[Point de vue] L’école sert à arracher aux déterminismes. Accessoirement, à apprendre à lire ?

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Il est parfois intéressant d'écouter France Inter. Si si, je vous assure. Je ne parle pas de la bande de comiques pas drôles qui se gavent de vos impôts, je pense plutôt aux invités de la station de radio publique. Généralement, ce sont des parangons de vertu et leur discours a quelque chose à nous dire de ce que signifie vraiment la pensée dominante.

Prenez Iannis Roder, par exemple. Je ne le connaissais pas jusqu'à maintenant, mais je suis prêt à faire mon autocritique. Président de l'Observatoire de l'éducation de la fondation Jean-Jaurès, spécialiste de la Shoah, enseignant en REP, membre de la tristement célèbre commission Bronner sur « les Lumières à l'heure du numérique », chargée de lutter contre les « complotistes », il a tous ses quartiers de noblesse.

Interrogé le 8 septembre, il a tenu à expliquer quelle était la véritable mission de l'Éducation nationale. Écoutez bien : « L'école républicaine prend les élèves comme ils sont et va essayer de les dégager de tous les déterminismes : économiques, sociaux, culturels, religieux. » Vincent Peillon, il y a dix ans, lorsqu'il était ministre de l'Éducation nationale, disait « arracher » plutôt que « dégager », mais le sens n'est pas très éloigné.

En gros, le but de l'école est de retirer aux enfants ce qui les sépare, les distingue des autres. On voit ce que Iannis Roder entend dans un sens positif : éduquer les incultes, promouvoir les élèves brillants mais pauvres. C'est le côté économique et social. Mais j'avoue avoir du mal à saisir en quoi le fait d'ôter à un enfant sa singularité culturelle ou religieuse est une avancée.

Ou alors ce n'est pas d'une école qu'il s'agit. C'est d'un camp de rééducation, dans une version colorée et solidaire de ce que furent les camps d'Indochine et de ce que sont les camps pour les Ouïghours. S'agirait-il donc de reprogrammer les enfants, après avoir déprogrammé tout ce que leurs méchants parents leur ont mis dans la tête ? Culturellement, cela peut être la fierté de sa patrie, l'histoire de ses ancêtres, la connaissance de la littérature, le goût pour l'Histoire ; religieusement, j'imagine que c'est de l'éradication des superstitions qu'il s'agit, pour reprendre le langage révolutionnaire.

Dans cette perspective, on ne voit pas bien quelle place il reste pour ce que l'on appelle (que l'on appelait ?) les bases : lire, écrire, compter, développer son esprit critique. Cela apprend à ne pas se laisser embobiner, par exemple. Et cela permet de respecter la culture ou la foi des enfants.

À ce propos, comment M. Roder enseigne-t-il la Shoah, dont il est spécialiste, à ces classes de REP, majoritairement musulmanes ? Mystère. C'est peut-être cette difficulté qui le conduit à estimer que l'école serait une sorte de cours de catéchisme interminable, où on remplace les dogmes religieux ou les certitudes culturelles par d'autres dogmes et d'autres certitudes.

En tant que père de famille, ce que j'en retiens est simple : pour apprendre quelque chose à l'école, quelque chose de concret, quelque chose qui ait un rapport avec le savoir et pas avec le corpus républicain, ce n'est pas à l'école républicaine de M. Roder qu'il faut aller. Beaucoup de parents l'ont compris et ont choisi l'école à la maison : la République, finalement, fait tout pour l'interdire. Ce qui sépare la France d'un système d'endoctrinement totalitaire, c'est le classement PISA: des élèves stupides, incultes mais gavés de bien-pensance citoyenne. Nous voilà rassurés.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Quand ce qui était Ministère de l’Instruction est devenu Ministère de l’Éducation, l’École a perdu sa vocation. Elle est passée de l’objectif d’enseigner à celui de modeler les élèves, et la seule façon d’y arriver passait par un nivellement par le bas.

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