Rap français : L’école de la violence ?

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Nos rappeurs ont du talent. Partout où ils passent, les petits génies de la rime laissent un souvenir impérissable. C’est vrai dans les charts qu’ils trustent, dans les salles de concerts qu’ils prennent d’assaut ou encore sur les ondes radio. C’est vrai, aussi, dans les tribunaux. On ne compte plus les rappeurs qui ont eu maille à partir avec la Justice : Rohff (condamné à cinq ans d'emprisonnement pour agression, libéré sous condition en 2019), Booba (condamné en 1997 à quatre ans de prison pour le braquage d'un chauffeur de taxi, il effectuera 18 mois et sortira en liberté conditionnelle), JoeyStarr (condamné à de multiples reprises dont une fois, en 2009, à deux ans d'emprisonnement dont six mois ferme pour violences volontaires), Mister You (condamné en appel en 2021 à 24 mois de prison dans une histoire de stupéfiants)…

La culture de la violence

Rien que sur le mois passé, trois autres rappeurs ont trouvé le moyen de faire parler d’eux dans les chroniques judiciaires. La palme du rocambolesque revient sans doute à Mohamed Bellahmed, alias Moha La Squale. Mis en examen en juin 2021 pour agression sexuelle et violences sur d’ex-compagnes, le chouchou des Inrocks avait pris la fuite alors qu’il était sous le coup d’une assignation à résidence sous surveillance électronique. Il a finalement été interpellé, fin décembre, en Allemagne, à deux pas de la frontière polonaise qu’il s’apprêtait manifestement à franchir. Il a été présenté, vendredi 9 février, à Paris à un juge d’instruction et écroué.

Quelques jours plus tôt, un autre Mohamed faisait parler de lui. Il s’agissait, cette fois, de MHD. Celui qu’on présente comme le pionnier de l'« afro-trap » a été libéré et placé sous contrôle judiciaire, jeudi 1er février, en attendant son procès en appel. En septembre 2023, il avait été condamné à 12 ans de prison par la cour d'assises de Paris pour le meurtre d'un jeune homme. Ce dernier se prénommait Loïc. Dans la nuit du 5 au 6 juillet 2018, le malheureux avait été renversé volontairement par une Mercedes dans le Xe arrondissement de Paris, puis passé à tabac par une dizaine d'hommes et lacéré de coups de couteau. Il était mort, gisant dans son sang, quelques dizaines de minutes après le départ de ses agresseurs. MHD clame son innocence.

L’antisémitisme à plein tube

Très populaire auprès d’une certaine jeunesse, le dénommé Freeze Corleone se trouve, lui aussi, dans le viseur de la Justice. Ses concerts prévus en février 2024 ont été annulés par le tribunal administratif au motif qu’ils pourrait porter de « graves atteintes au respect des valeurs et principes de la République ». En effet, le rappeur fait l'objet d'une enquête préliminaire pour apologie du terrorisme. « Les paroles de plusieurs chansons de Freeze Corleone contiennent des propos complotistes, ouvertement antisémites et empreintes d’une admiration pour la personne d’Adolf Hitler et le IIIe Reich ainsi que des propos faisant l’apologie du terrorisme qui font référence à l’attentat de Nice », peut-on lire dans un communiqué de la préfecture de Lille.

Déjà, en 2020, Freeze Corleone - de son vrai nom Issa Lorenzo Diakhaté - avait fait l’objet d’une enquête pour provocation à la haine raciale et injure à caractère raciste. Dans sa chanson Bâton rouge, il disait ainsi : « J'arrive déterminé comme Adolf dans les années 30. » Dans S/o Congo. on pouvait entendre : « R.A.F. [rien à foutre] de la Shoah. » Une certaine obsession pour la question juive qui lui avait apporté, certes, quelques soucis judiciaires mais qui ne lui avait pas valu d’être mis au ban de la société.

Le privilège rap

Au-delà de la très forte propension des rappeurs à enfreindre la loi - phénomène sociologique d’ampleur qui, bizarrement, ne semble intéresser aucun universitaire -, c’est surtout l’indulgence médiatique dont ils bénéficient qui ne laisse d’étonner. Tandis que d’autres artistes sont définitivement « cancelés » sans jamais avoir été condamnés par la Justice (Woody Allen, Gérard Depardieu, J.K. Rowling…), les voyous des musiques « urbaines » finissent toujours par être réhabilités. On l’a vu, hier, avec Sexion d’Assaut et JoeyStarr, on le verra demain avec Moha La Squale ou MHD. Ils seront à nouveau programmés sur les plus grands festivals et célébrés dans Libé. Comme si de rien n’était.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Mis à part le fait qu’il semble que d’une part pas mal de ces créatures soient des crapules, mais le niveau des textes est lamentable. Il faut être un imbécile pour écrire de telles choses, et également pour supporter le bruit et le niveau lamentable des textes. Il suffit de rechercher « un légiste réagit aux punchlines les plus gores du rap! » sur youtube pour en avoir une idée… C’est assez cynique.

