Il faut vraiment que l'heure soit grave pour qu'un capitaine sorte de son devoir de réserve, quitte à assumer les sanctions disciplinaires. Cela en dit long sur l’urgence de la situation. « La violence qui gangrène aujourd’hui notre société, comme en témoignent les récentes affaires d’affrontements entre bandes rivales dans les quartiers dits sensibles, mais aussi dans les zones rurales ou périurbaines, n’arrive pas à être prise en compte de manière judiciaire », explique Hervé Moreau, l’ancien commandant en second de la compagnie de gendarmerie départementale de Beaune au Figaro.

Dans Vérités d’un capitaine de gendarmerie, un livre édité à compte d’auteur et déjà vendu à plus de 5.000 exemplaires, il dénonce l’ensauvagement de nos campagnes, le laxisme judiciaire, mais également les « fumistes de notre profession, ceux qui bâclent les enquêtes et qui par conséquent ne répondent pas aux justiciables ». Pragmatique, tout ce qu’il écrit est issu de faits réels. Le discours est efficace et sans langue de bois : « Arrêtés puis relâchés, arrêtés puis relâchés... Et des dizaines de milliers de familles démissionnaires et qui s'en fichent du moment que les allocations rentrent. Voilà pour une partie la France d'aujourd'hui. »

Alors, bien sûr, le capitaine Hervé Moreau était prêt à payer le prix de sa liberté de parole. Ce sera un blâme. La sanction infligée par Florence Parly, ministre des Armées, est l’une des plus lourdes que l’on puisse infliger à un officier français. « Je m’étais préparé à des arrêts de rigueur, mais pas à ce désaveu terrible de la part d’une institution que je sers fidèlement depuis près de trente ans, dans l’armée de terre, puis dans la gendarmerie nationale », regrette-t-il dans Le Figaro.

Plus déterminé que jamais et prêt « à prendre tous les risques pour donner la parole aux gendarmes qui vivent des situations de plus en plus intenables et aux victimes que l’incurie de notre système judiciaire muselle et bafoue », Hervé Moreau envisage désormais de porter son combat en politique en se présentant, en juin 2022, aux élections législatives à Beaune. Une autre façon de s’engager, en mettant ses convictions et sa liberté de ton au service de sa nation.

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05 mars 2021 à 18:00

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