Politique de sécurité du quotidien : vers un flop majuscule
Avant même que les détails sur la prochaine "police de sécurité du quotidien" ne soient connus, des policiers, par la voie de leurs représentants syndicaux, montent déjà au créneau, dénonçant "une coquille vide". Ce vaste chantier, présenté par Emmanuel Macron alors qu'il était candidat à la présidence de la République, et porté par son ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, devait révolutionner la sécurité dans notre pays. Il est vrai qu'aucun qualificatif n'était trop beau pour évoquer ce projet jupitérien : moderne, nouveau, partenarial, en rupture avec le passé…, l'emballage du cadeau sécuritaire de La République en marche était digne du père Noël.
Après quelques mois de concertations, d'études et de casse-tête au plus haut niveau de la hiérarchie administrative et policière, il apparaît qu'il pourrait y avoir, in fine, tromperie sur la qualité de la chose vendue. En effet, les policiers de terrain, amenés à se prononcer devant les préfets sur les contenus de cette police du XXIe siècle, ont rapidement déchanté. Pas l'ombre d'une piste novatrice, pas une idée sensée, pas même l'esquisse d'un début de changement dans l'approche de la politique de sécurité.
Manifestement, à part quelques grands mots, le magasin était vide. Même constat chez les élus qui furent également sollicités afin de donner un peu de consistance à une idée fumeuse née d'un rêve électoral. Le manque visible d'objectifs précis, ainsi qu'une concertation en trompe-l’œil, ne tardèrent pas à refroidir les maires les plus avant-gardistes en la matière. Mais fallait-il s'attendre à autre chose ?
La sécurité, dans notre pays, depuis qu'elle est devenue un enjeu électoral, n'a cessé de se dégrader. Les alternances gouvernementales ont fini par réduire ce fait majeur de société à un sujet sur lequel droite et gauche, persuadées de détenir la vérité et les solutions, n'ont, en réalité, que favorisé l'explosion de la criminalité et la partition de notre pays en zones de droit et de non-droit.
Ainsi, la priorité, au vu du délabrement durable dans lequel se trouvent nos forces de sécurité, est tout d'abord de leur redonner les moyens élémentaires de fonctionner. Pour cela, il faut des effectifs supplémentaires - à commencer par rétablir ceux qui, sous la pression de Bruxelles, ont été supprimés pour faire des économies.
Il faut ensuite un plan d'équipements de grande envergure, et en finir avec les saupoudrages budgétaires inefficaces et coûteux.
Il faut, enfin, élaborer une politique de sécurité qui s'attaquera aux racines du mal et permettra la reconquête de nos villes au cœur desquelles, pour certaines, policiers et gendarmes ne peuvent plus pénétrer.
Et pour ça, pas la peine d'une énième réforme de la procédure pénale. Enfin, si de nouveaux partenariats sont à inventer, ils passent en premier lieu par une réorganisation fonctionnelle de la police nationale. Il faut, ainsi, raccourcir une chaîne hiérarchique trop souvent source de malentendus et de dysfonctionnements. Il faut, par ailleurs, reconsidérer la place de chacune des forces de sécurité dans le schéma global qui aura été arrêté pour lutter contre la délinquance, et associer pleinement les polices municipales à l'ensemble des missions de police. Quant aux politiques de prévention, elles doivent cesser d'être des mannes financières pour des associations aux objectifs pas toujours très nets.
La France n'a pas besoin, pour que la sécurité publique soit assurée, de grandes déclarations. Il lui faut simplement des responsables politiques compétents et déterminés. Ce qui, manifestement, lui fait encore défaut aujourd'hui.
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