  2. Le RAP n’est ni des chansons , ni un art , c’est un appel à la violence , un tsunami de paroles sans ponctuation , du mauvais Français , du langage de banlieue incorrecte
    Le RAP aurait dû être interdit de diffusion et la plupart des rappeur étant des délinquants sortis avant la fin de leur peine de prison au nom de la liberté de pensée !!! cherchez l’erreur !

  3. En France, il y a la bonne et la mauvaise violence : vous ne saviez pas ? Par exemple, au salon de l’agriculture il y avait la mauvaise violence des paysans qui nous nourrissent et qui crèvent de ne pas pouvoir vivre de leur labeur malgré des semaines de 80 h, sans congés payés et la bonne violence d’un machiavel vivant comme un nabab au crochet de ces gans qui bossent pour participer à son entretien royal et à celui de la cour pléthorique de sa majesté. Et n’oublions pas que, même s’il suffit de traverser la rue pour trouver du travail, sa majesté sera entretenue à vie par le con-tribuable spolié. Merci Mitterand ….

  4. J’ai du mal a reconnaitre de la musique dans le RAP, la musique c’est de l’art le RAP n’est pas de l’art. ce sont des paroles souvent provocatrices et qui dans un grand nombre de cas relève d’une condamnation en justice.

  5. Macron est bien silencieux face à ces rappeurs mais peut être que comme pour « soulèvement de la terre  » il avait prévu de s’en occuper . En effet comment peut il laisser ces rappeurs vomir leur haine du blanc sans réagir , embrocher des bébés blancs sans sévir . Il est vrai qu’il est beaucoup plus facile d’insulter le peuple que de s’en prendre à ces racailles .

  6. Ecole de la violence et antichambre de la haine et du racisme anti blanc. Une seule chose me fait rire sur ce sujet, c’est quand Laurent Gerra l’évoque sur scène à sa façon.

  7. je suis très ecclectique dans mes goûts musicaux et je ne fais l’impasse sur aucun style de musique , qui va du Baroque, en passant par le jazz jusqu’aux sonorités électro . Je suis un peu touche à tout : Notre époque nous permet ce luxe. Mais il y a une dérive du Rap et plus spécialement du Rap français et ses composantes . Ce genre d’expression est monopolisé par des gens qui jouaient auparavant sur un sentiment de discrimination à leurs égards pour ensuite dévier vers l’expression d’une haine la plus débridée , qu’elle soit contre les femmes les gays, les français blancs , les juifs etc . On ne compte plus les raps qui sont autant de prétextes à déclarer des fatwas contre Zemmour ou autres personnalités qui seraient dans leur viseurs . Ce qui est encore plus choquant c’est l’indulgence dont béneficient ces gens de la part d’ autorités dépassées et cela au nom de la liberté d’expression par l’ « art  » . Jamais l’expression de la violence et de la haine n’a été autant mise en avant dans toute l’histoire de la musique . Que ce soit dans le punk rock qui critiquait la société dans son ensemble ou dans le Hard rock ou le métal y compris les chants militaires. Même les USA , berceaux du Rap gangsta obligent les maisons de disque à coller des avertissement sur les disques de rap vendus comme on le ferait sur les paquets de cigarette pour se prémunir de leurs toxicité .

  8. Absolument ! Mais ce n’est pas nouveau. Quelqu’un a dit un jour : « Peut-être que si l’on sous-payait ces rappeurs modernes marmonneurs et que l’on sur-payait les enseignants, il y aurait plus de gens intelligents et moins de musique de merde. » Tout est dit.

    • Vous ne pouvez pas « sous-payer » qui que ce soit dans le monde de la production musicale (même si le terme « musical » en ce qui concerne la rap est usurpé!), car c’est le public – eu travers de la Sacem – qui paie les artistes. C’est bien cela qui me heurte, ce succès si immérité de la part d’un public apparemment déculturé mais nombreux…

  9. N’oublions pas n conrad appelant à tuer les bebes blancs non condamné car c’est un artiste….medine et ses « dérapages » islamo gauchistes chers à la nupes !!!!

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