« Redoine Faïd sort du milieu des nouveaux truands, il s’est occidentalisé pour rejoindre la génération des Mesrine »

L'évasion spectaculaire de Redoine Faïd en hélicoptère de la prison de Réau, dimanche dernier, occupe l'espace médiatique. Ce braqueur multirécidiviste, condamné à de multiples reprises et impliqué, en 2010, dans un braquage qui coûta la vie à une jeune policière municipale, est actuellement toujours en cavale.

Réaction de l'écrivain Ghislain Gilberti, auteur de polars et thrillers au micro de Boulevard Voltaire.

La presse se fait l’écho de l’évasion spectaculaire de Redouane Faïd intervenu ce week-end.
Vous qui avez beaucoup écrit sur les criminels, comment expliquez-vous cette espèce d’engouement du public pour les criminels comme Faïd ou Mesrine il y a 30 ans ?

Il y a le côté sauvage et hors la loi qui séduit toujours. Intervient ensuite ce que le cinéma et la culture populaire en font. Mesrine avait écrit un livre de son vivant intitulé « l’instinct de mort ». Il a aussi fait l’objet de nombreux films. On les comprend donc aux grands films que nous pouvons voir dans ce style.
Faïd dit d’ailleurs dans son livre écrit en 2010 « braqueur des cités au grand banditisme » qu’il a été inspiré par le film Heat dans lequel jouaient Al Pacino et Robert de Niro.
Il a donc visiblement été influencé par la culture occidentale qui l’aurait influencé et incité à se mettre à l’action et principalement au braquage de fourgons.


Par quoi sont poussées ces personnalités ? Y a-t-il uniquement l’appât du gain ou leur célébrité leur importe-t-elle autant ?

Il y a un peu des deux, surtout dans le cas de Faïd. Il sort du milieu des nouveaux truands. Ce sont des individus qui mûrissent dans les cités HLM et qui s’entretuent ensuite bêtement ou se balancent mutuellement. Faïd fait partie des exceptions, car il a réussi à sortir de cela et à rentrer dans les ‘’beaux crânes’’. C’est surtout un terme qu’on utilisait à l’époque des grands braqueurs et qui désigne les hommes dotés d’un mental, d’une certaine morale et surtout d’un charisme extraordinaire. Même la PJ considérait Faïd comme un ‘’beau crâne’’.


Redouane Faïd s’est évadé 3 fois. Il cultive le spectaculaire sur ses évasions, mais son véritable ‘’fait d’armes’’ est l’assassinat d’une policière municipale.

C’est sordide. Il s’agissait d’un braquage loupé qui ne leur a rien rapporté et qui de surcroît laisse une femme sur le carreau. C’est du sale.
Ce n’est pas comme cela que des mecs comme Mesrine se sont construits. Mesrine n’a jamais buté quelqu'un, il n’a jamais attaqué quelqu’un sans obligation. Son image en prend vraiment un coup.
La glorification de ce genre de personnes est pour moi vraiment nulle.

Faïd est-il davantage dans la lignée de Francis Le Belge ?

Il s’est en effet occidentalisé pour justement rejoindre cette génération éteinte des vieux dinosaures des années 70 et 80 qui s’est aujourd’hui éteinte.

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