[Point de vue] Police de proximité, service militaire, vieilles lunes de retour

service militaire rangers

Après les émeutes et leur effet de sidération, on constate deux réactions opposées mais tout aussi inopérantes : soit on se laisse du temps pour traiter les questions de fond (dixit Olivier Véran pour l'attentisme d'Emmanuel Macron), soit on se raccroche à de vieilles idées toutes faites et plébiscitées par les Français. Parmi celles-ci, outre l'éternel plan banlieues, qui commence à juste titre à hérisser les Français, deux tiennent toujours la corde : le retour de la police de proximité dans les banlieues et celui du service militaire.

Après ces journées d'émeutes historiques qui ont enflammé toute la France mettant en cause des milliers de jeunes de banlieue issus de l'immigration, le retour de ces deux institutions semble particulièrement approprié. La première permettrait de recréer un lien, aujourd'hui abîmé (euphémisme) entre jeunes de banlieue et policiers ; elle est souhaitée par 90 % des Français, selon le sondage Odoxa pour Le Figaro, qui enregistre aussi une très forte demande de fermeté en matière migratoire et sécuritaire. Le second serait censé retisser le lien entre ces mêmes jeunes et la France, tout en cadrant ces jeunes en déshérence, sans père : c'est l'argument donné par le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy sur BFM, vendredi. C'était aussi la proposition de Michel Barnier lors de sa candidature aux primaires LR, il y a deux ans. La mesure est également populaire : 66 % des Français en 2019, 74 % en 2016.

Comment expliquer que l'opinion et une partie de la classe politique se raccrochent à ces deux totems ? Il y a d'abord un effet nostalgie, celle d'une époque où la société française n'était pas fracturée comme elle l'est aujourd'hui. Ce sont ensuite deux mesures consensuelles, de gauche et de droite, si l'on regarde leur origine historique. Ou, plutôt, ce sont les seules déclinaisons d'institutions acceptables tant à droite qu'à gauche, même si la police de proximité est plutôt marquée à gauche (d'avant Sandrine Rousseau, bien sûr).

Pourtant, le tournant historique que nous vivons avec ces émeutes doit donner un coup de grâce définitif à ces fausses bonnes idées. Rien ne serait pire que de laisser croire que ces illusions sont la solution. On pouvait peut-être y rêver avant, mais durant ces journées terribles, la société française des jeunes de banlieue a montré son vrai visage à ceux qui ne voulaient pas encore le voir.

En fait, pour la police de proximité comme pour le service militaire, nous n'avons plus ni le temps, ni les hommes, ni l'argent.

Le contexte de 2023 qui explose à la figure de dirigeants inconscients est celui d'une guerre de haute intensité en Europe et d'émeutes urbaines sur tout le territoire. Face à ce double danger et une situation de tension durable comme nous n'avons pas connu depuis très longtemps, la France a besoin de forces armées et d'une police ultra-professionnelles efficaces, réactives, prêtes au combat. Ce n'est certainement pas le moment de revenir sur cette doctrine. Il est, au contraire, grand temps de renforcer ces deux institutions, comme semble l'avoir compris Emmanuel Macron (pour l'armée, en tout cas, avec la nouvelle loi de programmation militaire), sous la pression des faits. Mais aussi de les préserver de l'intrusion d'éléments potentiellement subversifs.

Par ailleurs, police de proximité comme service national étaient des dispositifs coûteux en hommes et en argent qu'une France à 3.000 milliards de dette ne peut plus se permettre.

Enfin, l'argument philosophique et social majeur invoqué en leur faveur ne tient pas : l'une et l'autre étaient et seraient censés reconstituer le creuset national. Mais qui pense sincèrement qu'un policier de proximité ou qu'une année de service seraient adaptés pour des individus dont le refus d'obtempérer est le quotidien et le tir de mortier sur les commissariat un loisir de choix ? Jean-Philippe Tanguy est un jeune député qui n'a donc pas fait son service militaire. Votre serviteur fit partie des dernières classes d'âge à en bénéficier : à une époque où la société française était encore relativement homogène... Tout ça pour dire que ce ne sont pas ces institutions qui fabriquaient ou fabriqueront le creuset national, mais l'inverse : une police de proximité dans un quartier ou un service militaire vraiment universel n'étaient possibles que dans une société culturellement homogène. L'immigration massive et le séparatisme qu'elle a engendré les ont rendus illusoires.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

35 commentaires

  1. Marches de nuit avec tout l’équipement, à 3 heures du matin dans la boue des forêts à condition de bien les laisser sous la pluie pendant des heures et surtout aucune munition. Maniement d’armes pendant des heures en plein soleil mais surtout aucune munition. Gardes de nuit, revues de chambrées. Tout ce qu’il faudrait pour nos petits anges.

