[Point de vue] « Macron lèche le cul de la Chine » : Trump, tout en finesse

Trump

Décidément, Donald sera toujours Trump ; tel le tonton indigne des noces et banquets, qu’on a un peu honte de sortir en public, mais dont les bonnes blagues, à l’heure des digestifs, donnent aux agapes familiales un lustre inimitable.

Une fois de plus, le brushing fait homme s’est à nouveau distingué, à l’occasion d’un entretien accordé, ce mardi 11 avril, à la tout aussi élégante chaîne Fox News. À propos des récentes déclarations d’Emmanuel Macron assure-t-il ainsi : « Macron, qui est un ami, est, avec la Chine, en train de lui lécher le cul. » Heureusement qu’il s’agit d’un « ami » ; car s’il s’était agi d’un « ennemi », que n’aurait-il dit.

Quand on pense que cet homme a bénéficié, en nos contrées, d’une indéniable popularité dans nombre de cercles conservateurs, il y a de quoi se pincer… Il est vrai qu’en face, il y avait Hillary Clinton qui, évoquant les électeurs du magnat de l’immobilier, les tenait pour gens « déplorables ». On se rappelle encore Steve Bannon, l’imam caché de « l’alt-right » (la droite alternative américaine, pour ceux qui ne lisent pas Hulk dans le texte), tout auréolé du fait qu’il aurait lu Charles Maurras et Jean Raspail. Depuis, ce mirliflore réactionnaire est tombé pour malversations financières, encourant jusqu’à vingt ans de prison, avant d’être in extremis sauvé par une grâce présidentielle, signée par… Donald Trump, le 19 janvier 2021. Un jour, il y aura des livres à écrire sur l’étrange fascination d’une certaine droite pour son homologue d’outre-Atlantique. Passons. Car finalement, avec certes ses mots à lui, le prédécesseur de Joe Biden ne fait jamais rien d’autre que d’exprimer très fort ce que la Maison-Blanche pense de moins en moins bas.

Comment donc, la France aurait des velléités d’indépendance ? Les ingrats, alors que par deux fois, nos amis américains sont venus nous libérer, tel qu’assuré par Hollywood et Michel Sardou ! Les USA sont donc bien à plaindre, tel que confirmé par le même Donald Trump : « Vous avez ce monde de fous, qui explose de partout. Et les États-Unis n’ont absolument pas leur mot à dire. » Pauvres petites choses fragiles. Au fait, comment dit-on Calimero, dans la langue d’Elvis Presley ?

À propos de Maison-Blanche, notons que cette dernière tente, vaille que vaille, de dédramatiser le psychodrame, assurant entretenir une « relation bilatérale formidable avec la France ». Rien de plus vrai, surtout depuis que les USA ont tordu le bras de l’Australie, autre « formidable » allié, afin de l’empêcher de nous acheter douze sous-marins, en 2021… Pour les oublieux, prière de se reporter au remarquable essai d’Éric Branca, L’Ami américain (Fayard).

Côté français, de telles déclarations ne peuvent que susciter l’embarras. Tel le bon docteur Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, qui estime que, « heureusement, l’Europe a le droit d’avoir ses propres positions ». Ah bon ? Et ce, depuis quand ? Car pour être entendu, au moins faut-il être respecté. Les Chinois nous écoutent poliment – c’est dans leur culture – mais se foutent de nous comme de leur premier nid d’hirondelle. Quant aux Américains, ils ne font même plus semblant ; c’est aussi dans leur culture - ou leur manque de culture, objecteront les esprits malicieux.

En ce sens, la voix de Trump pèsera toujours plus que celle de Macron. C’est dire dans quelle abîme nous sommes descendus.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

53 commentaires

  1. C’est l’ensemble de la politique mondiale qui est sérieusement malade.
    Un Président français notoirement incompétent, un « oncle Sam » sénile avec un prédécesseur agité du bocal, un Poutine décérébré, un Zelensky qui nargue le monde avec son kaki militaire, un Kim Jung-un dont le cerveau est mal irrigué…etc…. Waouh …l’impuissance mondiale au grand complet.

  2. Je voudrais savoir ce que Trump dirait s’il remplaçait Chine par Ursula. Ce ne serait certainement pas triste mais c’est pourtant la vérité

  3. Il ne faut pas jouer les hypocrites Trump a toujours été cash il emploie les mots « crash » et il sait que l’on va parler de lui la preuve tout le monde reprend la phrase. Je l’adore ce type.

  4. La paille dans l’oeil, …
    Trump a été un des présidents les plus efficaces, et surtout avait commencé à cesser l’interventionnisme tout azimuts des USA. en particulier c’est grâce à lui que nous n’avons pas eu la guerre contre la Russie dès 2017.

    Quant à ce qu’il a dit sur Macron, c’est exactement cela, et ca fait du bien de l’entendre.

    • Tout-à-fait d’accord! Le langage « expressif » de Trump correspond davantage à la réalité de ce monde, où les nuancés à la « bouche en cul de poule » commencent à nous les « gonfler menu »…

  5. Le failli de Mar-a-lago ne fait qu’appliquer la réciproque de Cartése:  » je suis d’un lieu donc je pense local  » universellement pratiquée. Ce qui n’empêche nullement de trouver des pépites dans le champ voisin. Les Etats-unis ont un excellent premier article dans leur constitution dont on devrait avantageusement s’inspirer dans nos cis-atlantiques contrées laissant  » à la bonne franquette  » la justice trancher de questions qui n’en relèvent pas.

  6. Macron dit tout et son contraire, il parle de la France à l’étranger plutôt que d’écouter les Français, il parle au nom de l’Europe, mais à quel titre ? Il adapte toujours son discours à son auditoire ce qui lui ôte toute crédibilité finalement. Il y a encore 30 % des électeurs qui n’ont pas compris

  7. Il est vrai qu’avec Trump le parole est cash. Son grand tort pour certains est d’être grand , riche et blond . Mise à part cela , on sentait qu’avec lui la France ne risquait pas de se voir embarquée dans une aventure Ukrainienne dont on ne connaittrait ni les tenants ni les aboutissants . Il avait affirmé qu’il ne s’occuperait que de son pays et rien d’autre. Il n’exporterait pas ses difficulté à l’extérieur et l’Otan était pour lui plus une charge, qu’un outils pour faire pression sur la Russie . Si il n’est pas fin , il a au moins le mérite d’être clair dans ses propos . Cela lave l’esprit quand on a exactement l’inverse chez soi , c’est à dire un dirigeant qui fait du « en même temps  » son mode de fonctionnement . En fin de compte l’ambiguité la plus totale!

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