PMA : le sexe et l’effroi

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Dans Le Sexe et l’Effroi, Pascal Quignard explique que le plaisir charnel de la sexualité, source de joie chez les Grecs, s’est rempli, chez les Romains, de mystère et d’effroi, comme en témoignent les fresques de la villa de Pompéi avec les visages de personnages avant la mort, au regard oblique, plein de mélancolie : en un mot « fasciné ». En latin, le sexe érigé se dit fascinus : ce qui « fait se lever », par un acte de vie. Et de citer l’inscription d’une stèle en forme de sexe masculin : « Hic habitat felicitas » : ici habite le bonheur.

La fascination, c’est la pétrification du vivant devant une angoisse insoutenable : l’horreur de la mort. Que nous soyons « fascinés » par la sexualité, quoi de plus naturel : elle est source de vie et de mort reliées au sacré. Source d’angoisse, est-elle source de bonheur pour tous ? Le pouvoir de la technique auquel nous nous soumettons par notre discours même encadre « l’effroi ». Un projet de vie médicalisé remplace la rencontre de l’autre dans l’acte de la procréation. Le même côtoie le même, le jaillissement de la vie s’encombre d’un habillage technique citoyen. La virilité succombe sous la Terre-Mère : la reproduction se fait par l’échange de gamètes dans une certaine ligne écologique. On est dans l’imitation de la Nature par la technique, et par la politique qui lui est inféodée. Où sont le pouvoir créateur et la liberté de l’homme ?

Pourquoi ne pas partir, dans ces débats médiatiques, fabriqués de toutes pièces, du seul vrai « tiers » à venir qu’est l’enfant ? Personne à part entière, quoi qu’on fasse, même né dans une lessiveuse, il vient de deux personnes mâle et femelle. Car, au bout de la chaîne humaine, il y a toujours quelqu’un. Sauf qu’au départ de la vie, certaines techniques ne le relieraient plus directement à sa filiation ni à la société par un acte d’amour. Pourquoi ? Quant à deux mères, peut-être dira-t-il, en la corrigeant, la phrase de Poil de Carotte : « Tout le monde ne peut pas être orphelin pour de bon. »

Dans une émission de RTL, Léa Salamé a reproché à la philosophe Agacinski de ne prendre en compte que « le point de vue sur l’enfant ». À une émission récente de Pascal Praud, c’était la cacophonie. Partant de « l’amour » et de l’homophobie, on ne pouvait guère aller loin. Le commentateur fit semblant de ne pas comprendre. Caroline Mecary, elle, la langue toujours bienveillante, avait un propos clair.

À notre époque, le puritanisme a remplacé le sexe devenu source de dégoût. En attendant que cette nouvelle maladie orpheline soit prise en charge par la Sécurité sociale, la mort ira toujours de pair avec la vie. L’allonger ou la bricoler n’est pas modifier la condition humaine. Dans le christianisme, la mort est vaincue par l’amour personnel d’un Dieu qui renouvelle son acte créateur auquel Il avait eu la bienveillance d’associer l’homme. De ce mystère témoignent sans doute les visages de « la Villa des Mystères », avec leur regard « en angle mort ».

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Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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