Prenez place dans le train inclusif de la SNCF

TGV LGBT

« Inclusif » : ils n’ont plus que ce mot-là à la bouche. Même Jean-Yves Le Drian qui espérait, en août, un « gouvernement inclusif » pour l’Afghanistan. Moyennant quoi, Qari Yousuf Ahmadi, sorte de Gabriel Attal des talibans - je veux dire porte-parole -, dans un entretien à France 24, vient de balayer du revers de la main la question de la place des femmes dans le prochain gouvernement afghan. « Il ne tenait pas à répondre à une question qui ne se posait même pas. » Au moins, c’est clair. Notons que c'était un entretien... exclusif.

Chez nous, en revanche, tout doit, désormais, être inclusif. On ne peut pas y échapper. Des gendarmes, par exemple, défilaient l’an passé, colonne par un, à la manière des Beatles sur un passage piéton repeint aux couleurs LGBT dans une rue d’Avignon, à l’occasion de la semaine nationale du Refuge, association venant en aide aux jeunes victimes d’homophobie ou de transphobie. On attend, maintenant, que la procession des Rameaux s’y mette aussi. Aucun secteur, aucune activité de notre société ne doit y échapper.

Donc, c’est très logiquement que la SNCF raccroche son wagon au train à grande vitesse de l’inclusivité. Avant, les trains, on leur demandait de partir et arriver à l’heure, d’être chauffés en hiver et frais en été, d’être dotés de cagoinces ne nécessitant pas de s’équiper de bottes cuissardes et d’un masque à gaz pour être visités. Le b.a.-ba, quoi ! Comme on imagine que tout ça, c’est de l'acquis, il faut donc aller plus loin, maintenant. D’où la dernière pub de la Senecefe. Les passagers sont donc invités à emprunter (comme ils disent) le train non pas du progrès mais du « progressisme ». Si, si, carrément. Aux commandes de la loco, peut-être Emmanuel Macron. « On n’est pas statique, on est progressiste », nous slame le chanteur accompagnant le dernier clip de notre Société nationale des chemins de fer français.

C’est vrai qu’un train, c’est fait pour bouger, et il est rappelé, pour votre sécurité, que la descente du train doit impérativement s’effectuer sur un quai et à l’arrêt. Surtout, ne tentez en aucun cas de descendre lorsque le train du progrès est en mouvement. Un train qui est celui de la France, si l’on comprend bien le clip à grande vitesse au rythme du slam. Une France où l’on est « élégant comme aucun autre ». Et d’apparaître le contrôleur - pardon, le chef de bord : un homme de couleur. Un hasard ou, peut-être, une allusion à la chanson de Brel, « Voir un ami pleurer ». Une France où les Français sont « prêts à défiler pour l’égalité ». Et là, comme par hasard, surgit la locomotive LGBT aux mêmes couleurs que les zébras de nos gendarmes avignonnais. Une France où l’on est « supporter de la Terre, amoureux de l’environnement ». D’où l’image furtive (le TGV doit être déjà à 200 à l’heure) d’une éolienne dans le paysage. Car les éoliennes, c'est bon pour l'environnement.

Mais le train va bientôt arriver en gare. À l'heure ? Y disent pas. Mais on imagine que oui. Inouï ! « On n’est pas carré, on est hexagonal », sera le mot de la fin. Avant de descendre, nous vous prions de vérifier que vous n’avez rien oublié à votre place. Si, mon masque. Mais je suis bête : je l'ai sur la figure.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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