Retraites : un incroyable empilement d’erreurs du pouvoir

manif retraites

Le dossier de la réforme du régime des retraites est emblématique des dysfonctionnements de notre démocratie qui semble être restée à l’âge infantile. L’attitude du Président et du gouvernement, le comportement de l’opposition de gauche, la réaction des syndicats semblent traduire une incompréhension des principes qui permettent à une démocratie de fonctionner de façon apaisée.

Tout d’abord, le gouvernement n’a fait que peu d’efforts de pédagogie. Tout artilleur sait qu’il faut « préparer le terrain ». La première difficulté tient au fait qu’Emmanuel Macron a changé d’opinion de façon radicale quant à la réforme des retraites, notamment pour ce qui concerne la détermination de l’âge de départ, entre son premier et son second mandat. La deuxième erreur, ou plutôt absurdité, alors que notre système est fondé sur la répartition, est que le gouvernement ne fait aucun lien entre politique familiale, natalité et équilibre du système des retraites. Au contraire, les réformes sociétales portées par Emmanuel Macron et sa majorité vont toutes dans le sens de la déconstruction du modèle familial et de l’affaiblissement du respect dû à la vie humaine. La troisième faute est d’avoir fait de l’âge de 64 ans une sorte de symbole de la réforme proposée, qui est devenu un point de cristallisation pour le gouvernement comme pour ses opposants. Le quatrième point est que le système proposé conduit à faire travailler un an de plus que les autres (44 ans) ceux qui ont commencé à travailler très tôt. Ce qui est évidemment une injustice. Enfin, avec une sorte d’arrogance technocratique, le gouvernement semblait avoir oublié qu’il ne disposait que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale. Ces cinq éléments marquent, une fois encore, le caractère technocratique du mode de fonctionnement de l’exécutif. Or, la technocratie n’est pas la démocratie. Elle est l’expression de l’oligarchie politico-administrative qui étouffe la France depuis des décennies.

Les syndicats et les partis de gauche, quant à eux, sont politiquement inconséquents. Tous ont appelé, de façon explicite ou implicite, à voter pour Emmanuel Macron, par une sorte de réflexe pavlovien anti-Le Pen, alors qu’ils savaient que la réforme du système de retraite était non seulement au programme présidentiel, mais encore qu’elle était emblématique de la volonté de réforme du second quinquennat, destinée à marquer les esprits. Dans une démocratie bien réglée, le Président se fait élire sur un programme qu’il met en œuvre, et si les électeurs ne sont pas satisfaits, il est sanctionné, ainsi que sa majorité, lors des élections suivantes. La rue n’est pas le lieu d’une démocratie apaisée. Elle fait partie de l’habituelle panoplie du parfait petit révolutionnaire jacobin qui rêve encore du Grand Soir. Et ce délire révolutionnaire a poussé Sébastien Menesplier, secrétaire général de la CGT des mines et de l'énergies, à menacer de couper l’électricité des députés qui se prononceraient pour la réforme. Quant à M. Martinez, il a appelé à couper l’électricité aux milliardaires ! Milliardaires dont Marine Tondelier ne veut plus en France.

Décidément, notre pauvre démocratie n’est pas encore guérie de la Révolution de 1789 et certains semblent encore rêver de celle de 1917. Au demeurant, M. Mélenchon maudit M. Macron. Habituellement il semblait se prendre pour Robespierre ; voici qu’il se prend pour Jacques de Molay maudissant Philippe le Bel et le pape Clément ! Sandrine Rousseau, quant à elle, constate que « plus on travaille, plus on émet de carbone » et que, dès lors, il convient de s’opposer à la réforme des retraites. Qu’en pensent les chômeurs qui, eux, aimeraient tant travailler ? Déclarer n’importe quoi n’est pas un moyen de faire progresser le débat démocratique.

Tout cela est le signe d’une démocratie malade. Malade de l’arrogance technocratique, malade de l’outrance démagogique, malade d’un pseudo-romantisme révolutionnaire qui ne peut faire rêver que ceux qui veulent ignorer les fleuves de sang répandus par les révolutions. Or, tout ceci n’est pas seulement ridicule ou désespérant, c'est aussi dangereux car la démocratie est supposée être un exutoire à la violence politique. Le débat remplace le combat. Lorsque les rouages de la démocratie ne fonctionnent plus, revient le temps de la violence politique.

