Auditionné, mardi, par la commission des Affaires culturelles et de l'Éducation de l'Assemblée nationale, Jean-Michel Blanquer a dévoilé les grands principes de la réouverture des établissements scolaires, tout en précisant que « rien n'est définitif ». Heureusement, car les mesures envisagées s'annoncent si complexes qu'on se demande comment elles pourraient marcher.

La rentrée des élèves sera étalée : le 11 mai (ou plutôt le 12, puisqu'il y aura une pré-rentrée) commenceront les élèves de grande section de maternelle, de CP et de CM2. Le 18 mai, ce sera le tour des élèves de sixième, troisième, première et terminale et de certains lycées professionnels. Il faudra attendre le 25 mai pour que tous les élèves aient, en principe, regagné leurs établissements. En principe, seulement. On fera preuve de beaucoup de souplesse en fonction des situations locales : « On peut imaginer que dans certains endroits le confinement soit maintenu », a indiqué le ministre.

Pour respecter la fameuse « distanciation sociale », de petits groupes seront organisés. « L'élève sera dans quatre situations possibles » : en demi-groupe (dix maximum pour les petite et moyenne sections de maternelle, quinze maximum pour les autres niveaux), à distance, en étude, si la configuration des lieux le permet, ou en activité sportive, si on peut la mettre en place. Beaucoup de conditions à remplir. Certains enfants pourront même rester chez eux, s'ils suivent un enseignement à distance. Quant aux garanties sanitaires, ne vous inquiétez pas, elles seront respectées : « Il y aura une doctrine masques et tests, articulée sur ce que les autorités de santé préconiseront pour la société. »

Sur le papier, tous les cas semblent avoir été pris en compte, mais on a, de toute évidence, oublié des données fondamentales. Ainsi, comment trouver assez de personnels compétents pour encadrer les activités de tous ces groupes, multipliés puisqu'ils seront réduits ? Dans quels locaux les réunir ? Des professeurs devront-ils posséder le don d'ubiquité pour assurer toutes les tâches, directement pour les élèves présents, à distance pour les absents ? A-t-on pensé aux familles ayant plusieurs enfants dans des classes différentes, qui ne rentreront pas au même moment, avec, chacun, des emplois du temps complexes ? Voilà qui ne va pas leur simplifier la vie ni la reprise du travail !

Bref, ces mesures risquent fort de créer un sacré bordel, au point qu'on se demande comment Jean-Michel Blanquer a pu les concevoir. Ne serait-il entouré que de technocrates déconnectés de la réalité ? Le Figaro nous apporte une explication plausible à la mise en place de cette monstrueuse usine à gaz. En décidant de la date du 11 mai pour la réouverture des écoles, Emmanuel Macron aurait voulu « montrer qu’il ne se laissait pas dicter ses choix par le Conseil scientifique. Il ne veut pas être accusé « de n’être que le porte-voix des chercheurs, un président incapable de prendre de la hauteur et de trancher. »

Qu'on se le dise : Macron est un grand garçon qui ne se laisse pas mener par le bout du nez ! Alors qu'il ne jurait, auparavant, que par le Conseil scientifique, il martèle maintenant que c'est lui le pilote suprême. Dans Le Point, il souligne : « Si le Conseil scientifique nous éclaire par des avis, il y a tout au long de cette crise un ordre politique et un ordre scientifique. » Les chercheurs recommandent d'attendre septembre pour rouvrir les écoles ? Eh bien, il décide de passer outre et fixe le 11 mai. Tant pis si c'est irréalisable ! Il en déduira que son ministre de l'Éducation est un incapable. Lui se place au-dessus des contingences, il conduit les Français vers un nouveau destin, dût-il les entraîner avec lui dans sa chute !

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22 avril 2020 à 13:19

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