Kevin Spacey, la star de House of Cards, est en pleine dégringolade. Évincé de la série qui nous a tous rendus accros, retiré également du film de Ridley Scott Tout l’argent du monde, sorti le 27 décembre… Le château de cartes s’est effondré, soufflé par les révélations de harcèlement sexuel et de viol dont, paraît-il, tout le milieu du cinéma était informé. Une fois de plus. Une fois encore.

Mais qu’ont-ils tous à être obsédés par leur sexualité déviante ?

Ils ont, en partie du moins, l’excuse que plus personne ne la qualifie de déviante, justement, si bien qu’il faut un scandale Weinstein pour qu’on se réveille.

C’est que cinquante ans de "révolution sexuelle" sont passés par là, avec des centaines de milliers de films pornos dont l’Amérique est la première pourvoyeuse. Encore faudrait-il écrire "révolutions sexuelles" (au pluriel), l’extension du domaine de la baise étant maintenant sans fin et les partenaires, depuis les êtres à quatre pattes jusqu’au virtuel, tout aussi nombreux. Il n’y a guère que la pédophilie qui soit considérée comme déviante, et encore : deux procès récents ont montré qu’on peut aujourd’hui avoir des relations sexuelles « consenties » avec des fillettes de 11 ans. Pourquoi ? Parce que nombre d’enfants, aujourd’hui, peuvent dans ce domaine en remontrer sinon à leurs parents, du moins à leurs grands-parents.

Depuis que tout le monde « balance son porc », la société est en émoi. On s’avise qu’il faudrait intervenir auprès des jeunes et commencer, en fait, avec les très très jeunes – carrément à la maternelle – pour éduquer les gamins et « éviter le sexisme et les comportements à risque », comme dit le professeur Israël Nisand.

Au-delà des grands discours qui ne sont jamais suivis d’effets, cet éminent professeur de gynécologie-obstétrique est passé à l’acte. Depuis ving ans, une fois par semaine, le Pr Nisand, ou l’un de ses collègues, se rend dans un établissement scolaire d’Alsace : lycées, et aujourd’hui collèges. Pourquoi ? Parce que, raconte-t-il[ref]Elle, avril 2016[/ref], "en 1992, j’étais chef du service de gynécologie obstétrique à Poissy, juste en face d’un lycée classé ZEP, et je me suis aperçu, lors de mes visites dans les chambres de la maternité, qu’il y avait, chaque semaine, une petite de 15 ou 16 ans avec un bébé dans les bras, comme une poupée. J’ai proposé au directeur de l’établissement scolaire de venir dans le cadre d’Info Ado pour essayer de faire la prévention de ces grossesses qui s’inscrivaient dans un cycle de reproduction familiale et de pauvreté. Puis je me suis dit qu’on pourrait étendre ce système à d’autres."

Aujourd’hui, ils sont vingt-sept dans son équipe à intervenir, à la demande des directeurs d’établissement, dans une centaine de lycée de la région. En ville, dit-il, c’est plutôt auprès des élèves de seconde, en périphérie auprès des élèves de troisième ou même de quatrième, mais il ajoute : "Si j’avais beaucoup de moyens, on commencerait par les écoles, beaucoup plus tôt."

C’est que le problème est grave, avec de nouveaux comportements plus qu’inquiétants. Des « nouveautés » dès les premières années du collège : fellations collectives dans les toilettes, viols entre mineurs, etc. La raison ? "On a confié l’éducation sexuelle de nos enfants au porno, qui est une non-éducation, dit-il. J’entends des questions folles pendant les cours, du type “Est-ce que, quand la meuf veut pas, un pote peut la tenir ?” Il y a plein de questions sur la zoophilie. Ils sont complètement animés, cultivés, éduqués par YouPorn."

La réalité, à l’insu de bien des parents, c’est que les enfants commencent à regarder du porno en moyenne à 11 ans, "mais il y a des enfants de 9 ans qui sont addicts et en consomment jusqu’à trois heures par jour. Ils sont comme fascinés, sidérés par ces images [...]"

Alors, parents, soyez vigilants. Surveillez les écrans et encouragez le ministre quand il veut supprimer les portables en cours de récréation !

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26 décembre 2017 à 20:09

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