  2. Bonnes idées.
    La république apprendrait ainsi aux « sauvageons » les méthodes utilisées par la police, le maniement des armes en leur confiant des armes létales et des munitions, …
    Sans commentaire

    • Absolument ! ils sont déjà suffisamment infiltrés comme ça, depuis qu’on leur a payé : des stages de moto_cross, des cours de close-combat et MMA, le permis gratos, des cours d’informatique, des stages de livreurs pour aller espionner les domiciles des gens paisibles normaux, des stages de cuisine-boucherie, etc…

  3. Remettre le service militaire ?! Vous voulez vraiment mettre des armes à feu dans les mains de jeunes qui haïssent la France ?! Alors je vous laisse les accompagner au champ de tir. Un conseil toutefois : restez bien derrière eux et gardez votre pistolet chargé.

  4. Le service militaire aurait au moins le mérite de faire le bilan des lacunes intellectuelles d’une partie de la jeunesse.
    Mais on ne transforme pas soudainement les ânes en chevaux de course, même à l’armée.

    • Vous avez raison car entre les « débiles » abrutis par des années de cannabis, les asthmatiques (pour les mêmes raisons), les cas SOCIAUX, ceux qui vont comme par hasard profiter de leur double nationalité pour se défiler, vous allez envoyer qui ? Ceux qui bossent ?

  5. Chirac à fait une grosse erreur en suspendant le service militaire en 1995. C’est vrai je l’ai fait en 1970, la discipline avait changé à la fin, mais j’en garde un bon souvenir et cela ne ma pas gêné par la suite pour ma carrière professionnel, malgré une interruption de 12 mois.

    • ça n’a jamais gêné personne sauf ceux qui voulaient être gênés, ça leur permettait de pleurer pendant quarante ans sur ce qu’ils n’auraient jamais fait de toute façon ! Mais heureusement que le S.N. a été supprimé, les meilleurs y sont sont rien n’empêche les autres d’aller sous les drapeaux sauf une chose : ils n’en sont pas capables ! Donc qu’ils restent où ils sont !

  6. Il y a une autre voie bien plus efficace pour calmer tout ce beau monde, ce sont les expulsions massives de délinquants, famille comprise. N’en déplaise à nos amis algérien qui pourrait ainsi mieux protéger leurs (trop nombreux) ressortissants.

  7. Pour faire simple les policiers ne sont pas des copains, quant au service militaire ira-t-on chercher les récalcitrants chez eux dans les cités ? et comme d’habitude ce sont eux qui respectent la loi qui perdront du temps. Le service militaire pour l’avoir fait longtemps je peux dire que ça ne m’a pas apporter grand chose si ce n’est à me servir de petites combines par-ci par-là pour échapper à des contraintes, j’ai surtout beaucoup perdu de temps et ça a été très préjudiciable pour mes études et mon avenir

  8. A l’ époque de De Gaulle ,avait été créé quelques intervenants que l’ on nommait « barbouzes  » ,Ne discutons pas sur le caractère legal ou non , à cette époque ce n’ était pas une préoccupation , mais à l’ heure actuelle ne serait-ce pas une des meilleures solutions pour lutter contre une certaine forme de délinquance , en particulier la drogue ?

  9. La coûteuse loi de programmation militaire n’est pas faite pour défendre la France mais pour faire plaisir aux Américains.

  10. Envoyer des policiers « en proximité » de ces banlieues peuplées de barbares, ce serait aujourd’hui les exposer à tous les dangers.

  11. Entièrement d’accord la vielle lune du service national d’ailleurs et non militaire dans l’esprit de certains n’a qu un but, palier les déficiences de l’éducation nationale et des familles. Nous n’en avons plus les moyens financiers et humains.

  12. Avec des hôpitaux, une justice, une police, une éducation nationale, et le reste en déshérence, où la France trouverait-elle les moyens d’accueillir, loger, habiller, nourrir et occuper 300 000 jeunes par an ? Avec une armée réduite à moins de 200 000 hommes, ou trouverait- elle les encadrants ? Et pour leur apprendre quoi ? A l’époque du SM, beaucoup des appelés avait conscience qu’ils allaient apprendre à défendre la France. Aujourd’hui vu la quantité de ces « jeunes » qui détestent ce pays, leur donner des armes et leur apprendre à s’en servir seraient une hérésie…

    • Merci pour cette réponse.
      C’est exactement ce que je pensais en lisant cet article : « Aujourd’hui vu la quantité de ces « jeunes » qui détestent ce pays, leur donner des armes et leur apprendre à s’en servir seraient une hérésie… »

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois