Zemmour, Macron, Le Pen : l’analyse décapante de Steve Bannon

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Il est considéré comme le faiseur médiatique de Trump. Au-delà, il est le théoricien de l'arrivée au pouvoir des populistes partout dans le monde. Et l'Europe et la France l'intéressent particulièrement. Autant dire qu'il est aussi sulfureux et infréquentable que ceux qui osent occuper ce créneau. D'ailleurs, il a été inculpé, vendredi, « d’outrage au Congrès » par le ministre de la Justice américain pour avoir refusé de coopérer avec la commission d’enquête parlementaire en charge de l’assaut contre le Capitole, en janvier dernier. Cela ne l'empêche pas de continuer à délivrer ses analyses. De passage à Paris, il a répondu aux questions du Parisien. Au moment où Zemmour et Marine Le Pen sont entrés en concurrence pour représenter le courant populo-patriote, elles n'en sont que plus attendues.

Sur Éric Zemmour, nul ne sera surpris de l'intérêt de Steve Bannon : « Je l’ai écouté, j’ai lu des extraits de ses livres qui m’ont été traduits. Il s’agit d’un phénomène intéressant. Je dis depuis longtemps que si le RN tente de se recentrer, quelqu’un risque de le doubler sur la droite. C’est la même chose que pour Trump, qui a essayé de s’ajuster au lieu de construire le mur [avec le Mexique] et de mener les politiques que les gens aimaient chez lui. Lui aussi capte l’attention des médias en mettant en avant ses idées. Il atteint les cœurs et les esprits. » Pour lui, c'est justement son identité d'intellectuel et sa défense des libertés qui attirent : « Les Français admirent les idées de liberté et c’est pour cela qu’il a un tel impact sur les jeunes en France. » Et, donc, Steve Bannon, qui trouve son livre « tellement fascinant », aimerait le publier aux USA.

Mais le plus étonnant de ses déclarations concerne Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Steve Bannon, en fin stratège, fait partie de ceux qui refusent de choisir entre Zemmour et Le Pen : « Je crois aux vertus de la concurrence. Ensemble, ils représentent la force motrice de l’élection. Les gens ont oublié que Macron a gagné l’élection présidentielle avec à peine 24 % au premier tour. Ce débat à droite entre Le Pen et Zemmour est un débat et même un combat que nous devons avoir. Et nous serons plus forts après cela. Quel que soit le gagnant, il aura à rassembler les gens.[…] Nous n’avons pas encore vu Marine Le Pen répliquer mais elle est bonne en contre. Tout comme Trump. Elle baisse dans les sondages mais je pense que c’est provisoire. »

Avec Éric Zemmour et cette primaire interne au camp populiste, cette élection présidentielle française va, selon Steve Bannon, passionner le monde entier. D'où le prochain lancement, en France, d'une plate-forme d'information ouverte à toute la droite : « Au printemps 2022, le monde aura les yeux fixés sur le grand débat en France qui sera celui de la mondialisation contre le souverainisme. Ce sera un grand moment dans l’histoire politique mondiale. L’élection française donnera le coup d’envoi avant les élections en Hongrie et au Brésil qui auront un impact direct sur les élections de mi-mandat aux États-Unis en octobre. Je peux vous annoncer que nous lancerons l’année prochaine, probablement fin janvier-février, un « War Room » (le podcast de Steve Bannon) en France et en français, spécialement pour l’élection présidentielle. »

Et Emmanuel Macron, dans ce grand chamboulement de la droite vu d'outre-Atlantique ? Le verdict tombe : « Je ne pense pas que Macron soit si intelligent que ça, c'est un banquier d’affaires typique. »

Qui prétend encore que les Américains ne comprennent rien à la France ?

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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