[Point de vue] Film Barbie : soixante-quatre ans de clichés sexistes ?
3 minutes de lecture
La poupée Barbie™ est devenue un mythe postmoderne. Un film sur elle vient de sortir, qui reprend les (relativement récents) codes de l'idole des petites filles du monde entier : du rose bonbon, des sourires bright et un côté à la fois naïf et vulgaire. Il n'en a pas toujours été ainsi, et le sujet n'est pas si anodin qu'il pourrait y paraître. Inventée en 1959 par des parents américains, les Handler, qui voulaient faire plaisir à leur fille, l'éternelle jeune femme de 29 centimètres a traversé les époques avec une certaine constance, mais aussi en s'adaptant à la manière dont les femmes étaient considérées au fil des décennies, pour le meilleur et pour le pire.
La Barbie™ des origines, dont le nom fictif est Barbara Roberts, est gaulée comme une pin-up (poitrine affolante, taille de guêpe et hanches faites pour l'ondulation) ; elle est maquillée comme Betty Draper et penche légèrement la tête de côté, dans un regard par en dessous d'une équivocité très fifties. Rapidement, cependant, elle regarde devant elle, notamment parce qu'elle conduit des voitures : c'est une femme émancipée, qui bosse et n'a pas d'enfants. Elle devient blonde et bronzée, adoptant le look californien qui ne la quittera plus. Elle exerce également toutes sortes de métiers, adopte des quantités d'animaux domestiques, porte tous les vêtements à la mode... et reste fidèle à Kenneth « Ken » Carson, une sorte de surfeur sans relief dont la fadeur est, par contraste avec sa compagne, révolutionnaire pour l'époque.
Icône de la pop culture et symbole de la domination américaine sur le monde, Barbie™ est décriée par l'Arabie saoudite, qui voit dans cette « poupée juive », habillée court depuis le milieu des années 60 (avec le triomphe des mini-jupes), un exemple parfait de la décadence occidentale. Femme conquérante qui, dans les années 1980, adopte définitivement le rose comme couleur fétiche, la poupée du monde libre, au lieu de permettre aux petites filles d'imaginer leur vie future, commence, d'après de savants psychiatres, à leur filer des complexes. Les années 1990 et 2000 sont celles des supermodels, mais aussi des anorexiques. Alors, au fil des années, on essaie de donner à son corps quelques imperfections. En 2016, une Barbie™ plus petite et une « curvy » (c'est-à-dire plus grosse, en français) sortent aux côtés du modèle traditionnel. Signe des temps, le modèle « avec des courbes » finira par devenir la norme en Amérique. En parallèle, Mattel™ continue à essayer des trucs : des Ken à chignon, des Barbie™ avec une prothèse de jambe ou en fauteuil roulant, des poupées « non genrées » au physique asexué... et même une Barbie™ transgenre, en 2022.
In fine, et malgré l'inanité de ce film, le phénomène Barbie™ n'est donc pas anodin. La poupée en plastique fait partie des « mythologies », au sens barthésien du terme. Elle en dit également beaucoup, évidemment, sur l'évolution de la condition des femmes. Soixante-quatre ans de clichés sexistes, comme le pensent certaines féministes ? Apparemment, c'est plutôt le contraire. Barbie™ montre en quoi le modèle féminin dominant, qui était, en 1959, une jeune femme pulpeuse, élégante et mutine, est devenu une working woman tape-à-l'œil, puis une grosse mal sapée. Du côté de l'égalité entre toutes et tous, c'est pareil : plus aucun effort, pas de séduction, le nouveau modèle de 2023, dont le Ken, lui, n'a pas pris un gramme, est à l'image de sa clientèle : exigeante envers les hommes mais surtout pas envers elle-même.
Attendons de voir ce que les années à venir produiront : « Les Guignols de l'Info » avaient prédit la fabrication d'une Barbie™ afghane « ispice di counnasse », avec son kit de lapidation. Nous verrons s'ils étaient prophètes.
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12 commentaires
C est exactement ça : L’élégance est devenue un défaut.
Plus précisément, le Vrai, le Beau et le Bien, bases de toute civilisation digne de ce nom, doivent être combattus car signes de l’ancien monde, donc incompatibles avec le Progrès.
Comme Disney, je boycotte barbie : que ces marques aillent vendre leurs quincaillerie woke aux Etats Unis, leurs poupées voilées dans les pays musulmans : il y en a plein qui les accueilleront les bras ouverts.
Barbie était amusante au début mais le film ne doit pas être interessant .
Le tout est de savoir si les créateurs de Barbie suivent la mode et font leurs modèles en fonction de la demande de la clientèle ou si c’est eux qui essayent d’imposer une sorte d’idéologie Woke comme le fait Dsiney par exemple.
Quel plaisir peuvent avoir les petites filles de jouer avec une poupée grosse et mal fagotée ?
Inutile de dire que je ne verrais pas ce film, ni en salle ni après.
C’est l’évolution de la société, regardez quand vous voyez ensemble si c’est possible, la grand mère, la mère et sa fille, lesquelles sont les plus distinguées, dans l’ordre. Comme on dit il n’y a pas photo!
Merci pour cet article. Voilà un film que je ne perdrai pas le temps d’aller voir. Aucune Barbie n’a jamais été invitée à la maison. Ma Kinésithérapeute disait que cette poupée aux jambes trop longue faussait la connaissance des enfants du schéma corporel, ce qui finalement est assez grave. La nouvelle Barbie moche est mal sapée est la nouvelle tendance : quelle manipulation de l’esprit de nos enfants !
Quand je vois les « barbies » qui se baladent, il n’y a aucune élégance, aucune classe ! C’est le règne de la laideur et de la vulgarité !
je ne sais pas » si çà faussait la connaissance des enfants du schéma corporel », mais en tout cas petite fille j’avais plaisir à jouer avec et à rêver . Je doute fort qu’une Barbie enrobée fasse rêver les petites filles, quand à celle qui sera habillée en » sac poubelle » … au pays de la » haute couture » j’ai des doutes !
Qu’est-ce qu’ils sont sexistes ces ukrainiens et ces russes. Ils ne respectent même pas la parité sur le front.
Les filles en rose, les garçons en bleu.
Les vaches seront bien gardées.
Oui .