[STRICTEMENT PERSONNEL] « Tu es vaincu, Galileo ! »

Le succès de « l’affaire Trogneux » est le signe, parmi bien d’autres, d’un changement d’époque et de mentalité.
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« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ! » Le célèbre adage de Francis Bacon, repris et accommodé à sa façon par Beaumarchais, avant d’être mis en musique et orchestré par Rossini, n’a rien perdu, au fil du temps, de sa pertinence et, donc, de son éternelle actualité. Fabulez, caricaturez, affirmez, confirmez, détaillez, enrichissez, la plus énorme des énormités, la plus inattendue, la plus invraisemblable, la plus insoutenable, la plus grotesque, la plus noire, la malveillance, la sottise, l’ignorance et la crédulité seront toujours au rendez-vous, aujourd’hui comme hier et demain comme aujourd’hui, pour l’avaler, l’enjoliver, la colporter, l’instiller, puis l’installer à demeure dans les esprits, la faire passer du statut de l’hypothèse à celui de la certitude, de la vérité cachée que de puissants intérêts, fatalement porteurs de complots et de mensonge, ont vainement tenté d’étouffer au berceau.

L'accélérateur des réseaux sociaux

Ainsi va le monde, depuis toujours. La grande nouveauté est que la rumeur assassine qui se propagea longtemps de bouche à oreille, de ville en bourg et en hameau, sur les marchés et sur les foires, portée par les diligences, au pas des chevaux, a trouvé au rythme des progrès de la technique, et notamment ceux de la communication, de nouveaux chemins. Désormais, pour prospérer et répandre son venin, elle utilise toujours, bien entendu, les commères et les idiots du village planétaire, elle enfle grâce aux derniers journaux à scandale, elle s’insinue dans les conversations, dans les échos, dans les émissions, dans les papotages de la radio et de la télévision, mais son canal le plus rapide, le plus nocif, le plus destructeur, le plus meurtrier, est bien entendu l’ensemble des « réseaux sociaux » qui, en pleine irresponsabilité et le plus souvent en toute impunité, la font circuler à la vitesse du son, voire de la lumière.

Exagération ? Un exemple suffira pour montrer qu’il n’en est rien. L’épouse de l’actuel président de la République française, longtemps et simplement présentée comme une femme et mère de trois enfants, dont nul n’aurait songé à mettre en doute l’identité biologique ni l’évidente féminité - les adversaires d’Emmanuel Macron lui reprochant seulement d’avoir initié prématurément son futur époux, encore mineur, aux jeux de l’amour, ce dont il semble s’être bien remis -, passe désormais, victime d’une campagne sournoise, salissante, acharnée, qu’en d’autres temps on aurait dite insensée, pour un homme sans qu’aucune preuve, aucun indice, aucun raisonnement, aucune image n'ait permis de nourrir cette élucubration aussi incroyable que persistante, au point qu’un nombre croissant de bonnes gens croient désormais, dur comme fer, à cette sinistre fable. Et qu’ils sont encore plus nombreux, de par le monde, à prendre un air informé et à murmurer qu’il n’y a pas de fumée sans feu…

À ce compte, suggérons aux faussaires et aux rigolos qui sont derrière cette forgerie d’utiliser quelques photographies d’Emmanuel Macron lorsque, juvénile et tout bouclé, il avait de faux airs d’angelot Renaissance. Quelques retouches habiles, quelques faux témoignages anonymes, et le tour est joué. Emmanuel Macron est une femme. Du coup, puisque Brigitte est un homme, leur couple est un couple comme tous les autres où la différence d’âge, dans ce sens, ne serait pas l’objet du même étonnement et des mêmes commentaires faussement ou sincèrement scandalisés.

Changement d'époque et de mentalité

Sérieusement, si bizarre que cela puisse sembler, la tournure et le succès de « l’affaire Trogneux » sont le signe, parmi bien d’autres, d’un changement d’époque et de mentalité. Qui aurait imaginé, dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969, lorsque toute la France, à l’unisson de toute la planète, suivait, émerveillée, les premiers pas de l’homme sur la Lune, qu’un demi-siècle plus tard, des millions de sceptiques, et majoritairement jeunes, contesteraient la réalité de l’exploit qui arrachait l’homme aux pesanteurs de la Terre et lui ouvrait les portes de l’espace. Ils préfèrent croire que Stanley Kubrick en personne, dans le secret de quelque studio hollywoodien, était le réalisateur moyennant quelques trucages élémentaires, d’une imposture.

Ahurissant ? Sans doute, mais combien significatif d'un fossé de plus en plus profond qui s’est creusé, ces dernières années, notamment en Occident. L’irrationnel n’a cessé de progresser aux dépens de la science, la rumeur, la croyance, la recherche d’une foi extraterrestre aux dépens de la rigueur, de la démonstration et de la preuve.

