C'est Libération, excellent baromètre de la pensée de gauche, qui s'en fait l'écho dans son édition du 6 août : il y a un espoir Taubira. L'apparition de l'ancien garde des Sceaux, courant juillet, au Festival international de journalisme de Couthures-sur-Garonne (c'est beau comme du Groland), a prolongé la sourde rumeur.

Libé, en effet, avait bien constaté que des autocollants et des tracts « Taubira 2022 » avaient fleuri, çà et là, dans les endroits où il fallait être : manifestations pour le climat, contre l'extrême droite, marche « des fiertés »... Le collectif (citoyen, probablement, serait-on tenté d'écrire) qui œuvre pour Christiane Taubira avoisinerait maintenant les 100.000 personnes. Dix fois moins que le nombre de manifestants contre le mariage pour tous, au passage, mais enfin, selon que vous serez rétrograde ou progressiste...

Christiane Taubira n'a rien demandé, paraît-il. Le collectif a été lancé sans son consentement. Au milieu de ce festival de journalisme, cependant, elle était chez elle (c'est-à-dire au milieu de la célèbre presse indépendante) et s'est complaisamment entretenue avec ses fans. Elle rejoint, en cela, Arnaud Montebourg et... Éric Zemmour, eux aussi soutenus par un collectif auquel ils n'ont rien demandé, et ravis d'attirer les regards.

Immense espoir donc, pour le « peuple de gauche », que cette candidature : gauchiste, progressiste, féministe, décoloniale, la Pythie du nouveau-nouveau-monde s'exprime dans un sabir prétentieux, hermétique, exaspérant, vaguement césairien, que ses soutiens prennent pour une succession de géniaux aphorismes. Grand écart parfait entre les banlieues haineuses et les intellos du centre-ville.

On frémit en imaginant ce que pourrait être son programme. On tremble à l'idée de la composition de son gouvernement.

Vivement 2022 !

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08 août 2021 à 23:47

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