Au cœur de la tempête sociale, des héros se lèvent et viennent jusqu'aux abords des sacs-poubelle crier la noblesse de leur combat. Bravant le ridicule et les quolibets, une poignée de militants de « Paris Animaux Zoopolis » (PAZ) est venue, place Saint-Sulpice, défendre la cause des rats. Oui, le moment est mal choisi. Oui, le rat est réputé se multiplier par temps d'abondance alimentaire. Mais rien n'arrête un bobo révolté par le sort réservé aux minorités. L'association entend interpeller la ville de Paris sur les conditions d'élimination du rongeur. « Parlent-ils de notre cher surmulot ? », a murmuré Anne Hidalgo à l'oreille d'un conseiller. « Je le crains », a répondu le saint homme. « Ces gens-là ne connaissent même pas le terme exact. Ce sont des manants. Des ratophiles de bas étage. »

Non loin de quelque amoncellement d'ordures ménagères, la porte-parole de PAZ a cité en exemple les États-Unis « qui testent des méthodes contraceptives, avec des appâts ».

La revendication retentit aux alentours. Des mamans rats sont favorables, les passants également. Qu'attend la mairie de Paris ? Selon la conseillère Douchka Mira Markovic, invitée le 9 mars sur le plateau de BFM TV, on étudie pour l'instant le comportement de la communauté surmulot et la reproduction du sac-poubelle. Deux espèces en voie de prolifération.

Dans ce contexte inapproprié et malgré l'éventuelle pertinence de la revendication, les militants parachèvent leur prestation lunaire par une description de la bestiole en des termes propices à la moquerie. Nous avons affaire à des perfectionnistes. Le riverain agacé par la grève des éboueurs peut ainsi apprendre de la bouche des manifestants que ces « animaux sont étonnants, intelligents, sociaux et même rieurs, dotés de surprenantes capacités d’empathie ». Ajoutons que certains sont encartés au PS et membres du fan-club de Sandrine Rousseau. Des cerveaux.

À ce portrait idyllique, la représentante omet d'ajouter la déclaration de l'Académie nationale de médecine, en juillet dernier : « Il importe de rappeler que le rat reste une menace pour la santé humaine. » L'Institut Pasteur selon lequel l'urine de la bête peut transmettre la leptospirose, une maladie qui peut s’avérer mortelle « dans 5 à 10 % des cas » n'est pas non plus à l'ordre du jour. La ratitude ignore ces institutions qui évoluent aux frontières du complotisme. Dans les dédales des sous-sols parisiens, des militants arborent fièrement l'inscription « Je suis rat ». Anne Hidalgo avertit ses électeurs : « Méfiez-vous des contrefaçons. »

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18 mars 2023

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