Procès Bannon chez Bourdin
Je le confesse : il m'arrive, en me lavant les dents le matin, d'écouter Jean-Jacques Bourdin sur RMC. Ce lundi, il recevait Steve Bannon, ancien directeur de campagne puis conseiller de Donald Trump, pour une de ces exécutions dont le journaliste est coutumier. Attaque de haut niveau par une question fondamentale : « Vous logez à l'hôtel Bristol, une suite à plusieurs milliers d'euros… » Et alors, ce n'est tout de même pas de sa faute si le Formule 1 de Saint-Ouen était plein ! Mais la première banderille est posée : il est riche, donc il ne peut pas être honnête.
Il faut dire que l'Américain est venu « observer la campagne des européennes », mais surtout qu'il a rencontré une Marine Le Pen qu'il ne se cache pas d'admirer, et ça, c'est un péché irrémissible. Visiblement, Bourdin a oublié qu'en 1965, il collait les affiches de Tixier-Vignancour, comme Nathalie Loiseau son adhésion à un syndicat d'étudiants pas vraiment de gauche…
Puis sur interrogation (comme le « S.I. » des procès-verbaux des policiers), Bannon confirme benoîtement qu'il est populiste ! On est loin des embardées de nos politiques pour échapper à cette flétrissure, et la mandibule de Jean-Jacques Bourdin descend d'un cran. Alors, il tente autre chose : « Vous êtes libéral, ultralibéral ? » Ben oui, en France, c'est une honte, mais aux USA, c'est pratiquement dans les gènes. Alors, il insiste : « Vous êtes pour moins d'impôts, moins de services publics ? », ce qui semble un crime contre l'humanité aux yeux du Savonarole médiatique.
Et comme l'ancien officier de la Navy ne s'en démonte pas plus, le commissaire politique atteint son point Godwin avec du lourd, du très très lourd : « Vous êtes suprémaciste ? Suprémaciste… blanc ? » Le truc dont personne ne se relève ! Mais damned... encore raté, Rintintin : Bannon rappelle que les communautés noire et hispanique n'ont jamais été aussi prospères que depuis que Trump est au pouvoir.
Alors, Bourdin se lance dans un panégyrique hallucinant de l'Union européenne, avec l'absence de guerre (oubliant les bombardements de la Serbie), la prospérité (qui stagne depuis 2008), etc., sans oublier… la liberté d'expression ! Franchement, quand on vit dans le pays des lois Gayssot et suivantes, où chaque mot doit être pesé sur une balance de précision pour éviter la correctionnelle, il faut quand même un culot d'acier pour s'affirmer supérieur au premier amendement de la constitution des USA : « Le Congrès ne pourra faire aucune loi ayant pour objet […] de limiter la liberté de parole ou de presse. »
L'inquisiteur en oublie de tenter le coup d'une accusation de machisme, d'homophobie… On voit à sa belle tête sculptée dans un calcul biliaire que le cœur n'y est plus. Mais il trouve encore la force d'un dernier sursaut obsessionnel et quasi pavlovien : « Est-ce que vous êtes un homme riche ? » Visiblement, Bourdin a un problème avec l'argent !
Selon l'article que Wikipédia lui consacre, pas vraiment rédigé par un hagiographe, Bannon « cite régulièrement Le Camp des saints », de Jean Raspail… Un homme qui a de telles références peut-il être tout à fait mauvais ?
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