Dominic Cummings a quitté, vendredi soir, « avec effet immédiat », ses fonctions à Downing Street. Le départ du conseiller Brexiteer de BoJo laisse craindre le retour d’un « agenda vert » et la fin de la « guerre culturelle ».

L’ancien conseiller en chef de Boris Johnson, qui avait été le moteur de la campagne du Vote Leave en 2016, a accéléré son départ du 10 Downing Street. En deux jours, le Premier ministre britannique s’est séparé de ses deux plus proches conseillers : d’abord Lee Cain, son directeur de la communication, puis Dominic Cummings. D’autres pourraient suivre dans les jours prochains.

« J’espère que Boris Johnson va remettre au cœur de son gouvernement les trois mots qui sont au cœur du Parti conservateur : respect, intégrité et confiance », a assené le député pourtant Brexiteer Bernard Jenkin.

Dominic Cummings n’a jamais été la tasse de thé des députés conservateurs, et la réciproque était vraie. Le conseiller n’a jamais caché son mépris profond pour une liste non exhaustive rassemblant le Parti conservateur, les députés, le Parlement, la Justice, les journalistes, les experts et l’administration.

Cummings, le Brexiteer non conventionnel, longtemps objet de haine pour les eurolâtres et une grande partie des médias grand public, devait démissionner après une lutte de pouvoir entre son staff, l’équipe du Vote Leave d’une part, et la fiancée libérale du Premier ministre Carrie Symonds d’autre part, qui travailla un temps à la communication du Parti conservateur.

Cummings est finalement sorti de l’emblématique porte numéro 10 avec une boîte en carton après une dernière rencontre avec le Premier ministre. « C’était une mèche qui brûlait lentement, mais qui a explosé rapidement quand c’est finalement arrivé ! Fin d’une époque très torride », a commenté la correspondante de la BBC.

Boris Johnson aime être aimé et Dominic Cummings, 48 ans, cultive avec bonheur les inimitiés. Cummings affiche depuis toujours son mépris des élites et de l’ordre établi, même si, personnellement, il appartient au sérail. Après avoir grandi à Durham, dans le nord de l’Angleterre, il a étudié l’histoire moderne à l’université d’Oxford, où il avait obtenu un « first » pour son diplôme, la meilleure note possible. Ce qui ne l’a pas empêché d’écrire qu’il n’avait « rien appris là-bas, c’était n’importe quoi ».

Il s’est toujours vanté du fait qu’il n’a jamais fait partie d’aucun parti, mais il n’a, de fait, travaillé que pour les conservateurs. Il fut l’auteur du fameux slogan « Take Back Control » pendant la campagne pour le Brexit en 2016, ou de « Get Brexit Done » qui a permis à Boris Johnson, en décembre 2019, de remporter une majorité de 80 sièges aux élections.

La nouvelle a causé de l’inquiétude parmi les Brexiteers, y compris Nigel Farage. « Il est bien connu que je n’ai jamais aimé Dominic Cummings, mais il a réellement appuyé le Brexit », a fait remarquer le vieux militant, qui est actuellement en train de relancer son Parti du Brexit en tant que Parti réformiste (Reform Party). « Le voir quitter le numéro 10 avec une boîte en carton me fait craindre qu’une braderie du Brexit soit proche », s’inquiète Farage.

Avec la disparition de M. Cummings, il est entendu que la « faction » de Carrie Symonds à Downing Street sera maintenant en pleine ascension et que le Premier ministre se concentrera, désormais, sur des questions comme son « programme vert » et abandonnera les « guerres culturelles », y compris la position jusqu’ici combative envers les médias grand public en général, et la BBC en particulier, à qui il reprochait un humour qui penchait systématiquement à gauche, mais financé par tous les contribuables. Il s’était alors posé la question d’une redevance facultative.

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14 novembre 2020 à 17:36

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