Le sabre de Dieu s’abat sur Manhattan

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Sayf Allāh al-Maslūl (سيف الله المسلول‎‎), "sabre dégainé d'Allah", était un fidèle des fidèles du prophète Mahomet : « …reconnu pour ses tactiques et ses prouesses militaires, il a commandé les forces de Médine sous Mahomet, et les armées du califat Rachidun, et de ses successeurs Abu Bakr et Umar ibn Khattab. C'est sous sa direction militaire que l'Arabie, pour la première fois dans l'Histoire, était unie sous une entité politique unique, le califat. En commandant les forces de l'état islamique naissant, Khalid a été victorieux dans plus d'une centaine de batailles, contre les forces de l'Empire byzantin, l'Empire sassanide et leurs alliés, en plus d'autres tribus arabes. Ses prouesses stratégiques incluent la conquête de l'Arabie, la Perse et la Syrie romaine. Il est également reconnu pour ses victoires décisives aux Yamamah, d'Ullais et de Firaz ainsi que pour ses succès tactiques à Walaja et à Yarmouk" (Wikipédia).

Sayfullo ("sabre d’Allah") Habibullaevic Saipov, « ubérisé » jusque dans son métier (chauffeur), 29 ans, marié, père de famille, sans histoires, a pourtant une histoire. Tâcheron du djihadisme, il n’est pas un grand général, mais il fait bien partie de ce califat « virtuel », high-tech et Internet, déjà transcontinental, qui cible les Empires romain, sassanide et byzantin de ce siècle. Un califat qui prend sa source dans le savoir-faire de la Silicon Valley, pays de l’imagination, au centre de l’eldorado californien. Un califat qui se nourrit de l’ignominie des empires actuels, de leur veulerie, de leurs petites lâchetés, de ce suicidaire penchant de la victime moderne qui confie les allumettes à l’incendiaire qui franchit le seuil de son logis.

Ainsi le sabre d’Allah s’est établi aux États-Unis en 2010, le « rêve américain » croyant se faire une faveur en faisant gagner à la loterie ce jeune Ouzbek. En vertu d’une loi de 1990, présentée à l’époque par le sénateur Chuck Schumer, et que Trump veut abroger, le « Diversity Immigrant Visa Program » offre ainsi chaque année, après tirage au sort, le statut immédiat de résident permanent à 50.000 candidats à l’immigration en provenance de pays sous-représentés. Ainsi de l’Ouzbékistan…

Il y a peu à dire de cet attentat à la camionnette, sinon que les réactions sont habituelles, désormais. Les uns sombrent dans la pathologie du déni de réalité, et les autres dans la fraude du militarisme, prétendant ignorer où est la tête du ténia. Reste que l’incident (sic) renforce le « gros bon sens » des trumpistes, et surtout apporte une diversion à la récente et subtile manœuvre du procureur Mueller qui a réussi, avec CNN, son coup médiatique du week-end, faisant oublier la « phénoménale » semaine qu’avait connue la Maison-Blanche (voir notre dernière chronique).

Mueller a inculpé Paul Manafort (qui fut, pour un court temps, responsable de la campagne de Trump), le consultant des Ukrainiens pro-russes. Chef d’inculpation : économique. Mais, pour faire bonne mesure, Mueller a aussi diffusé le plaidoyer (de culpabilité) d’un certain Papadopoulos, jeune volontaire de la campagne Trump, qui avait menti au FBI sur un rendez-vous avec une dame russe, plaidoyer tenu secret pendant trois mois, dont on suppose qu’il va produire un effet de panique chez ceux qui étaient en contact avec ledit Papadopoulos, lequel a probablement enregistré bien des conversations avec ses collègues pour se racheter…

Du sabre de Dieu ou du coup d’État anti-Trump, qui va gagner?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:39.
André Archimbaud
André Archimbaud
Consultant stratégique

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