[Point de vue] Abaya à l’école : une question posée au peuple plus qu’au juge

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Dans les pays totalitaires, on prive le peuple de droits pour le noyer sous une idéologie, dans les pays démocratiques, on noie le peuple sous le droit pour le priver d’idéaux : l'affaire des abayas peut se résumer en ces termes.

Évènement incroyable, le ministre Attal, vraisemblablement requinqué par ses excursions en mer, découvre que l’on peut être à la fois un homme politique et un homme courageux. Se démarquant de son prédécesseur, pleutre et inconséquent, il a décidé de frapper fort, avant même le retour paisible des vacanciers, en interdisant l’abaya à l’école. Une annonce faite sur TF1, avec autorité : « L’abaya ne pourra plus être portée à l’école ». C’était naturellement sans compter sur LFI qui voit rouge et s’insurge !

Les invectives sont lancées et avec elles le combat judiciaire. La circulaire du nouveau ministre de l’Education nationale sera combattue devant le Conseil d’État. On a vu, entendu et lu un déferlement d’avis juridiques sur le sujet. En football, il y a 67 millions de sélectionneurs de l’équipe de France : cette fois-ci, la France s'est dotée de 67 millions de juristes. Pourtant, le cas est assez simple au fond : si un professeur de droit public est interrogé par Libération, il vous dira que la circulaire est illégale. Dans le même temps, dans les colonnes du Figaro, un autre spécialiste affirmera que c’est tout à fait possible. Donc, les avis vont dans tous les sens. Or, comme le disait Rivarol : « Tout ce qui n’est pas clair n’est pas français ! ».

Le droit tout puissant est tout de même convoqué. Pour le dire tout de go, la question de l’abaya n’est pas d’ordre juridique. On pourrait rétorquer que la circulaire est un acte administratif qui peut être attaqué. Soit ! Mais que demandera-t-on au juge ? Celui qui prétend trouver la réponse dans un code, un traité international ou quelque autre texte, se méprend gravement.

Ce même juge n’aura à sa disposition que des grands principes, des règles générales et rien d’autre. Se positionner sur le port de l’abaya, à l’école ou ailleurs, c’est d’abord réfléchir sur des problématiques philosophiques, morales, sociétales et surtout civilisationnelles. Ou alors, si on veut teinter sa pensée d’un verni juridique, on doit en toute honnêteté poser la question suivante : le principe de laïcité au sein de la République française doit-il permettre la manifestation de signes extérieurs de la religion musulmane ?

On tourne en rond, au risque d'un vertige hypocrite. Au fond, la réponse appartient au peuple français, comme les jugements rendus en son nom.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 02/09/2023 à 12:57.
Me Alain Belot
Me Alain Belot
Avocat au barreau de Paris, chroniqueur à BV

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Un uniforme serait le bien venu . Simple : pantalon , jupe , short au-dessus du genou … couleur bleu foncé ~ Chemisier ,corsage , chemise , polo … blanc , bleu , gris ou marron … ~ pull quand il fait froid + parka . Quant aux chaussures ad libitum … (sauf talons hauts ) … Pas de marques ! Voilà qui ne grèverait pas le panier des familles !

  2. Les musulmans auront le dessus, ils piétineront cette laïcité qui n’a aucun fondement sérieux. Imaginez : toutes les élèves se présentent vêtues à leur convenance. Que peut faire l’école ? Le seul remède, l’uniforme. Et ce n’est pas une question de coût.

  3. Mieux que l’abaya : la burqa à toute femme en France et prison à celles qui ne la portent pas en sortant (avec autorisation du papa ou du mari)… on est en ripoublique islamique de françarabia, non ? Et on parie que con-seil con-stitutionnel applaudirait ? Sinon y a asussi une autre solution : interdiction d’école à toute fille et hop pas d’abaya à l’école du coup .Ouais sauf les trans gender encore…..

  4. Oui, c’est bien normal que la question soit posée au peuple et non aux Juges de décider de ce type vestimentaire qui est de toute évidence religieuse. Dans les ECOLES LAÏQUES qui est interdit aux Chrétiens de porter des bijoux religieux pourquoi dans une REPUBLIQUE LAÏQUE serait-il normal que des étrangers aient le droit de porter sur eux tout ce qui se rapporte à leur religion ?

  5. En d’autres temps, il était interdit de venir à l’école avec des pantalons patte d’éléphant. On obligeait les élèves à repartir chez eux se changer avant de pouvoir passer les portes de l’école. Alors pourquoi on ne pourrait pas aujourd’hui empêcher de rentrer à l’école (pris dans un sens général), une fille qui se présente avec un costume islamique ? c’est la même chose. Sinon, pourquoi ne pas permettre à un membre d’une tribu africaine de venir nu avec un bambou cache-sexe attaché par une ficelle autour des reins, car c’est sa religion et sa culture ? Donc oui, interdiction de venir habillé avec ces tenues exotiques.

    • Dans certains établissements scolaires dans les années 50, il était interdit aux filles de porter un pantalon. D’ailleurs détail rigolo c’est Nicolas Sarkozy qui a fait abroger la loi interdisant aux femmes de porter un pantalon sous peine d’amende. Cette loi était toujours en vigueur au moment de son élection. Il faudrait tout de même voir à supprimer tout un tas de lois désuètes. Pour en revenir aux tenues exigées à l’école, je suis allée au Collège Sophie Germain dans lequel il était exigé le port d’une blouse de couleur bise avec sur la poche poitrine gauche notre nom et le N° de notre classe brodé au fil rouge. Je n’y ai jamais vu de contrevenantes !

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