Samuel Pruvot : « Le cardinal Barbarin paye aussi pour tous les autres »

Samuel Pruvot

Après l'annonce de la condamnation du cardinal Barbarin, réaction, au micro de Boulevard Voltaire, de Samuel Pruvot, rédacteur en chef au journal Famille chrétienne.


Le Cardinal Barbarin a été condamné à 6 mois de prison avec sursis.
Cette peine n’avait pas été demandée.

C’est bien sûr un coup de théâtre. L’association ‘’la parole libérée’’ disait ne pas vouloir la tête d’un homme, mais secouer toute une institution. C’est bien ce qui arrive. Au-delà du Cardinal Barbarin, c’est l’institution catholique elle-même qui est ébranlée.
D’ailleurs, Philippe Barbarin est sans doute le prélat français le plus proche du Pape François. C’est à lui qu’il ira remettre sa démission.

Le Cardinal Barbarin, dans une très courte allocution de moins de 30 secondes devant la presse, a redit sa compassion pour les victimes et surtout qu’il allait présenter sa démission au Pape François. Selon certaines rumeurs, cette démission avait déjà été refusée…

Je ne suis pas dans le secret des dieux. En revanche, ce qui est certain, c’est qu’à plusieurs reprises le Pape François et le Cardinal Barbarin ont évoqué l’éventualité d’une démission. Et elle n’a pas eu lieu.
Le critère ultime pour le Pape et pour le primat des Gaules était la capacité ou non de gouverner. Aujourd’hui, le Cardinal Barbarin se rend compte sans doute avec dépit qu’il n’est plus en mesure de gouverner son diocèse à cause des énormes boulets qu’il a aux pieds après cette condamnation.

Ses avocats ont annoncé qu’ils allaient faire appel. Y aurait-il une possibilité qu’il ne soit que suspendu en attendant le résultat de l’appel ?

Je ne crois pas. Je pense qu’il y a un avant et un après procès Philippe Barbarin. Ce qui est nouveau du côté de la justice, c’est cette pression médiatique énorme. Je ne dis pas qu’elle tord les décisions de justice, mais elle les influence. Concrètement, avec les mêmes personnes et les mêmes faits, on a eu deux jugements différents, alors qu’il n’y a aucun élément nouveau.
C’est comme le réchauffement climatique, c’est le climat qui change, mais pas seulement les faits.
Par conséquent, l’Église dans son ensemble et tous les évêques français vont devoir en tenir compte.


François Devaux de la parole libérée confiait au Point que la justice des hommes n’était pas celle de Dieu.
Y avait-il derrière ce procès Barbarin un peu le procès de l’épiscopat ?
L’Église n’a-t-elle pas payé à travers cette affaire 40 ans de silence et d’étouffement d’affaires ?

Je pense qu’une partie est juste dans ce que vous venez de dire. Le Cardinal Barbarin paye médiatiquement et aussi pour tous les autres. D’ailleurs, le rendu du jugement est explicite. Il paye pour ses prédécesseurs et la mauvaise gestion de ses prédécesseurs. Ce n’est pas l’Église qui le dit, mais le tribunal.
Il paye en effet pour un certain silence. Là, c’est le Pape François qu’il l’a dit explicitement à plusieurs reprises. Il y a eu un silence coupable dans l’Église concernant ces agressions pour défendre l’institution. Du côté de l’Église catholique et du pape en premier lieu, il y a un avant et un après. Dorénavant, il est impossible de vouloir défendre l’institution pour aucune raison aux dépens des victimes. Et cela est évidemment une très bonne chose.

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Samuel Pruvot
Rédacteur en chef à Famille chrétienne

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