Scène de ménage à l’Assemblée

La semaine dernière, il fallait voir Laurent Wauquiez, postulant à la présidence de la « famille » LR, se contorsionner chez Jean-Jacques Bourdin pour expliquer qu’il n’était pas question d’exclure ces fameux « LR constructifs », vous savez, ces LR tout disposés à se faire manger tout cru par le boa constrictor Macron en votant la confiance au gouvernement Philippe. "Est-ce qu’ils sont dans le même parti que vous ?", insistait Bourdin. "Je repose la question. Il va bien falloir répondre." Réponse du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes : "Aujourd’hui, maintenant, ça n’a pas de sens de vous répondre. Ça va dépendre de ce que sera leur comportement."

Et aujourd’hui ? C’est tout vu, semble-t-il, au lendemain de la séance dantesque de mercredi soir à l’Assemblée nationale. Une séance qui a vu LR « canal historique » et LR « constructifs », tels des héritiers se battant pour les petites cuillères en vermeil de la tante Adèle, se déchirer au sujet de l’attribution du troisième poste de questeur, traditionnellement dévolu au groupe d’opposition le plus nombreux. Une scène de ménage qui laisse entendre qu’on n’est pas loin du divorce. Le groupe La République en marche (LREM) avait désigné ses deux candidats et, de son côté, le groupe LR « canal historique » le sien, en la personne d’Éric Ciotti. Quand, soudain, semblant sortir de nulle part, Thierry Solère, chef des « constructifs », déposa sa candidature, arguant qu’il appartenait, pour le coup, à l’opposition, et se retrouva finalement élu avec l’appui du groupe LREM. Exit la tradition.

S’ensuivit une séance rocambolesque, faite de claquements de porte et de chaises vides, pour in fine voir l’élection de six vice-présidents, tous LREM ou MoDem, et ce, aussi, en rupture avec la tradition. En effet, rappelons, par exemple, qu’à la dernière législature, Mme Vautrin et M. Le Fur (LR) étaient vice-présidents. La tradition ? "Mais tout ça, c’est de l’histoire ancienne, ça n’intéresse plus les jeunes", comme disait Guy-Hubert Bourdelle dans Papy fait de la Résistance !

La République en marche conforte donc une tendance inquiétante à l’hégémonie et ce, avec la complicité active de ces fameux « constructifs ». Mais rassurons-nous, Emmanuel Macron n’a pas de frère qui s’appelle Lucien ou de futur beau-frère général de cavalerie répondant au nom de Murat !

Bernard Accoyer, secrétaire général des LR, annonçait jeudi que le cas des députés « constructifs » serait examiné en bureau politique le 11 juillet prochain. Ah, tout de même, a-t-on envie de dire !

Car ces histoires de « famille » regardent tout de même les millions d’électeurs qui font encore confiance à cette formation politique, malgré l’immense responsabilité qu’elle porte dans l’élection d’Emmanuel Macron. Plus encore, ces histoires de « famille » regardent ces millions de Français qui attendent que les choses se clarifient à droite et qu’enfin, des Républicains restés dignes de l’héritage gaullien au Front national, les valeurs de droite soient défendues efficacement dans ce pays. Face au changement de civilisation qu’Emmanuel Macron veut imposer à la France, c’est une nécessité impérieuse.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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