Réseaux sociaux : quand Trump sème la zizanie dans le camp du bien

Trump

La Zizanie : vous souvenez-vous de ce remarquable album d’Astérix le Gaulois où Tullius Détritus, un Romain qui a pour talent de dresser tous les uns contre tous les autres, est missionné par Jules César pour saboter l’unité du village de querelleurs gaulois qui lui résiste. Un essai de Bernard Lassablière analyse les aventures de nos Gaulois préférés à travers le prisme de la théorie mimétique de René Girard et il fait de Détritus la « bonne conscience d’Astérix ». Donald Trump, avec son incontrôlable communication, est-il devenu le Tullius Détritus de cet inaccessible (au commun des mortels) camp du bien, de la bien-pensance et des beaux sentiments altruistes ?

Twitter a récemment décidé de clouer au pilori deux messages de Donald Trump. L’un laissait planer le soupçon de rendre plus facile la fraude électorale en cas de vote par correspondance, l’autre indiquait « quand les pillages commencent, les tirs commencent ». L’oiseau bleu invite les lecteurs de ces messages à vérifier ces informations par eux-mêmes pour le premier, et avertit que le second constitue une incitation à la violence contraire aux règles d’utilisation, mais qu’il en irait de l’intérêt public d’en prendre connaissance. Facebook refuse de lui emboîter le pas et laisse ces messages librement accessibles, sans commentaires, comme s’ils étaient anodins.

Peut-être le sont-ils vraiment. Mais l’auteur de ces pépiements est Donald Trump et rien n’est anodin dès lors qu’il est concerné. Depuis, le torchon brûle entre les deux principaux réseaux sociaux, et aussi en interne chez Facebook où des employés démissionnent, se mettent en grève, contestent publiquement (sur Twitter) et se désolidarisent de la décision de Mark Zuckerberg. Mais le PDG tient bon, même s’il est condamné à faire le grand écart.

La menace est double, pour Facebook : un projet de décret rendrait les plates-formes responsables de l’information qui serait publiée par elles, et une enquête anti-trust a été ouverte. Les convictions de démocrate de Mark Zuckerberg (pressenti pour aller conquérir la Maison-Blanche, selon Le Parisien) sont connues, mais il ne souhaite pas provoquer le président Trump, alors elles feront un confortable coussin pour y poser ses fesses. En outre, il peut être sincère quand il défend la liberté d’expression à laquelle les Américains sont si attachés, et dont même leur président devrait pouvoir bénéficier. Alors, et en même temps, il déverse des tas de dollars sur les associations liées au mouvement de l’antiracisme en ces temps de Black Lives Matter.

Deux réflexions personnelles :

La modération des réseaux sociaux est un problème complexe et la réponse qui serait que le régalien sous-traite au privé devenu éditeur est mauvaise, liberticide. Une société privée n’a pas à dire le vrai, quand bien même des ministres et des publications scientifiques mentiraient. C’est ainsi que la loi Avia est clairement de celles qui nous conduisent vers un régime totalitaire. Le « qui » devrait sans hésitation rester régalien ; il serait plus pertinent d’engager une réflexion sans tabou sur le « comment » rendre ces modérations et mises en responsabilité plus efficaces.

Donald Trump est la cible d’une polarisation mimétique qui voit la quasi-unanimité se liguer contre lui dans une hystérie propice au lynchage : il est rendu responsable de tous les maux de la Terre. Les machines à polariser l’opinion et à fédérer les lyncheurs que sont les médias et les réseaux sociaux tournent à plein régime. Sauf que le bouc émissaire se rebiffe ! Il est même capable de semer le chaos, la zizanie, chez les lyncheurs. De briser leur unanimité. Serait-il la réincarnation de Tullius Détritus ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/06/2020 à 18:16.

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