[SANTE] Surveillante poignardée : la santé mentale des mineurs en question

Les agressions par des mineurs ne sont ni des faits divers, ni des faits de société, mais des faits de civilisation.
santé mentale
Photo de Stefano Pollio sur Unsplash

Vous pourrez toujours siroter des mojitos cet été, les pics à glace échappent pour le moment à l’interdiction d’armes de catégorie D aux mineurs, mesure emblématique du chef du gouvernement face au meurtre de Mélanie à Nogent. Mais comme les portiques de sécurité, il est peu probable que cela suffise à ralentir la litanie d’agressions par des mineurs, qui ne sont ni des faits divers, ni des faits de société, mais bien des faits de civilisation.

Déconstruction soixante-huitarde et accueil massif d'une « autre culture »

Ironie du sort, le drame s’est déroulé devant un collège du nom de Françoise-Dolto, créatrice de l’enfant roi dans la foulée de Mai 68. À la déconstruction générale qui s’ensuivit -particulièrement aboutie dans la Justice et l’Éducation nationale - s’est ajoutée, depuis, l’accueil massif d’une culture qui absout volontiers le petit mâle de ses pulsions, surtout quand le père est absent, avec pour résultat des enfants sans surmoi, à l’ego hypertrophié, intolérants à l’autorité et à la frustration.

L’un et l’autre s’apprenaient tout naturellement chez ceux nés sous de Gaulle, voire sous Coty. Après avoir redouté de fâcher le maître, en sortant de l’école communale, on rentrait à la maison en bandes par le chemin des écoliers, avec un crochet par le terrain de foot ou par la forêt pour construire des cabanes (avec des couteaux !). Là, on apprenait à supporter l’autre, ses moqueries, son mauvais caractère, mais avec lesquels on apprenait à composer, s’accommoder, être frustrés ; et sur le chemin du retour, ça finissait par des tapes amicales dans le dos.

Une socialisation inconnue de ceux qui, dès le portail du collège franchi, s’absorbent dans des écrans où ils croient avoir plein d’amis mais qui ne sont que des followers, auprès desquels ils veulent briller par des actions spectaculaires.

On sent bien qu’une décennie au moins sera nécessaire dans plusieurs domaines pour retrouver les conditions d’un retour à la normale.

Troubles de la santé mentale des jeunes en hausse et baisse des moyens

Au premier rang de ces conditions, le diagnostic et la prise en charge des troubles de santé mentale des enfants et adolescents, que le Covid-19 a éloignés des relations interpersonnelles à un âge crucial, tandis que les médias leur martèlent une apocalypse climatique anxiogène. Ainsi, depuis 2020, les tentatives de suicide ont nettement augmenté, surtout chez les filles, tandis que le secteur hospitalier a enregistré, en 2024, une hausse de 32 % de la consommation de soins psychiatriques chez les 5 à 19 ans.

Fin 2005, on a beaucoup moqué Nicolas Sarkozy - alors ministre de l'Intérieur -, qui proposait dès l’âge tendre le « dépistage précoce des enfants présentant des troubles du comportement ». Rien n’a bien sûr été fait, mais vingt ans après, Élisabeth Borne souhaite à son tour que chaque établissement scolaire mette en place, d’ici la fin de l’année, un protocole de repérage et d’accompagnement des jeunes présentant des signes de souffrance mentale.

Fort bien, mais avec quels moyens ? La psychiatrie est le parent pauvre d’une famille médicale déjà décimée, et plus encore son secteur infantile. Depuis 2019, le nombre de médecins scolaires a baissé de 30 %, avec aujourd’hui 40 % de postes vacants. La visite médicale obligatoire en sixième n’est faite que par 18 % des élèves, et seuls 62 % bénéficient d’un dépistage infirmier.

On est ainsi passé de la société névrotique des violences ordinaires de l'enfant roi à celle, transgressive, de l'enfant tyran, pour aboutir à une société psychotique de l'enfant meurtrier où l'autre n'existe plus.

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Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Et si tout simplement ces gamins sans repères manquant d’une autorité toute simple qui sait dire NON ! A force céder à tout, sans que rien jamais quiconque leur résiste, la moindre contrariété déclenche des colères. Que s’ensuivent alors des troubles de comportements, quoi de plus prévisible. Se limiter à les dépister revient à mettre la charrue avant les bœufs.

  2. Bien sur mon commentaire trop réaliste supprimé
    Bien sur ne pas nommer qui peut porter un couteau et surtout s’en servir !
    Par contre les pauvres gamins se sont pris le covid, le confinement, les masques en classe et au sport c’est sur que ça n’a rien arrangé !

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