Les États-Unis viennent de se retirer du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) qu’ils avaient signé avec l’URSS en 1987 et dont le but était d’arrêter la dangereuse course aux armements menée pendant la guerre froide.

Aujourd’hui, les Américains sont en train de perdre la suprématie technologique et s’ils demeurent de très loin la première puissance militaire mondiale, ils n’ont plus l’exclusivité sur l’innovation qui leur permettait de développer ce qu’ils appellent le « full spectrum dominance » (la domination dans tous les domaines). Depuis qu’ils pointent leurs missiles sur les Russes, ces derniers ont trouvé des failles et c’est cela que les Américains n’acceptent plus.

Concrètement, le complexe militaro-industriel américain veut s’affranchir du traité pour revoir sa stratégie de « containment » russe. Les nouveaux missiles américains coûteront extrêmement cher et les Européens seront mis à contribution. Trump a été clair, il veut faire payer les Européens pour la protection américaine. Ce nouveau développement balistique va surtout profiter aux sociétés américaines qui vont fabriquer le nouveau système. En même temps, Washington veut profiter de la fin de l’accord pour déployer de nouveaux missiles dans le Pacifique pour intimider la Chine. Est-ce que la Chine risque d’envahir les États-Unis ? Bien sûr que non, mais après l’avoir alimenté pendant des décennies, le capitalisme américain se rend maintenant compte que Pékin est devenu une puissance économique capable de les concurrencer, voire de les dépasser.

Pour Gorbatchev, signataire du traité FNI, « cette décision américaine sera porteuse d’incertitudes et mènera à un développement chaotique sur la scène internationale ». L’ancien secrétaire à la défense américain, William J. Perry, dit la même chose : « Le retrait américain du traité FNI porte un coup majeur au contrôle des armes nucléaires et à la sécurité mondiale, nous entrons comme des somnambules dans une nouvelle course aux armements. » En son temps, Albert Einstein aurait dit : « Je ne sais pas avec quelles armes on se battra lors de la Troisième Guerre mondiale, mais à la quatrième, ça sera avec des cailloux. » De quoi méditer.

Cette relance américaine de la course aux armements se fera forcément au détriment des Européens. Ne nous leurrons pas : si Washington déclare un jour la guerre à la Russie, c’est l’Europe qui deviendrait le champ de bataille, pas le Nebraska ni la Californie. L’Europe a d’autres menaces beaucoup plus importantes à régler que la guéguerre menée par les faucons américains contre un ennemi imaginaire.

Plus que jamais, nous devons cesser de dépendre de l’armée américaine et tenir tête aux va-t-en-guerre de Washington. Nous devons recouvrer notre indépendance politique et militaire. Il en va de la paix pour notre continent et de l’avenir de nos enfants.

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05 août 2019 à 20:11

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