Pour eux, Éric Zemmour nous fait revenir à l’âge de Pierre…

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Les journalistes ne comprennent pas. Ça les sidère, les révolte, leur donne des envies de pénal. Ça, c’est la nouvelle affaire Zemmour. Sur le plateau d’Ardisson, l’essayiste a échangé des mots doux avec une chroniqueuse. À Hapsatou Sy, il a expliqué qu’un prénom est un « vecteur d’identité » et en choisir un étranger lorsqu’on vit en France, que notre enfant est, du fait du droit du sol à tout le moins, voué à devenir français, marquerait un refus de l’intégration. Sy n’en a pas cru ses oreilles. Depuis ce clash, entre journaux, c’est à celui qui crachera le plus sur le « polémiste ».

Surtout qu’il a fait une « rechute » le lendemain. On lui demandait de réagir à la reconnaissance, par le président de la République, de l’implication de l’armée française dans la disparition de Maurice Audin. Pied-noir, communiste, partisan du FLN, le jeune mathématicien est un héros de la gauche. Pour sûr, avoir supprimé un porteur de valises, c’est odieux. Pas pour Zemmour. Selon lui, Audin « méritait douze balles dans la peau » parce qu’il était « un traître ». Hurlements !

Dans cette affaire, ce qui frappe le plus, c’est que Zemmour et ses contradicteurs, ces derniers hégémoniques dans les médias, ne parlent pas la même langue. Il n’y a pas désaccord mais incommunicabilité. L’idée selon laquelle l’intégration passe par une soumission à la culture française – et le choix du prénom en est un signe évident – est parfaitement inaudible pour les libéraux de toutes obédiences. Pour eux, s’intégrer, c’est naître ici et, plus encore, y payer des impôts. C’est une réalité administrative. Tout part, en outre, du postulat selon lequel l’immigration est forcément bénéfique à la France ; grâce aux immigrés, nous assurons le renouvellement des générations et mettons à disposition de l’économie des hilotes dociles.

Le patriotisme, qui fait toujours préférer son pays à une idée, qui autorise donc à tuer un Audin, est une abomination. Les conceptions de Zemmour remontent au crétacé, à avant l’IVG, l’abolition de la peine de mort, le « vivrensemble » et Calogero. En ce temps-là, la peste courait les campagnes, la consanguinité faisait des ravages, les Français s’endormaient en rêvant de pogroms. Heureusement, le sens de l’Histoire est clair qui nous mène vers le nomadisme, l’hermaphrodisme, l’individualisme qui résume l’épatante évolution de nos sociétés par ailleurs vigilantes et engagées. Nous sommes enfin libres. Mais cette liberté est fragile ; dehors, les Zemmour guettent, désireux de nous ramener à l’âge de Pierre.

Les propos de Zemmour peuvent choquer, certes. Mais lui laisse une place à l’autre dans la discussion, tandis que ses opposants gémissent, insultent et se réfugient derrière le droit. Quel est donc ce débat public où l’on ne peut rien dire qui déplaise aux minorités, ces « victimes » statutaires ? Quels beaux voltairiens que ces journalistes qui appellent à la censure des réactionnaires – en même temps qu’ils vendent du papier avec eux. Cela dit, qu’ils se rassurent : une société qui honore ses morts avec des bougies, des nounours et Lennon comprend de moins en moins Zemmour, qui mène en première ligne l’indispensable combat culturel trop longtemps abandonné à la gauche. Il y a urgence. Au train où vont les choses, dans cinquante ans, après que les historiens auront bien relu les faits, au nom de l’antiracisme triomphant et de la charia, le Président d’alors – non binaire, bien sûr – viendra peut-être visiter la veuve de Salah Abdeslam.

Nicolas Lévine
Nicolas Lévine
Fonctionnaire

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