Quand Olivier Faure va faire pisser son chien…
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« Si je dois choisir entre mon chien et un migrant, je choisis le migrant, jamais mon chien. » À l’évidence, Olivier Faure est un humaniste. Interviewé, le 16 décembre, sur Twitch, la plate-forme pour « discuter, interagir et créer live », le premier secrétaire du Parti socialiste a tenu à exprimer son soutien à la cause des migrants. Dit comme ça, la comparaison a de quoi surprendre, voire choquer. Une façon, probablement, de laisser entendre que certains – suivez mon regard -, entre leur chien et un migrant, choisiraient leur chien.
Mais il faut remettre la phrase dans son contexte. Olivier Faure s’explique en racontant une anecdote. Promenant son chien – une chienne, plus exactement, qui a pour prénom Olympe, en hommage à de Gouges -, le député de Seine-et-Marne rencontre une dame qui promène son « toutou » (sic). Olivier Faure possède un chien, la dame un toutou - nuance. Le toutou à sa mémère, du genre de celles que dessinait, jadis, Faizant. Enfin, on imagine, on subodore, on extrapole. Et là ? « À quelques mètres de nous, il y a un homme basané, dirons-nous [très important, le « dirons-nous », histoire de prendre un peu de distance], qu’on peut imaginer être un migrant, en tout cas sans aucun doute un sans domicile fixe. » Des hommes basanés, il y en a de toutes les nuances et pour tous les goûts : entre ceux qui sont nés comme ça et ceux qui passent leur été sur la plage en slip de bain trois-pièces-cuisine. Jadis, nous eûmes le fameux « Mexicain basané » de l’inoubliable Marcel Amont (rien à voir avec Benoît Hamon, l’ancien collègue d’Olivier Faure au PS). Là, c’est le migrant basané.
On continue. Donc, rencontre de cet homme supposé être un migrant, en tout cas sans aucun doute un sans domicile fixe. Et nous arrivons au cœur du drame. « Il [le migrant basané] urine contre le mur. Son chien [celui de la dame, vous aurez compris], au même moment, urine contre un autre mur. Et elle [la dame] me regarde et elle me dit : “Vous vous rendez compte, ces gens, vous vous rendez compte de ce qu’ils font”. »
On va faire une pause avant de reprendre le cours de ce récit qui prend aux tripes. Imaginons un instant – rassurez-vous, on ne va pas vous faire le coup du général de Gaulle ! - un François Mitterrand, fondateur du PS moderne et lointain prédécesseur d’Olivier Faure à la tête de ce vénérable parti, nous raconter par le menu et le besoin ses promenades en forêt avec son chien Baltique. Vous me direz qu’on a changé d’époque, qu’Olivier Faure nous montre ainsi qu’il est un Français comme tout le monde qui sort sa poubelle le soir et va faire pisser son chien. C’est ça, on a changé d’époque et c’était moins bien avant, on sait…
On reprend le récit d’Olivier Faure. Comme toute anecdote, parabole ou historiette, il y a une morale à la fin. « Je me suis dit, mais il y des gens pour qui, effectivement, le migrant, c’est moins que le chien. » Sauf que le migrant – comme tout être humain, par définition -, il peut peut-être se retenir et n’est pas forcé d’aller faire ça contre un mur (la remarque n’est pas que pour les migrants, je préviens tout de suite).
Cela dit, cette petite fable a pour mérite de faire sortir du bois ou de la niche certains humanistes de haut lignage. Par exemple, une certaine Christelle Leduc, « LFI AEC Ecologie Condition Animale Justice Partage Ruralité Forêts #melenchon2022 », qui réagit sur Twitter : « Entre un.e de génération identitaire et mon chien, je sauve mon chien. Entre n'importe quel facho et n'importe quel animal sauvage ou domestique, je sauve l'animal sauvage ou domestique. Pas politiquement correct ? Sincère en tout cas. » Au moins, ça c'est clair.
Il disait quoi, déjà, Jean-Marie Le Pen ? Ah oui, un truc comme ça : « Je préfère mes filles à mes nièces, mes nièces à mes cousines, mes cousines à mes voisines, mes voisines à des inconnus et des inconnus à mes ennemis... » Ce qui n'empêche pas de garder un chien de sa chienne.
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