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Monsieur l’élu de Vendée et ancien député européen ’’ grand combattant politique de l’intérieur «  » démocratie, sérieux, vous pensez être en démocratie? Bien bravo, après votre diagnostic je vais mieux et je vais attendre les prochaines élections pour marquer mon désaccord.

  2. martinez en est encore à la lampe à huile, les milliardaires ont des groupes électrogènes dans leurs demeures

  3. Si sur ce sujet, ceux qui s’expriment connaissaient le sujet, ce serait un bon début. Cela ressemble beau à une chasse au grisbis. Si on creusait, on apercevrai que toute vérité n’est pas bonne à dévoiler.

  4. Je ne plains pas les FRANÇAIS, ils ont voté pour un Président qui disait la retraite à 65ans, les socialistes, la Nupes, et même le modem firent voter Macron, contre le RN. Avec l’appui des LR. Si les Français n’ont pas compris, qu’ils s’en prennent à eux.

  5. Si nous pouvions punir tous les ex dirigeants qui ont démoli nos acquis sociaux, qui vendu toutes nos grands entreprises à la Chine et notre électricité à L’Allemagne et l’Europe. Tous ce politiciens devraient rendre leurs richesses à l’Etat. Regarder Hollande qui se ballade toujours avec le sourire sur tous les plateaux des médias. Est-ce normale d’accepter qu’il se moque de tous les citoyens. Il a fini avec Macron de tuer les entreprises restante. Pourquoi y a t il 1.7 actif pour cotiser les retraites ? parce qu’ils ont mis les salariés au chômage. Voila le mal Français et la douleurs des actifs qui vont mourir au travail. Sur CNEWS y a des invités journalistes, directeurs de médias qui cassent du sucre sur le dos des travailleurs. Ils se demandent ou prendre l’argent pour rester à la retraite à 60 ans. Et moi je réponds à tous ceux et celles qui nous mis en faillite depuis 40 ans. Des ronds de cuirs ces journalistes avec des revenus supérieurs à 11000€ par moi et encore je suis généreux.

  6. Les Français ne veulent pas de cette contre-réforme mais elle est exigée par l’union européenne.

    Il faut sortir de l’union européenne.

    Les Français doivent décider de la politique de la France.

  7. uUne démocratie ne peut fonctionner qu’avec un peuple éduqué et respecté.
    L’abrutissement et l’infantilisation mis en oeuvre depuis des années par les technocrates et les idéologues fumeux ont fait perdre sa signification au suffrage universel!

  8. Technocrates, dictateurs, incapables, corrompus, etc. etc.

    Seulement voilà, Macron et sa clique ont été réélus, et celui-ci n’a jamais caché qu’il faisait de la réforme des retraites sa priorité.

    Alors à chaque fois que quelqu’un pleurniche sur les années de plus qu’il devra travailler, ou encore sur les factures d’électricité et de gaz, je lui demande pour qui il a voté aux présidentielles. Et à tous ceux qui m’expliquent qu’ils ont voté Macron pour faire barrage, ou sont allés à la pêche ce jour-là, je me moque d’eux avec la plus extrême cruauté. Et ce afin qu’ils comprennent leur extrême débilité et lâcheté.

    Mais ce qui est bizarre, c’est que de moins en moins de personnes ont voté Macron. C’est comme le soi-disant vaccin et l’ausweis sanitaire. Tout le monde était contre…

  9. « …emblématique des dysfonctionnements de notre démocratie qui semble être restée à l’âge infantile. »
    Avec un président immature, que pouvions nous espérer d’autre?

  10. Excellent article auquel je ne rajouterai qu’une chose : ce sont également des malades qui sont au pouvoir , des malades et des incapables .

  11. Pour améliorer le dialogue, le gouvernement propose de sanctionner les entreprises qui ne gardent pas leurs séniors.
    Il est donc probable que le Medef contestera ce point, ce qui fera encore un allié de moins pour le gouvernement.
    Quant aux syndicats, il est à craindre que les plus grandes gueules, qui défendent surtout les régimes indéfendables, discréditent le mécontentement général. On attend toujours un geste de leur part en faveur des soignants scandaleusement suspendus, en dehors de tout cadre légal. Merci à Daniel Guichard de s’être exprimé sur ce sujet.

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