On est tenté de paraphraser et de détourner la célèbre et apocryphe apostrophe que l’empereur romain Julien était censé avoir lancée au Christ lui-même en constatant et en déplorant le triomphe de la religion nouvelle sur les anciens dieux de la mythologie : « Tu as vaincu, Galiléen ! » Galileo Galilei, plus connu chez nous sous le nom francisé de Galilée, avait avancé et démontré, au risque de sa liberté et au péril de sa vie, la fausseté du géocentrisme et le véritable fonctionnement du système solaire ? De récentes statistiques nous apprennent qu’un Français sur dix croit que la Terre est plate et que plus nombreux, encore, sont les citoyens états-uniens qui professent que le Soleil, comme au bon vieux temps, tourne modestement autour de notre planète, centre du monde, comme chacun le sait et le voit. « Tu es vaincu, Galileo ? »

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 26/04/2025 à 16:53.
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Dominique Jamet
Journaliste et écrivain Président de l'UNC (Union nationale Citoyenne)

Vos commentaires

129 commentaires

  1. Les astrophysiciens contemporains ne savent toujours pas si l’ héliocentrisme est vrai ; cela n’ a jamais été vérifié et les débats n’ existent pas sinon on pourrait constater qu’ils sont nombreux à pencher pour le géocentrisme ; Galilée avait imaginé , au service de son hypothèse héliocentrique , qu’il n’ y avait qu’une marée par 24 heures sans décalage ! . Robert Bellarmin ne pouvait accepter cette absurdité ; il a demandé des preuves ! Galilée avait aussi imaginé que le mouvement des planètes était circulaire or ce mouvement est elliptique ; Galilée a refusé de reconnaître que le père Grassi avait pu observer une comète ! c’ était un homme orgueilleux dépourvu d’ esprit scientifique .

  2. No comment : je me fous de Macron et de tout son entourage. La seule chose que j’attends de lui, c’est qu’il disparaisse dans les poubelles de l’histoire.

  3. « François47 », pour prolonger votre commentaire, vous aurez sans doute noté que « la production », à la logorrhée toujours emberlificotée, de M. Jamet, est immédiatement suivie par un encart publicitaire géant de son dernier livre « Le nouveau Candide », chez Flammarion.
    Comme certain, prêt à votre son royaume pour un plat de lentilles, ou d’autre pour qui Paris valait bien une messe…
    Ici, un coup de pouce, qui oblige à une (trop) longue réflexion ampoulée enfonçant des portes ouvertes sur le sexe des més.anges…

  4. Si les fact-checkers ne racontaient pas des bobards démentis par la suite, il serait plus facile pour les gens honnêtes de distinguer la propagande et les insinuations des faits objectifs. Par moment, on peut se demander si l’objectif de ces campagnes de propagandes aussi successives que contradictoires n’est pas de déboussoler l’opinion.

  5. En cette période de concile, une seule solution: ressortir la bonne vielle chaise percée et vérifier, pour proclamer « duas habet et bene pendentes »… ou pas…

  6. Une enseignante qui initie un élève de 15 ans, qui peut l’accepter ? Je n’oublierai jamais Gabrielle Russier qui s’est suicidée en prison après avoir été condamnée pour des faits similaires. La loi et la morale n’ont pas changé depuis cette époque.

    • En ce qui concerne Gabrielle Russier, il s’agissait d’une vraie histoire d’amour. Pour Macron 1er et la reine Brigitte, on ne sait pas… mais on peut se douter que c’en était aussi une, puisqu’ils ont fini par se retrouver. L’important, pour moi (et pas que !…) c’est que Macron disparaisse de nos vies et ee nos radars, et sa femme avec lui.

  7. A voir les commentaires unanimes, Mr Jamet a visé juste. Il y a un phénomène de société et, apparemment, bien des lecteurs se sont sentis dans le collimateur.

  8. Il est vrai qu’il suffit pratiquement d’ inverser les sexes dans le couple Macron, pour tomber sur un couple normal.
    Il suffit de peu de choses pour considérer que notre pays est en progrès.
    Le progrès est toujours un tel bonheur qu’ on a du mal à comprendre les réticences des conservateurs attardés simples d’esprit.

  9. Il est bien évident qu’un test ADN ferait taire toutes les rumeurs , ce que toute personne n’ayant rien à cacher ferait sans hésitation.

  10. Madame Macron a bien des enfants de son premier mari, non? Comment les aurait-elle fait si elle est un homme?

    • Quand on ne connait rien à l’affaire dont il est question on évite de la ramener . En résumé voici la thèse dans ses grandes lignes : Jean-Michel Trogneux , né en 1948 et père de 3 enfants AURAIT changé de sexe vers la fin des années 80 et SERAIT devenu ” Brigitte” , date à laquelle “elle” a commençé sa carrière de professeur de français .

    • M. Jamet, comme illustration des dégâts délétères de la délation, n’eut-il pas été préférable de choisir au autre exemple que celui d’une mère de trois enfants, professeur de 40 ans qui « initie » comme vous dites un gamin de quinze ans apparemment pas très affûté ? Décidément, semaine après semaine, vous m’épatez…..

      • Il vrai que monsieur Jamet est « épatant »… Et Boulevard Voltaire m’etonne de plus en plus en offrant un espace ses colonne à ce genre de farfelu. En ouvrant ses pages, je vient y chercher des infos sur la politique, et pas une dissertation sur le sexe de madame Macron. Pour cela il existe Ici Paris, France Dimanche ou Gala dont les pipelettes au QI d’huîtres se repaissent.

  11. « Lui reprochent seulement d’avoir initié prématurément… » : c’est déjà pas mal, car à 14 ans, monsieur, c’est passible de prison, surtout quand l’adulte est en situation d’autorité par rapport à l’enfant. Quant à l’identité réelle de la dame, pourquoi ne fournit-elle pas des preuves (de simples photos de mariage et de famille non truquées suffiraient).

    • La seule qu’elle ait fourni est celle d’une communiante qui selon les experts n’est pas elle. Quand à son mari, la photo qu’elle avait présentée n’était que celle d’un collègue de travail.

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