Quand la gauche en pâmoison crie haro sur Le Figaro

Le Figaro

Quelle mouche a piqué Le Figaro Magazine ? Adressé depuis longtemps à la droite riche et sans histoires, le supplément hebdomadaire du Figaro collectionnait, jusqu'ici, les titres sans danger : « La Baule, éloge de la douceur de vivre » ; « Placements immobiliers : c'est le moment d'investir » ; « Rive droite : loin des clichés »… On pouvait y voir de pleines pages de conseils pour améliorer son handicap (au golf, ça va de soi), des portraits de lieux de villégiature ensoleillés, des essais de véhicules de luxe ou des entretiens avec de riches philanthropes. C'était, il est vrai, oublier un peu vite que Le Figaro Magazine était la création, en 1978, de Louis Pauwels, auteur de droite sans concession, honni par la gauche bien-pensante qui triomphait dans les années 80, puis converti sur le tard au catholicisme après de longs détours par un occidentalisme mystique et paganisant. Mais on ne s'attendait pas à ce genre de retour aux sources.

Voici donc que cette une semble nous faire bondir de trente ou quarante ans en arrière. On a simplement ajouté Twitter et quelques millions de migrants dans les rues. Pour le reste, les indignations de Cécile Duflot face à ce numéro sur l'endoctrinement scolaire sont du même acabit que les aboiements pénibles de ses aînés, toujours face à la « haine ». Et il faut être sacrément aveugle pour ne pas constater, sans même ouvrir l'hebdomadaire, que l'école d'État consacre beaucoup plus de temps - et depuis fort longtemps - à la fabrication de petits citoyens en série qu'à l'éveil d'esprits libres.

Alors, redisons-le calmement : oui, l'école est devenue une « fabrique du crétin », selon le titre d'un brillant ouvrage de Jean-Paul Brighelli ; oui, c'est une usine à formater les opinions ; oui, l'unanimité idéologique de ses fonctionnaires fait du tort à la jeunesse et encourage le dynamitage de ce corps intermédiaire, pour peu qu'il reste quelque chose à dynamiter. Ce qui est surprenant, donc, c'est le réveil de la bourgeoisie, celle des héritiers, des ingénieurs, des pulls sur les épaules et des fins de mois rigolotes. De quoi s'agit-il ici ? Est-ce la révolte de la France bien élevée dont parlait naguère Gabrielle Cluzel ? Est-ce l'alliance des classes populaires et de la bourgeoisie patriote, tentée par Éric Zemmour ? On ne sait pas encore.

Souhaitons, en tout cas, longue vie à cette libération de la parole « nauséabonde », « haineuse », « controversée » mais plus inacceptable désormais. Les Sleeping Giants vont avoir du boulot pour faire taire Le Figaro !

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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