes de ce nom.

  2. La première constatation à la naissance (et même avant grâce aux progrès de la science) d’un enfant : « c’est un garçon ou c’est une fille » et pas autre chose.

  3. j’ai rescemment visionné un documentaire qui montrait par un appareil scientifique de reproduire via des électrodes scotché sur la peau au niveau du bas ventre de jeunes hommes  » consentant » évidemment pour faire l’expérience de ce que sont les douleurs mensuels des règles, çà semblait très éfficace, et les jeunes hommes et hommes plus agés ayant accepté l’expérience n’en revenaient pas du niveau de douleur que celà pouvait atteindre ! je pense que cela devrait être imposé à tout les hommes qui ont des vélléité de changer de genre ! Mon beau frère avait coutume de dire que si pour l’accouchement c’était  » chacun son tour » il n’y aurait que 2 enfants par famille !

  4. Pour paraphraser Charles Gave à propos du véganisme : « Au bout de 3 jours de famine, tout rentrera dans l’ordre des choses »

  5. « On ne naît pas femme on le devient » … de même que l’on apprend à devenir un homme au bout d’un long et difficile apprentissage. De même que l’on tend à devenir « humain » au bout d’un laborieux processus de socialisation et de construction de la personnalité. Les âneries de la femme Beauvoir (Simone) n’ont pas fini de nous polluer…

  6. Cette guerre de tranchées ne se tient que dans un microcosme qui se complait à transgresser. On en revient à ce besoin intime de « paraître », l’exhibitionnisme vernal ou physique n’étant que le vecteur porteur d’une faiblesse de la personnalité individualiste. Se distinguer par l’outrance. Les Rousseau, Tondelier, Armanet ,… en sont des caricatures. Le fond du peuple se tient éloigné voire ignorant de ces dérives. Il agit toujours selon Nature , une vague incontournable, inépuisable, renouvelable à l’infini dans l’indifférence des élucubrations du monde. Un homme, une femme, à l’évidence.

    • Il n’y a pas de guerre de tranchées, il n’y a que des discours d’une « minorité agissante » qui profite de la bienveillance de la majorité (ou l’indifférence, la méconnaissance, qu’importe…) pour s’ingérer en tortionnaire de la pensée.

  7. Je me pose une question: Quand va-t-on modifier les numéros de sécurité sociale, qui n’indiquent que 2 sexes, dont le masculin est le n°1? Je plaisante, bien sûr, mais ai-je complètement tort?

  8. Notez la modification (ancienne) du Code du Travail : « tout le monde (femmes enceintes comprises) peut porter les mêmes charges, et avoir la même durée de travail (à l’époque, 39 h) »
    Donc, les sacs de ciment – à l’époque, 50 kg…
    Oui, ce fut le progrès, sous le « règne » de François Mitterrand…

  9. Mephistophélès disait « méfie toi de ce que tu souhaites, il se pourrait bien que tu l’obtienne ».
    L’illustration de cette maxime s’est faite en Suisse.
    Chez nos voisins helvétes, le service militaire est toujours une réalité. On peut toutefois s’en dispenser, mais pour cela, il faut consentir à un niveau d’imposition plus élevé pendant de nombreuses années.
    Les femmes en ont toujours été dispensée et, en plus, elles bénéficiaient d’un départ à la retraite plus précoce.
    A force de revendiquer tout et n’importe quoi, les féministes suisses ont fini par avoir cette égalité qu’elles voulaient tant. Elle vont donc bientôt partir en retraite au même âge que les hommes. Pour le service militaire, l’option du taux d’imposition relevé est à l’étude.

  10. Il suffit de remettre le service militaire obligatoire et les néo féministes ne voudront plus être des hommes comme les autres.
    Même sans cela, si la guerre approche, elles seront soudainement très attachées à cette différence qui les exemptent d’aller à la boucherie.

  11. Ah qu’est-ce qu’ils pouvaient se payer ma poire quand je râlais contre les outrances féministes, en 1962 ! ah ce que j’ai pu faire gondoler tout le monde ! Ridicule, j’étais on ne peut plus ridicule !

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